Pologne : enfermons les !

Des élections confuses

Hop ! En prison ! Foto: Maître du sacre/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/PD

(Marc Chaudeur) – Elections présidentielles confuses en Pologne… L’organisation d’un scrutin par correspondance, en pleine période de pandémie, pose des problèmes très épineux. Et la menace d’installer l’état d’urgence si le Sénat et l’opposition empêchent ces élections se retourne contre le PiS, le parti populiste au pouvoir. Interner les contestataires ? Et si on enfermait plutôt Kaczyński et les autres dirigeants du parti, qui ne cesse d’enfreindre la loi et de la tordre en son sens depuis 5 ans ?

L’agenda de ces élections est stupéfiant, puisqu’ elles ne sont pas encore entérinées par le Sénat, où l’opposition est majoritaire au contraire du Parlement (Sejm) qui est contrôlé par le PiS. Et cela, deux semaines à peine avant leur tenue programmée ! Demain mardi doit se tenir un Comité législatif sénatorial. Le Projet n’est pas encore voté, puisque précisément l’opposition est majoritaire au Sénat. Et il faut légalement attendre l’avis de la Cour administrative suprême et de la Commission électorale nationale. Malgré cela, Mateusz Morawiecki, le président du Conseil des ministres, a pris contact avec la Poste et a déjà organisé, sur le papier, les modalités du vote par correspondance qui doit avoir lieu.

Pourtant, rien n’est fixé. En quelques semaines (du 31 mars au 27 avril), le gouvernement PiS est passé d’un vote où seules les personnes de plus de 60 ans, handicapées et/ou en quarantaine voteraient par correspondance à une élection où tous, à savoir 30 millions de personnes environ, voteraient en cochant un petit papier qu’ils enverraient par la Poste ! Bien des modalités ne sont ni conformes à la loi, ni rassurantes sur le plan de l’hygiène. Mais le PiS veut à tout prix ces élections. A tout prix, c’est bien l’expression exacte : au prix de la santé publique et de la démocratie. En somme, on pourrait se croire en France, en un peu pire.

A la fin de la semaine dernière, le PiS est allé jusqu’ à annoncer qu’il n’hésiterait pas à décréter l’état d’urgence si la loi n’était pas votée, si le Sénat faisait obstruction à cette décision aberrante ! Et le PiS est tout à fait capable de prendre une telle mesure, en appliquant une loi qu’il a lui même modifiée en 2017 et qui prévoit que l’état d’urgence pour être décidé « dans une situation de menace particulière pour le système constitutionnel de l’État, la sécurité des citoyens ou l’ordre public ». Selon cette loi remaniée, l’état d’urgence rend possible jusqu’ à l’internement d’un sujet ayant entraîné une telle situation…

Le professeur Wojciech Czuchnowsi, dans une brillante analyse exposée sur une page de la Gazeta Wyborcza dimanche dernier, montre très clairement qui, en réalité, serait susceptible d’encourir une telle sanction. Cet homme, ce serait Jarosław Kaczyński lui -même et son entourage, c’est-à-dire les dirigeant du PiS ! Une proposition parfaitement pertinente, si on considère l’histoire des méfaits de son parti à l’égard de la démocratie et de l’état de droit.

Enumérons les agissements de Kaczynski et du PiS, à peu près comme le fait Pan Czuchnowski : le PiS a pris le contrôle du Conseil constitutionnel ; il a plus qu’à moitié détruit les corps qui composent la fonction publique ; il a fait prêter serment à des juges dont le choix ne reposait pas sur une base réellement légale ; il a interrompu le mandat des membres du Conseil de la Magistrature. Il a attaqué la Cour suprême (ce qui a fait l’objet de nombreuses manifestations, durant plus d’un an). Enfin, le PiS retiré à la Commission électorale nationale le droit d’organiser des élections.

Voilà qui correspond parfaitement au type d’incrimination qui peut entraîner l’internement d’un délinquant civique. Pan Jaroslaw Kaczyński, votre compte est bon ! Au gnouf illico !

A consulter : http://www.wyborcza.pl/

 

 

 

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