La Suisse se joint aux sanctions de l’UE

L’argent n’a pas d’odeur, disaient les Romains. Mais en Suisse, l’argent sent la guerre, la mort et la neutralité que la Suisse fait valoir, ne sert qu’à s’enrichir sur les malheurs du monde.

A la Banque Nationale Suisse, on gèle les avoirs des banques et individus russes - comme ailleurs en Europe... Foto: WillYs Fotowerkstatt / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

(KL) – Ce n’était pas une décision facile pour le Conseil Fédéral Suisse (Bundesrat). Selon le Président fédéral Ignazio Cassis, la Suisse va se joindre aux sanctions européennes, dont l’isolement du système financier russe. A un moment où des banques et ressortissants russes disposent d’avoirs d’environ 14,5 milliards d’euros en Suisse, argent qui rapporte beaucoup aux banques, cette décision constitue un point d’exclamation. Car jusqu’ici, la position officielle de la Suisse allait de « nous n’allons pas infliger des sanctions à la Russie » jusqu’à « on réfléchit à des sanctions, mais il faut que ces sanctions tiennent compte de notre neutralité ». Mais dans la situation actuelle, cette interprétation du terme « neutralité » aurait signifié un soutien de la Russie qui elle, sème la guerre en Europe et qui menace le monde entier.

Bien sûr, on comprend aisément l’importance du secteur bancaire et de la neutralité pour la Suisse, mais nous vivons un moment où certains principes n’ont plus cours. Il en est de même pour l’Allemagne qui a du transgresser un sacro-saint principe de ne pas livrer des armes dans des zones de guerre – elle a fini par le faire, la situation nécessitant d’autres réactions que des déclarations d’indignation. La Suisse, elle, s’est également décidée. Il fallait soit, se ranger du côté de Vladimir Poutine et de ses amis oligarques, soit, rejoindre les efforts internationaux d’isoler la Russie économiquement et politiquement. Le « grand écart » qu’avait initialement prévu Ignazio Cassis, n’était plus possible. Dans une guerre comme celle en Ukraine, on se trouve soit du côté de l’agresseur, soit du côté de l’agressé.

Mais la Suisse s’est également rendue compte de l’élan international pour isoler la Russie de Vladimir Poutine. Il n’était plus possible que la Suisse soit le « guichet automatique » pour la nomenclature russe – les Helvètes ont décidé hier d’adhérer aux mêmes valeurs que le reste de l’Europe. Pensant déjà à l’après-guerre, la Suisse a, sans doute, pris la bonne décision…

Actuellement, de nombreux pays doivent adopter des comportements qui ne leur ressemblent pas. Des pays comme la Slovaquie, toujours hostile à l’accueil de refugiés, ouvre grand ses portes pour accueillir des réfugiés ukrainiens, l’Allemagne livre des armes et la Suisse utilise l’arme financière. La situation, qui ne ressemble à rien que l’Europe n’a connu depuis 1945, nécessite des réponses fortes et ces réponses fortes exercent une pression grandissante sur la Russie. « Les sanctions ne feront pas fléchir Poutine », a-t-on entendu ces derniers jours. Mais en l’espace de quelques jours seulement, ces sanctions atteignent déjà lourdement l’économie russe et même la vie quotidienne des Russes. Les protestations y sont de plus en plus audibles, des hackers (russes ? ukrainiens ? occidentaux ?) s’attaquent maintenant aux sites des médias officiels en Russie et invitent à une désobéissance civile.

La Suisse a pris la bonne décision et évite ainsi, de se déconnecter du reste de l’Europe. Aujourd’hui, l’Europe agit de manière concertée, unie et poursuit un objectif commun : empêcher que cette guerre en Ukraine se développe en IIIe Guerre Mondiale. Les prochains jours montreront déjà si cette démarche puisse être couronnée de succès.

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