Pologne : la religion du Charbon

Saint CO2, priez pour nous

A Lodz : bientôt de vrais printemps ? Foto: Ixtlilto/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/ PD

(Marc Chaudeur) – Changer la politique énergétique en Pologne ? Oubliez cela, tant que le parti populiste PiS restera au pouvoir. Le charbon fait partie de sa vision du monde. Pollution ? Absence d’un avenir respirable ? Le PiS, en réalité, maintient ses électeurs dans la peur d’un avenir qui en réalité, est à construire.

Aller manifester en Pologne au lieu de manquer l’école tous les vendredis, et l’aider à faire bouger ceux qui ne veulent pas bouger : c’est l’élégant houspillage qu’Emmanuel Macron a lancé aux Fridays for Future lors de la dernière rencontre de l’ONU à New York. Conséquence : un petit incident diplomatique. Mais le problème énergético-politique polonais est grave, en effet. Le pouvoir PiS ne changera pas : il est plus facile de rassurer la population en le figent dans l’immobilisme que d’assurer l’avenir écologique de la Pologne et de contribuer effectivement à la santé publique.

L’enjeu, comme on sait, c’est d’assurer une Europe propre, nette de charbon d’ici 2050. Or, la Pologne reste effectivement le principal obstacle à cette démarche.

Mais jeudi dernier, nous avons appris que l’ONG ClientEarth avait intenté un procès à la PGE (Polska Grupa Energetyczna), qui exploite de gigantesques mines. La procédure sera mise en oeuvre à Łódź. ClientEarth demande que cessent, d’ici 2035, les émissions de gaz carbonique de la mine la plus importante de Pologne, celle de Bełchatów. Située non loin de Łódź, au centre du pays, la mine de Bełchatów a dégagé environ 1 milliard de tonnes de CO2 depuis sa naissance – il est vrai qu’elle est installée là depuis 1975. Mais les temps ont changé, estiment ClientEarth et son dirigeant en Europe Centrale, Marcin Stoczkiewicz. Le lignite, qu’on connaît bien aussi dans le Sud Est de l’Allemagne, est le roi des pollueurs parmi tous les charbons, et les mines ont une incidence évidente sur le niveau des nappes phréatiques et la teneur de l’eau et des sols en métaux toxiques.

L’ONG a déjà remporté un succès significatif voici 3 mois, quand elle a réussi à faire empêcher l’ouverture d’une nouvelle mine au Nord du pays, non loin de la Baltique. De nombreux Polonais de Poméranie et de toutes les régions du pays avaient d’ailleurs soutenu cette action : preuve que la sensibilité des citoyens et des habitants aux nuisances dangereuses de l’environnement ne cesse d’augmenter, à l’inverse de l’immobilisme léthargique que propagent et que préconisent les conservateurs du PiS. Preuve que la société civile polonaise ne se réduit nullement à une résignation écologique et sociale frileuse ! Un autre petit signe : cette piste cyclable éclairée la nuit à l’énergie solaire, mise en place à Lidzbark Warmiński, dans le Nord du pays… On ne connaît cela nulle part ailleurs, excepté aux Pays-Bas. Pas dans la France d’Emmanuel Macron, en tout cas.

Le charbon doit être remplacé. Mais le gouvernement n’a aucun plan. Au contraire : le Président, Andrzej Duda, a déclaré en décembre à Katowice, dans la principale région minière, que du charbon, il y en a encore pour 2 siècles, et qu’on aurait tort de s’en priver ! Quant au Premier ministre, Mateusz Morawiecki, il vient d’inaugurer vendredi dernier une nouvelle mine de charbon appartenant à une entreprise d’Etat, près de la frontière tchèque… La première mine ouverte depuis 1994. Et lors de ce même Black Friday, le PiS a annoncé qu’il introduirait une loi qui permettrait au gouvernement d’ouvrir des mines de charbon sans l’assentiment des autorités régionales…

Cet entêtement du gouvernement repose sur la préoccupation de l’emploi, et de l’indépendance énergétique du pays : car en effet, la Pologne tire presque 80 % de son énergie du charbon, et d’autre part, elle importe une part croissante de ce charbon de l’étranger, et notamment, hum,… de la Russie…

Que faire ? Il faut combattre les faux déterminismes : ceux du populisme et celui des énergies fossiles. Pour cela, il faut préconiser un début de solution dont la Commission européenne finira bien par être convaincue entièrement : il faut que l’Union européenne finance largement les associations, ONG et autres, qui font se mouvoir la société civile dans le bon sens. Celui de la reconversion énergétique et de la santé publique. Ces associations, comme dans tout le centre et l’Est de l’Europe, sont de plus en plus nombreuses. Voilà un facteur d’optimisme !

 

 

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