Merci Madame Merkel, merci Monsieur Hollande

Le président français et la chancelière allemande n’excellent pas dans les sondages. Et ils ont commis des erreurs. Mais ils ont aussi fait preuve de ce qui manque à bon nombre de leurs collègues : de dignité.

Si l'ambiance après les attentats en France et en Allemagne n'a pas viré à la chasse aux sorcières, c'est grâce à eux... Foto: Presidencia d la Republica Mexicana / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – En France, on a pris l’habitude de taper sur le malheureux président François Hollande, en Allemagne, nous assistons tous les jours à des manifestations où des surexcités brandissent des pancartes disant « Merkel raus ! ». Si la chancelière allemande et le président français ont commis de nombreuses erreurs pendant leurs mandats, ils ont aussi montré à leurs collègues comment se comporter dans des moments de crise. A des moments très sombres, ils ont su résister à la tentation de profiter de la situation à des fins politiques, assurant par ce biais la cohésion nationale, tout en évitant des réactions de panique qui n’auraient arrangé que les affaires des extrémistes. Ce qui fait, qu’on le veuille ou pas, les deux méritent l’appellation d’homme et de femme d’état.

Là, on ne parle ni de la politique sociale, économique, européenne, mais de deux chefs d’état qui ont du faire face à des épreuves d’une gravité telle qu’elles auraient pu mettre en péril la cohésion nationale, autant en France qu’en Allemagne.

Lors des attentats à Paris en Janvier et Novembre 2015 et à Nice le 14 Juillet 2016, ainsi qu’à Berlin en Décembre 2016, la quasi-totalité du monde politique s’est comporté de manière indigne en essayant d’attribuer la responsabilité de ces attentats commis par des terroristes malades, aux gouvernements en place. Les faucons sont sortis de leurs trous pour réclamer des mesures à la Erdogan, pour essayer de radicaliser les citoyens, pour prêcher la haine. Mais François Hollande comme Angela Merkel ont fait preuve de calme, de sérieux et – de dignité. Une dignité qui traduisait le respect pour les victimes, une dignité qui rassurait les peuples, une dignité qui n’était pas intéressée.

Il aurait été facile de se comporter comme un George W. Bush qui, lors du 11 Septembre 2001 était tellement bas dans les sondages que sa réélection était quasiment impossible. A l’époque, Bush avait surfé sur la vague « America under attack », avait injecté des milliards dans la NSA, avait lancé la « guerre contre le terrorisme » qui elle, ne faisait que stimuler autant la guerre que le terrorisme. Mais – cette attitude lui assurait un deuxième mandat à la présidence américaine – au prix d’avoir radicalisé sa population et d’avoir coupé de nombreuses libertés individuelles.

Angela Merkel et François Hollande n’ont pas cédé à la tentation d’assurer leur propre survie politique en profitant des attaques terroristes dans leurs pays respectifs. Les deux ont exercé leur mandat dans l’intérêt de leurs pays, dans une perspective d’éviter que l’ambiance en France et en Allemagne vire à la chasse à la sorcière. On ne les remerciera jamais assez pour cette attitude, pour cette grandeur, pour avoir fait leur possible pour sauver la cohésion nationale en France et en Allemagne.

Bien sûr, nous avons tellement pris l’habitude de critiquer ces deux chefs d’état, mais il convient aussi de regarder de près leurs qualités. Ce ne sont pas ceux qui criaient le plus fort après les différents attentats, qui accusaient à tort et à travers les gouvernements en place, qui promettaient de manière hypocrite qu’avec eux, cela ne se produirait pas – ils se sont inclinés devant les victimes, ils ont consolé les familles et leurs peuples et ils ont réussi à éviter des excès suite aux chocs collectifs.

Et pour cela, un grand merci, Madame Angela Merkel et Monsieur François Hollande.

1 Kommentar zu Merci Madame Merkel, merci Monsieur Hollande

  1. Ja, es stimmt ganz genau ! Oui, tout à fait d’accord avec EUROJOURNALIST(E). Laissons les chefs d’Etat que nous avons élus, en Allemagne comme en France, gouverner selon leur mandat, leur bateau non pas solitaire, mais solidaire : même et surtout s’il est lourd et agité !
    Il est si difficile de maintenir le cap de la démocratie et de la cohérence sous cette houle qui nous enroule dans les remous de la misère ou de la guerre, sous la tempête gonflée par l’injustice environnante comme par la tyrannie croissante !
    Il nous faut d’autant plus, en simples citoyens conscients de l’Eur-Ope et porteurs de sa Large-Vue venue d’Orient sur des millénaires, garder dans cet équipage, pour seconder cette aventure, le coeur et les mains ouverts.

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