Moi, étranger…

La nouvelle Loi Immigration comporte de nombreux éléments qui donnent à réfléchir. Et elle comporte aussi un message qui n'est pas celui qu'Olivier Véran tente de faire passer.

Ce ne sont plus des cauchemars d'étrangers - il sont à nouveau là... Foto: Uark Theatre / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – « Le fait que nous parlons de votre place dans notre société, chers étrangers », expliquait Olivier Véran au nom du gouvernement, « devrait vous montrer que vous en avez une ». Mouais. Mais quelle place et où se trouve-t-elle ? Malgré les belles paroles qui volent depuis ce vote scandaleux, on comprend bien qu’on n’est plus vraiment les bienvenus dans cette France. Le fait que le pays malmène également ses propres citoyens non-fortunés, n’a rien de rassurant. Et le fait que les responsables de cette loi qui porte la signature de l’extrême-droite, aient déterminé le Danemark comme la nouvelle référence en matière d’Humanisme et des Droits de l’Homme, est également surprenant. Pendant des siècles, c’était la France qui définissait les standards et le reste du monde suivait. Mais ça, visiblement, est fini.

Bien sûr, la plupart des nouvelles règles ne me concerneront pas, car je suis un « bon étranger », comprendre, je viens d’un état-membre de l’Union Européenne et théoriquement, je jouis des mêmes droits qu’un Français. Mais il n’importe peu que le Conseil Constitutionnel invalidera probablement les points qui, selon le Droit Européen, ne pourront pas s’appliquer à moi. Mais ce qui est encore plus grave que le texte en lui-même, c’est l’esprit de cette loi, le message que ce gouvernement envoie à ceux qui ne sont pas de souche française.

On s’attaque aux étudiants étrangers, les talents de demain qui avaient rêvé pouvoir faire leurs études dans le Pays des Lumières où jadis, les têtes du monde entier avaient envie d’apprendre et de faire des recherches. Est-ce que les étudiants étrangers, depuis quelques siècles, avaient vraiment posé un problème à la France ? Est-ce que les échanges avec des jeunes talents venus d’ailleurs n’était pas enrichissant pour les uns comme pour les autres ?

Et les soins ? La France veut faire en sorte à ce que ceux qui avaient prêté le Serment d’Hippocrate y renoncent ? A cause d’un statut social, à cause de la couleur de la peau, à cause du fait d’être né quelque part ? Merci à Aurélien Rousseau de défendre, par sa démission, ce qui reste encore de cette France que le monde a envié pendant des siècles !

Et maintenant, le gouvernement nous dit qu’on doit comparer la France au Danemark où les règles sont encore plus austère. Mais est-ce que le Danemark a jamais été une référence en matière des Droits de l’Homme, des avancées sociétales, de la culture, de la science, du vivre-ensemble ? Depuis quand est-ce que la France s’aligne aux pays qui ne sont pas une référence en ces matières ? Depuis quand la France a abandonné son statut de « leader » sur ces questions ? Est-ce que la France a besoin de se comparer à des pays comme le Danemark pour nous faire croire qu’on en est pas encore là ?

En tant qu’étranger de « première classe », je ne peux regarder cette évolution et ce qui est prévu pour les « étrangers deuxième classe » avec inquiétude. Car l’Histoire nous apprend que ce qui arrive aujourd’hui aux « étrangers deuxième classe », arrivera demain aux « étrangers première classe » et après-demain, aux membres les plus fragiles de la société française.

Olivier Véran a bien parlé pour justifier l’injustifiable. Et aujourd’hui, on comprend bien où se trouve notre place d’étranger. Elle se trouve, dans les phantasmes du Rassemblement National et de ce gouvernement, de l’autre côté de la frontière.

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