Sueurs froides à Downing Street 10 – où va l’Ecosse ?

Le Premier Ministre anglais David Cameron risque de passer une mauvaise semaine - le 18 Septembre, l’Ecosse organise son référendum sur l’indépendance.

Est-ce que l'UE aura un nouvel état, l'Ecosse ? Réponse le 18 Septembre. Foto: TwoWings / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Est-ce que la fierté nationale des Ecossais l’emportera sur la ligne d’arrivée ? Ce week-end et pour la première fois, un sondage sérieux voit les «Yes» (ceux qui voteront pour l’indépendance) à 51% – ce qui voudrait dire que le 18 Septembre, l’Ecosse risque de se séparer du Royaume Uni. Pendant toute la campagne, l’Angleterre a affiché un comportement toujours aussi méprisant vis-à-vis des Ecossais – et a ainsi confirmé les raisons qui poussent les «Yes» à vouloir se séparer.

Au lieu de communiquer aux Ecossais des raisons qui parleraient pour une pérennisation de la situation actuelle, l’Angleterre a joué la carte de l’intimidation, en menaçant son voisin nordiste de lui interdire, en cas d’une séparation, l’utilisation du Livre Sterling. «Très bien», ont rétorqué les supporteurs de l’indépendance, «dans ce cas, l’Ecosse ne devra pas non plus assumer sa part dans la dette anglaise».

Le Royaume Uni et l’Ecosse, c’est comme un vieux couple. Si les Ecossais déplorent le manque d’attention des Anglais à leur égard, les Anglais se posent la question sur l’apport de l’Ecosse dans le couple. On ne s’estime pas beaucoup, mais au moins, on sait à quoi se tenir et c’est pour cela que les «No» veulent maintenir le statut quo.

Les arguments des Anglais sont, à vrai dire, faibles et continuent à traduire l’attitude anglaise depuis toujours. En mettant en doute la capacité des Ecossais de survivre économiquement sans le Royaume Uni, ils ont piqué au vif la fierté nationale des Ecossais. Et finalement, il y a des pays dans l’UE qui sont largement moins puissants sur un plan économique et ont quand même leur place dans l’UE, alors pourquoi l’Ecosse, bénie par des ressources liquides (pétrole et whiskey) n’y arriverait pas ?

La question européenne parlerait plutôt pour l’indépendance. Car le Royaume Uni, lui, prévoit l’organisation d’un référendum au plus tard en 2017, posant la question aux Britanniques s’ils veulent rester dans l’UE. Si les eurosceptiques pourraient gagner ce référendum, une large majorité des Ecossais ne remet pas en question son adhésion à l’Europe. Par conséquent, de nombreux Ecossais voteront «Yes» pour la simple raison qu’ils n’aient pas envie de suivre la politique anti-européenne et nombriliste des Cameron, Farage ou McMillan-Scott. Ce référendum a donc aussi une dimension européenne et là aussi, les Anglais n’ont pas réussi à rassurer les Ecossais. Ils n’ont même pas essayé.

Ainsi, dans un peu plus d’une semaine, la carte de l’Europe pourrait être une nouvelle fois refaite – avec un Royaume Uni qui se verra privé de toute sa partie nord et avec un nouvel état européen, l’Ecosse, qui a toujours annoncé vouloir être un partenaire fiable dans l’UE. Et David Cameron risque de payer très cher son attitude – systématiquement, il mélange la politique intérieure et européenne, engendrant peut être une perte territoriale d’une dimension historique pour son pays.

Si jamais le «Yes» devait l’emporter dans une semaine, ce serait le début de la fin de la carrière politique de David Cameron et l’Europe pourrait se réjouir de gagner un nouveau partenaire résolument pro-européen.

En fait – l’attitude peu accueillante du Royaume Uni, les menaces, le manque de dialogue par lesquels Cameron voulait se montrer comme un vrai leader auprès de son lectorat – elle aura apporté quoi ? Ce que ni les Piktes, ni les Romains, ni Mary Stuart n’ont réussi, à savoir la séparation entre le Royaume Uni et l’Ecosse – Cameron pourra le réussir. Réponse dans un peu plus d’une semaine.

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