Pologne : un vrai cas d’école !

Faut-il brûler le pseudo bulletin électoral ?

Faut-il brûler le prospectus publicitaire du PiS ? Foto: OsadchaIa Ekaterina/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – La date fatidique approche ! Le parti national-populiste PiS veut absolument voir réélu son président de la République, Andrzej Duda, dans 10 jours. Il a organisé pour cela des élections très contestées, le 10 Mai. Contestées pour raisons de COVID-19. Mais le PiS est pressé : il brûle donc les étapes au point de procéder en toute illégalité. Et les bulletins électoraux présumés que les citoyens polonais sont censé remettre… ne sont pas des bulletins électoraux. Faut-il alors protester en brûlant ce qui n’est au fond que prospectus publicitaire pour le PiS ?

Nous en avons traité dans un article précédent : les élections présidentielles que le PiS tient absolument à organiser le 10 Mai ne sont ni équitables, ni transparentes, et elles ne garantissent nullement le secret du scrutin. Et elles nuisent bien évidemment à la santé publique, puisqu’ elles risquent de propager le COVID-19.

Que faire de cette « trousse électorale » distribuée par le facteur ? De façon presque surréaliste, les embrouillaminis parlementaires sont tels que les dispositions légales ne seront ni votées, ni signées avant le 10 Mai par le Sejm (le Parlement) ni par le président de la République : impossible dans les quelques jours qui restent avant la date fatidique ! Et par ailleurs non souhaitable, puisque dangereux en temps de pandémie…

Ce prétendu « bulletin électoral » que les citoyens polonais trouveront dans leur boîte à lettres ne sera donc qu’un prospectus publicitaire. Susceptible de finir comme ils finissent tous, en France, en Pologne et ailleurs : à la poubelle. Mieux : pour protester contre cette manière bien populiste de prendre les citoyens pour des poupées de cire, poupées de son, brûlons les publiquement, proposent de très nombreuses personnes !

Les brûler ? Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas nécessairement la bonne solution, font remarquer nombre de personnalités politiques de l’opposition. Dans la Gazeta Wyborcza, par exemple, quelques journalistes proposent plutôt d’envoyer une Lettre au ministre chargé des Elections, Jacek Sasin. Cette Lettre exposerait les griefs essentiels aux manquements légaux du gouvernement national-populiste. Essentiellement : selon le paragraphe 6 de l’Article 53 de la Constitution polonaise, la carte électorale doit être confirmée par le destinataire après avoir été dûment identifiée – et signée par lui. Or, ce ne peut être le cas, puisque chacun trouvera cette carte dans sa boîte à lettres, sans contact (souhaité) avec le facteur. Et de plus, la « trousse électorale » a été remise illégalement au moment de la livraison : les dispositions légales liées au vote par correspondance ne seront pas appliquées, puisqu’elles ne seront pas encore fixées. Et enfin, l’ « organisation » de ces élections présidentielles contrevient à l’Article 102 de la loi votée le 16 avril 2020 sur la propagation du COVID-19.

Brûler les pseudo-bulletins de vote ? Plutôt non, parce que cela risquerait d’empêcher la possibilité d’une action en justice contre le PiS… après les élections.

Ambiance très particulière en Pologne donc, avant (et après) ces élections. Que fera Andrzej Dudaj, le candidat PIS, président sortant ? Sera-t-il reconduit, et acceptera-t-il de reprendre ses fonctions dans ces conditions, après un possible suffrage aussi aberrant, et après avoir enfreint plusieurs lois ?

Suite au prochain épisode de ce feuilleton haletant.

 

 

 

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