Peu avant la Fête des Mères, les Allemands aiment leur «Mutti»

Malgré la gronde dans la population allemande, la chancelière obtient un taux d’approbation dont d’autres chefs de gouvernements ne peuvent que rêver...

Ah, c'est qu'ils aiment leur "Mutti", les Allemands. Angela Merkel doit rassurer le peuple en ces temps de crises. Foto: © Martina Nolte / CC-BY-SA 3.0 / Wikimedia Commons

(KL) – Les Allemands ne sont pas vraiment contents. Froid social, une transition énergétique qui traîne, les exceptions du salaire minimum et la réforme des retraites, l’attitude du gouvernement dans l’affaire NSA/Snowden – la Grande Coalition (GroKo) semble plonger l’Allemagne dans une sorte inertie politique. Mais cela n’empêche pas les Allemands à se ranger sagement derrière une dirigeante politique dont les mérites sont difficiles à énumérer. Tellement il faut les chercher. Masochisme collectif ou manque d’intérêt dans les affaires politiques ?

Le vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD) doit se poser des questions. Celui qui assure actuellement le plus gros du travail de la «GroKo» à Berlin, n’obtient qu’un taux d’approbation de 14%. Difficile d’appeller cela un «taux d’approbation», en principe, il s’agit d’un «taux de désaveu». Si les Allemands avaient à voter ce week-end, Angela Merkel, elle, obtiendrait 56% (!) des votes, à titre personnel. Sa stratégie chinoise du «Wu Wei» («ne rien faire») porte ses fruits. S’il est difficile d’énumérer les mérites de la chancelière, il est aussi difficile de citer ses graves erreurs. Ni l’un, ni l’autre. Et les Allemands, imperturbables, continuent à l’aimer. Va savoir pourquoi.

Pire encore – Angela Merkel marque même des points chez l’adversaire politique. Ainsi, elle récolterait même 39% des votes chez les militants du SPD. Contre seulement 33% pour Gabriel, tandis que 28% des militants du SPD ne votraient ni pour Gabriel, ni pour Merkel. Aie.

Autre chiffre inquiètant dans les sondages récents – une grande majorité des Allemands estime qu’aucun des partis dits «traditionnels» ne soit en mesure de gérer le pays. Seulement 33% pensent que la CDU en soit capable (mais d’où viennent donc les 56% pour Angela Merkel ?!) et 12% pensent que le SPD dispose des qualités nécessaires pour gouverner l’Allemagne. Comprendre : 88% des Allemands ne font plus confiance au SPD (ce qui cadre déjà mieux avec les 14% pour Gabriel).

Si les Allemands avaient à voter ce week-end, la CDU/CSU obtiendrait 41%, le SPD reste à 23%, Die Linke et les Verts obtiendraient 10% chacun et l’AfD, le parti des eurosceptiques, arriverait à 6% et pourrait donc s’installer au Bundestag. On a oublié quelqu’un ? Ah oui, les libéraux du FDP n’arrivent plus à décoller. Donné à 4%, le FDP doit se rendre à l’évidence – soit, il se réinvente rapidement, soit il disparaîtra définitivement du paysage politique allemand.

Mais revenons à «Mutti». Le score personnel de la chancelière ne peut s’expliquer que sur un niveau psychologique. Angela Merkel doit avoir le don de rassurer les gens. Comme une maman. Son parti, la CDU, les gens n’en pensent pas grande chose. Mais elle, à titre personnel, semble porter le destin de l’Allemagne. Le fait qu’elle se distingue soit par l’inertie, soit par des décisions impopulaires, ne dérange visiblement pas. Au contraire – pour les Allemands, cela la rend humaine.

L’Allemagne n’est pas en «mode changement». Les Allemands semblent accepter que le gouvernement n’intervienne pas sur les grands problèmes de notre époque. Mais contrairement à la France où les électeurs ont l’habitude de punir sévèrement les politiques dont on estime qu’ils ne travaillent pas bien pour la France, les Allemands, faisant le même constat, adorent «Mutti» encore davantage. Une énigme. Un enigme qui se nomme Angela Merkel. Qui semble être élue à vie…

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