Médias européens d’extrême-droite

Une propagande perverse : le cas de France Libre 24

Le Mensonge. Chapiteau à Sauveterre Foto: Tangopaso/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/PD

(Marc Chaudeur) – Les institutions européennes sont bien mal outillées pour lutter contre les médias d’extrême-droite qui polluent les réseaux sociaux. On sait y faire – avec une efficacité toute relative, certes – contre le Sputnik de Poutine et contre les ennemis extérieurs ; mais quand un junk media vient de Pologne, pays membre de l’UE, comment fait-on ?

France Libre 24 mène une stratégie de propagande redoutable. Il reprend, parfois carrément en copié-collé, des articles de l’AFP, de Libération, d’Ouest-France ou d’autres, en y changeant seulement quelques « détails ». Mais le Diable est dans le détail. Propagande, désinformation. Et le contenu se transforme en articles remplis de méchants Moldaves et d’affreux gauchistes sanguinaires comme Jean-Paul Sartre. Et en apothéoses du glorieux Vladimir Poutine et du génial Trump, et en défense des « climato-sceptiques ». Et aussi, on l’aura compris, en apologie du Rassemblement français et de Marion Maréchal Le Pen.

Il a fallu six mois pour seulement identifier qui était derrière ce média… Cette constatation pose le problème essentiel : c’est que l’Union Européenne, si elle parvient peu ou prou à lutter contre la propagande poutinienne notamment, ne dispose pas des moyens adéquats pour lutter contre la désinformation provenant de pays membres de l’UE.

On a su cette semaine seulement que le site FL 24 (20 000 abonnés en France) était financé par un groupe d’extrême-droite polonais, Konfederacja et l’un de ses dirigeants, l’ancien député européen à la tête moisie Janusz Korwin-Mikke, connu pour ses diatribes racistes et d’une insigne grossièreté sexiste ; par Krzysztof Szczawiński, affairiste proche de Konfederacja, adorateur éperdu de Marion Maréchal Le Pen (« la prochaine présidente de la France », 30 septembre 2019 sur sa page FB). Et aussi par Tomasz Sommer, ami de Korwin-Mikke, et Adam Gwiazda, qui frayait il y a peu avec des groupuscules néo-fascistes.

Un exemple de désinformation tragiquement grotesque, reproduit par le média Politico. Titre dans Libération du 27 décembre dernier : « Agression transphobe à Clermont-Ferrand : “ On vit avec la peur, la haine est partout “ ». Le  lendemain, dans FL 24, au-dessus d’un contenu à peine modifié : « Un trans tabassé : il ment parce qu’il est de gauche » !!

Et ce genre de médias-poubelles s’internationalise. Il n’y a pas plus internationaliste que les partis ultra-nationalistes. Les articles – xénophobes, antisémites et pro-poutinards – sont fréquemment partagés et traduits via FB et les autres réseaux sociaux dans tous les pays européens.

La lutte contre ces torchons en ligne ne sera pas facile : ce type de désinformation implique l’écheveau complexe des médias online, difficile à démêler. Et par quel moyen l’UE pourrait-elle entreprendre des campagnes nationales de désinformation ?

Vĕra Jourová, vice-présidente de la Commission chargée des valeurs et de la transparence à la CE, veut lutter contre les pseudo-médias et la désinformation de propagande en structurant un Plan d’action européen pour la démocratie. Ce Plan englobera apparemment l’aspect électoral de la désinformation et ses effets en matière de résultats électoraux. Il pourrait aboutir, à terme (à  terme assez long, sans doute…) à de nouvelles réglementations.

Pour l’usager commun des réseaux sociaux comme FB ou twitter, en tout cas, vigilance. On y trouve chaque jour des échos non réfléchis de fake news qui proviennent directement de ce genre de trash medias.

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