Pourquoi est-il important d’enseigner l’Histoire ?

Alain Lamassoure, Bridget Martin, le modérateur Kai Littmann et Professeur Emmanuel Droit. Foto: Elise Arfeuille / Eurojournalist(e)

(Elise Arfeuille) – Une conférence organisée par « l’Observatoire de l’enseignement de l’Histoire en Europe » lancé par le Conseil de l’Europe, pose cette question. Le débat relève presque de la philosophie et pourrait faire l’objet d’une thèse, tant il est vaste.

A l’occasion des « Mercredis de l’Europe », organisés par le conseil de l’Europe, l’Observatoire de l’Enseignement de l’Histoire en Europe a proposé de poser cette question toute simple : pourquoi enseigner l’histoire ? Pour en parler, trois invités de marque ont participé à la discussion : Bridget Martin, enseignante-scientifique à l’Ecole Internationale de Paris, Emmanuel Droit, Professeur d’histoire à Strasbourg et Alain Lamassoure, ancien ministre, eurodéputé et Président de ce nouvel observatoire.

Les réponses furent variées, mais elles validaient toute une affirmation : il est important d’enseigner l’histoire, aujourd’hui plus que jamais, en Europe.

C’est pourquoi l’Observatoire a été créé, en novembre 2020. Pour Bridget Martin, il s’agissait de comprendre la réalité de l’enseignement de l’histoire, car les approches de cet enseignement sont très différentes, d’un pays à l’autre. Il est en effet avéré que chaque pays n’a pas le même objet d’étude historique, mais pas non plus la même pédagogie afin de l’enseigner, faisant varier les programmes d’histoire d’un pays à l’autre, également. Mais Bridget Martin précise que le but de l’Observatoire n’est pas d’émettre le moindre jugement sur une pratique particulière de l’enseignement de l’histoire, de pointer du doigt un pays sur sa façon de faire, au contraire. C’est en ce sens qu’Alain Lamassoure explique que la création de l’observatoire a pour vocation première, une raison d’une « modestie extraordinaire » : se poser la question de savoir comment on enseignait l’histoire, de quelle façon cela était fait à travers l’Europe. Mais surtout quelle importance attribue-t-on aujourd’hui à l’histoire dans les programmes scolaires en Europe ?

Aujourd’hui, les adhérents de l’Observatoire sont au nombre de 17, dont la Turquie, la Serbie, l’Espagne, la Géorgie, ou encore la Fédération de Russie, pour ne donner que quelques exemples. Mais Alain Lamassoure assure que de nouveaux adhérents vont bientôt les rejoindre, sans doute retardés par le contexte de la pandémie, comme l’Allemagne ou l’Italie.

C’est donc « partager de bonnes pratiques et des expériences entre les États membres du Conseil de l’Europe de l’accord élargi et de renforcer la coopération dans le domaine de l’enseignement de l’histoire au niveau européen », indique le site, sur la page d’accueil de l’Observatoire. C’est « avoir une histoire commune de l’Europe, harmoniser, pour conforter cette réconciliation entre pays », ajoute Alain Lamassoure. Mais le professeur d’histoire Emmanuel Droit corrige légèrement cette idée, expliquant que « l’enseignement de l’histoire ne peut pas avoir cette prétention », car unifier une Europe, aussi complexe en termes d’enseignement de l’histoire, est une tâche bien trop conséquente. Car, selon lui, l’histoire ne peut pas faire consensus dans son enseignement, mais elle peut servir de fondation afin d’avoir une lecture commune et européenne de l’histoire.

Dans un tel contexte, avec des relectures erronées et radicales de l’histoire, le sujet mérite en effet d’être abordé. Emmanuel Droit souligne ainsi qu’il faudrait peut-être se questionner sur la façon dont les professeurs enseignent l’histoire, mais également de quelle façon les élèves, les étudiants, la reçoivent. Les médias auraient leur rôle à jouer sur sa médiation. Et c’est pourquoi, il y aurait peut-être d’après lui, une forme de présomption de cet enseignement, qui, aujourd’hui, ne serait pas la bonne façon d’intéresser les jeunes.

Bridget Martin insiste sur l’importance de cet enseignement auprès des enfants, même si c’est une forme d’idéal un peu commune, elle souhaite que cela soit un apprentissage de l’histoire de l’humanité. « Mais en s’appuyant sur des faits, des sources, une documentation pointue », ajoute-t-elle. « Malgré tout », concède la chercheuse, « on ne pourra jamais enseigner l’histoire de manière objective, cela est impossible ». Et c’est pour cette raison que faire une lecture de l’histoire commune, est une tâche aussi vaste. Cela nécessite une pluralité d’acteurs pour être abordé. Les actions que l’Observatoire va mener sont très importantes et des écoles, des universités, mais également des associations se sont engagés auprès de l’observatoire, afin de mener un travail de fond, sur ces questions historiques.

Aussi convient-t-il de continuer à s’instruire, de garder un œil critique sur les lectures de l’Histoire, et d’en discuter avec les partenaires européens, même d’ailleurs. Car l’Europe sert également à cela, partager des histoires, des cultures, afin de s’enrichir, mutuellement.

Pour obtenir de plus amples informations sur l’Observatoire de l’Enseignement de l’Histoire en Europe, il suffit de cliquer sur CE LIEN !

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