Scandale NSA/BND : et ça continue, encore et encore…

Avant les législatives de 2013, le gouvernement Merkel avait déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à conclure un accord «No Spy» avec l’Allemagne. Un mensonge de plus.

Les tentatives de faire taire le scandale BND/NSA commence à agacer les Allemands... Foto: Tobias M. Eckrich / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – On se souvient très bien – après les révélations d’Edward Snowden en 2013, le chef de la chancellerie d’Angela Merkel, Ronald Pofalla, s’était rendu à Washington pour déclarer à son retour que les USA allaient accepter de conclure un accord «No Spy» avec l’Allemagne. Histoire de rassurer les Allemands peu avant les élections – avec le message «Tout est rentré dans l’ordre, Mutti et la CDU maîtrisent la situation !» Un échange d‘émails entre l’administration américaine et les Allemands montre maintenant que cette déclaration était un pur mensonge électoral. Un de plus.

«Un tel accord est impensable», avaient indiqué les Américains en termes clairs qui ne laissaient aucun doute que les USA n’avaient, à aucun moment, la moindre intention de stopper leurs activités d’espionnage en Allemagne et en Europe. La coopération avec les services allemands, le BND, fonctionnait trop bien. Sans que le BND posait la moindre question, il exécutait sagement toutes les demandes d’écoute venant de Washington. Qu’il s’agissait de mettre l’Elysée sous écoute, la Commission Européenne ou encore des entreprises comme Siemens – Washington donnait les ordres et le BND les exécutait.

Les Allemands découvrent ces temps-ci leur «Mutti» sous un angle qu’ils ignoraient jusqu’alors. En traitre des intérêts allemands et européens. Interrogée par son ministre de l’économie Sigmar Gabriel, vice-chancelier et chef du SPD, si les Etats-Unis avaient espionné des entreprises allemandes, la chancelière était formelle, il y a deux semaines : «Nous ne disposons d’aucune information sur des écoutes effectuées sur des entreprises allemandes…» Mensonge. La chancellerie était au courant depuis des années, probablement depuis 2005, date depuis laquelle son gouvernement est en charge des services secrets, de ces écoutes qui n’auraient pas été possible sans le consentement d’Angela Merkel.

Mais quel intérêt aurait l’Allemagne d’autoriser les Etats-Unis à l’espionner ? Pourquoi est-ce que le chef du gouvernement allemand autorise ses services secrets d’espionner l’Allemagne et ses partenaires européens pour le compte d’une puissance étrangère ? Est-ce que le BND effectue des activités pareilles aussi pour le compte du KGB ? On n’aura probablement jamais de réponse à ces questions – le gouvernement fait des pieds et des mains pour empêcher la commission d’enquête du Bundestag d’élucider ce scandale qui devrait motiver le gouvernement Merkel à démissionner. «Les Américains nous avaient mis sous pression», peut-on entendre à Berlin, «ils nous avaient menacés de ne plus nous fournir des informations sur des activités terroristes». Faible excuse. Ridicule excuse. Les Allemands pris dans la panique américaine post-9/11 ?

L’image de «Mutti» a pris un sacré coup dans le cadre de ce scandale qui est loin, très loin d’être terminé. Ils découvrent une chancelière qui ment, qui trahit ses partenaires européens, qui autorise à ce que des entreprises allemandes, françaises et autrichiennes soient espionnées – et Angela Merkel se tait. Non seulement elle se tait, mais en plus elle envoie ses émissaires dans les réunions de la commission d’enquête pour empêcher les représentants du peuple allemand de poser toutes leurs questions aux collaborateurs du BND qui étaient en charge d’organiser, pendant des années, ces activités d’espionnage.

L’Allemagne qui, par le passé, a souvent été un partenaire peu fiable des autres pays européens, se montre une nouvelle fois avec un visage noirci. Les Allemands se réveillent avec la gueule de bois – pendant plus de 10 ans, ils ont fait confiance à une chancelière qui, pour des raisons qu’on a du mal à comprendre, a trahi autant son propre pays que l’Europe. Aux prochaines élections, il faudra en tirer les conséquences.

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