Strasbourg : une ville portuaire qui s’affirme !

Alain Howiller sur le développement du Port du Rhin à Strasbourg, le 4e plus grand port du grand fleuve européen.

Malgré la crise, le Port Autonome de Strasbourg se porte plutôt bien. Foto: Nicoleon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – C’est assurément une banalité que de dire : « les années se suivent et ne se ressemblent pas ! ». Cela est certes vrai -oh combien !- lorsqu’on vit, comme nous le faisons actuellement, l’offensive d’un virus implacable, cela est encore plus vrai lorsque pandémie et… tsunami électoral se combinent. Hier encore Présidente du Port Autonome de Strasbourg et l’une des principales actrices de la majorité municipale battue aux élections de Juin 2020, Catherine Trautmann, commentant les très bons résultats obtenus par le Port Autonome de Strasbourg (PAS) en 2019, pouvait constater : « L’année a été celle de la reconquête… » et d’affirmer : « la stratégie du port comme acteur majeur du développement durable… ».

Un discret rappel, en quelque sorte, aux objectifs fixés en 2017 par le « Plan Phénix » qui relevait dans la foulée d’une étude de 2008(!) de la « Conférence Franco-Germano-Suisse du Rhin supérieur » : « Implanté dans l’Espace Rhénan Supérieur, le PAS y est un acteur économique majeur, tant sur la façade rhénane que sur le plan local et le plan régional. »

4ème port rhénan, 2ème port intérieur ! – Un constat, une ambition dont Anne-Marie Jean, élue de la majorité verte strasbourgeoise et à ce titre, nouvelle présidente du 2ème port intérieur français et 4ème port rhénan, s’est faite à son tour la promotrice alors que, pandémie oblige(!), les résultats 2020 de l’établissement portuaire ont été en retrait par rapport à l’année précédente. C’est ce que souligne le rapport annuel du port qui constate dans un communiqué : « Le trafic fluvial global s’établit à 6,8 millions de tonnes, soit une baisse de 9,5% par rapport à 2019. Le coup d’arrêt du secteur BTP observé au premier semestre lors du confinement, a notamment pesé sur la production et par conséquent, sur le transport de matériaux de construction. »

« Cette tendance », poursuit le texte, « est observée à l’échelle du Rhin Supérieur. Le trafic ferroviaire atteint 1.230.000 tonnes dont 60% de conteneurs, un tonnage en deçà de l’excellente année 2019, mais qui reste une belle performance pour une année si particulière. Les effets de la pandémie se sont surtout fait sentir sur les activités touristiques. L’année 2020 enregistre moins de 15.000 passagers sur les croisières rhénanes » (en 2019 les croisières avaient enregistré 230.000 passagers).

Entre conteneurs et passagers. – Pour éclairer les chiffres, on peut rappeler que l’essor du transport par conteneurs de produits manufacturés, servi ici par des équipements lourds qui ont nécessité des investissements importants ces dernières années, a été pour Strasbourg -comme du reste pour l’ensemble de la navigation fluviale, notamment pour Bâle et Mulhouse- un important axe de développement. Malgré les chiffres globaux, le nombre de « conteneurs » traités par voie fluviale a tout de même progressé de 4,4% l’année dernière par rapport à 2019 qui fut une bonne année ».

Le transport fluvial de conteneurs représente en année normale, entre 30 et 40% du trafic de marchandises sur le Rhin. C’est avec l’activité croisiériste, l’une des pistes prometteuses pour l’évolution du transport sur le Rhin qui a su, grâce à ces deux facteurs relativement récents, compléter ainsi les activités traditionnelles tels que les transports de produits métallurgiques, de matériaux de construction, de produits pétroliers ou agricoles.

Chauffer 35.000 logements et une clinique ! – Cette évolution illustre les efforts déployés par le PAS, devenu un groupe dont relèvent désormais plusieurs filiales spécialisées, pour se diversifier, s’adapter à de nouvelles demandes et s’ouvrir de nouveaux marchés. La création du « réseau chaleur » témoigne de ces diversifications : dans ce cadre se concrétisera, cette année, la mise en service d’une station de récupération de la chaleur dégagée par le papetier « Blue-Paper ». La chaleur produite par le fabricant de carton ondulé chauffera, grâce à un réseau de conduites, la clinique « Rhéna » proche ainsi que, à terme, 35.000 logements neufs.

Le port mettra à la disposition de ses usagers et clients, de nouveaux équipements pour mieux gérer l’acheminement des conteneurs, mettra un nouvel appontement à la disposition des bateaux de croisières, développera et modernisera ses infrastructures routières et ferroviaires, poursuivra son programme d’adaptation des circuits de visites de Strasbourg (il achètera notamment un bateau à propulsion électrique).

Quitter le centre-ville… – Il poursuivra la stratégie de collaboration avec 9 ports de l’axe rhénan et continuera ses efforts pour développer l’attractivité de ses installations et, plus généralement, de la ville. Celle-ci passe par l’utilisation optimale des réserves de terrains disponibles pour l’implantation ou l’extension d’entreprises ou pour la création de zones à urbaniser. Pour ces dernières, l’arrivée du tram « Strasbourg-Kehl », l’aménagement des berges, l’amélioration des axes de circulation, la mise en place de moyens de livraison « Port/Ville », ont été et sont toujours des atouts. L’affirmation de la proximité avec la ville n’est peut-être pas inutile au moment où le PAS va quitter son siège historique de l’Hôtel d’Andlau-Kinglin, au centre de Strasbourg, Rue de la Nuée Bleue, pour s’installer dans un bâtiment neuf au « design » contemporain construit dans le port même.

Ce déménagement du centre vers les installations portuaires, entend envoyer un signal : « Nous souhaitons que les partenaires du port de Strasbourg y trouvent rapidement une proximité renforcée », souligne Anne-Marie Jean en poursuivant, « et l’écoute qui caractérisent le port et font grandir la communauté portuaire ainsi rassemblée. »

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