Portugal : victoire des socialistes !

On peut, mais il ne suffit pas de vouloir…

Antonio Costa, le Premier ministre socialiste du Portugal, vainqueur des législatives Foto: Manuelvbotelho/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/ 3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Large victoire du parti socialiste aux législatives portugaises, ce dimanche. Pourquoi ? Parce que Antonio Costa, le Premier ministre issu du PS socialiste, a réussi son pari de sortir le Portugal de la crise et de l’austérité à partir de 2013, en refusant la perpétuation d’une politique schaublérienne. Comme quoi c’est possible. Où l’on voit que même en considérant que le Portugal a bénéficié de conjonctions favorables, les diktats du libéralisme n’ont nullement force de loi naturelle…

Selon les estimations hier soir à 23 heures, Antonio Costa, Premier ministre socialiste, a largement remporté les législatives avec 37 % de voix, contre 27% pour le grand adversaire, le Parti Social-Démocrate (qui usurpe fâcheusement cette appellation…) que mène Rui Rio. On peut donc dire dès maintenant que le PS portugais remportera au moins 104 sièges au Parlement, contre à peu près 77 sièges pour le PSD rival. Par rapport aux précédentes législatives, celles de 2015, le parti de centre-droit perdrait ainsi une vingtaine de sièges, tandis que le parti de gauche en gagnerait 26.

La raison de ce succès, c’est bien évidemment l’éclatant succès de Costa, qui a choisi de ramer à contre-courant et d’appliquer une politique de relance. Il s’inscrivait ainsi en faux contre l’acceptation par le gouvernement de centre droit, en 2013, des pseudo impératifs économiques qu’avait réussi à imposer la Perestroika, c’est-à-dire ces Pieds Nickelés de l’économie européenne que sont la FMI, la Commission Européenne et la Banque Centrale Européenne réunies : austérité et remboursement de la dette certes très importante concédée par l’UE. S’en était suivi, après 2013, un exode massif des jeunes Portugais, notamment en Grande-Bretagne. Et une protestation sociale massive, qui a amené le Gauche au pouvoir en 2015.

Aujourd’hui, le pays est passé d’un taux de chômage de 17% (en 2013) à 6% au mois d’août dernier ; et la population a bénéficié d’une hausse de salaire minimum et des pensions de retraite. La sortie (relative) de la crise mondiale a de surcroît aidé à atteindre ces excellents résultats économiques, une réduction impressionnante du déficit public (ce qui n’est certes pas… monnaie courante dans un gouvernement de gauche…) et un retour de la croissance.

A noter aussi des conséquences électorales au fond importantes de cette réjouissante situation : l’insignifiance des scores de l’extrême droite, et les 3% de Parti animalier. Les Portugais, en bonne santé mentale, ne votent pas pour un quelconque parti fascisant comme beaucoup de leurs voisins européens, et s’occupent de choses importantes comme, par exemple, la protection de nos Frères animaux…

Il faudra cependant que le gouvernement socialiste demeure attentif à quelques points un peu inquiétants. La faiblesse de l’exportation, notamment. Et la hausse des prix, par exemple dans l’immobilier : les prix montent considérablement à Lisbonne en voie (certes assez lente encore pour le moment) de gentryfication. Et la fragilité du secteur le plus performant : à savoir le tourisme, qui repose et se repose sur des emplois peu qualifiés – et qui est tributaire des fluctuations des modes et des goûts.

L’exemple portugais nous montre clairement en tout cas qu’il est possible de mettre en place, en Europe, une politique favorable aux gens, favorable au bien-vivre et qui ose s’opposer sur certains points au sempiternel catéchisme libéral.

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