Poutine s’est crée un ennemi qu’il ne peut plus combattre

Les réactions du Kremlin lors de l'enterrement d'Alexeï Navalny n'ont fait que contribuer à promouvoir son opposant au niveau d'un héro national. Poutine payera cher cette erreur.

L'ombre d'Alexeï Navalny suivra Poutine partout et à tout jamais... Foto: Guallendra / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Ils sont courageux, les Russes qui s’opposent à Vladimir Poutine. Ceux qui, depuis la mise à mort de l’opposant Alexeï Navalny dans une colonie pénitentiaire proche du Cercle polaire, manifestent en Russie ou qui ont assisté hier à l’enterrement ou au nombreuses manifestations à la mémoire de l’opposant, risquent gros. Les douzaines d’arrestations opérées hier par les forces de l’ordre du Kremlin, n’y changeront rien – Alexeï Navalny sera pour toujours un héro national, la figure d’intégration de tous les Russes qui ne soutiennent pas le régime de Poutine. Mort, Navalny peut nuire à ce régime encore beaucoup plus que vivant.

Des citoyens russes osent se rendre aux lieux de commémoration de Navalny, dans de nombreuses villes russes, bravant les interdictions et la répression brutale par la police, ils se tiennent debout sur les places en brandissant des pancartes « Stop Putin » – un acte héroïque dans un pays qui poursuit sans merci tous ceux qui n’applaudissent pas le Tsar qui se cache derrière les murs du Kremlin.

Mais les Russes opposés à ce régime et aussi à la guerre, ont maintenant un martyr, un héro qui a donné sa vie pour que les Russes aient le courage de s’opposer à leur leader fou et d’innombrables légendes vont se créer autour du personnage de Navalny. Sa mise à mort et aussi le comportement des autorités après, jusqu’à son enterrement, constitue une série d’erreurs d’un régime stalinien qui n’arrive pas à gérer d’autres opinions et qui met ses opposants en prison et qui les tue.

Bien sûr, Poutine gagnera haut la main les « élections » dans deux semaines, une farce qui se veut démocratique et dont on connaît déjà les résultats, comme on les connaît en amont dans des pays comme la Biélorussie.

Mais désormais, Poutine a un nouveau problème, un ennemi qu’il ne pourra plus combattre, contre lequel il ne peut plus mener des procès politiques, qu’il ne peut plus mettre en prison et torturer. Par sa mort, Navalny est devenu immortel et sa femme continuera à porter sa parole qu’un nombre croissant de Russes entend. L’ombre de Navalny suivra Poutine partout, en Russie, mais également à l’étranger. Le rayer de la mémoire collective, ce ne sera pas possible. Et un jour, lorsque Poutine ne sera plus, les Russes érigeront un monument à la gloire de Navalny juste en face du Kremlin. Pour Navalny, mais pas pour Poutine.

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