Super-Mario Draghi veut sauver l‘Euro et l‘Europe

En appliquant un «taux négatif», le chef de la Banque Centrale Européenne (BCE) irrite les professionnels et perturbe les petits investisseurs.

Est-ce que Super-Mario Draghi sera en mesure de sauver l'euro ? Tout seul ? Où est-ce qu'il vient de faire un nouveau cadeau aux banques ? Foto: Clever Cupcakes, Montréal / Wikimedia Commons

(KL) – C‘est en Allemagne que les professionnels du marché financier en veulent à Mario Draghi. Son «taux négatif», comprendre : les investisseurs qui veulent garer leur patrimoine dans le havre de paix qui est la BCE, ne recevront désormais non seulement plus d‘intérêts, mais ils doivent payer ce «taux d‘intérêt négatif», donc, il faut payer au lieu d‘obtenir des intérêts. Mais ce qui n‘est pas bon pour l‘épargnant allemand, qui devra supporter des intérêts zéro sur ses avoirs, est une bonne nouvelle pour les autres pays européens. Si l‘argent disponible à la BCE allait arriver effectivement dans l‘économie des pays concernés, cette mesure pourrait donner un coup de pouce à la relance économique. Toutefois, il est à craindre que seuls les grands acteurs des marchés financiers en profiteront, comme toujours. Et comme toujours, ce sont les contribuables européens qui porteront les risques.

Toutefois, Mario Draghi ne fait que son boulot. En baissant le taux d’intérêts à 0,15% pour les banques à qui la BCE prête de l’argent, il fait son possible pour justement relancer la machine européenne. Mais en l’absence d’une politique européenne digne de ce nom, cette mesure pourra aussi se transformer en un cadeau pour les banques. Lorsque l‘on considère que sur les 260 milliards d‘euros déjà injectés en Grèce, seulement 3% environ sont arrivés dans des projets profitant au peuple, tandis que le reste s‘est perdu dans des banques occidentales et greques, on est en droit de poser la question «qui bono» ?

Mais Draghi est chef de la BCE qui elle, doit défendre les intérêts de 28 pays et non seulement ceux des Allemands. Si des économes allemands dessinent déjà le spectre de l‘inflation sur les murs de la BCE, cela ne fait qu‘exprimer les irritations des professionnels qui craignent pour la bonne marche de leurs affaires. Ce qui serait déjà une bonne nouvelle en soi.

Le risque d‘une inflation dans la zone euro n‘est actuellement pas à l‘ordre du jour. Et Mario Draghi doit également veiller à ce que le taux d‘inflation ne soit pas trop faible – il faut qu‘il se situe dans une fourchette permettant de travailler sur ce marché financier.

La question fondamentale qui se pose, est si cette mesure profitera aussi aux Européens. Elle profitera aux banques, c’est clair, car elles pourront emprunter à un taux dérisoire auprès de la BCE, mais est-ce que cet argent bénéficiera aux gens dans les pays ? Dans des situations comparables (il y a deux ans, l’Europe avait injecté 1,1 billions d’euros dans des banques «souffrantes», sans que cet argent ait profité à d’autres que les banques elle-mêmes), l’argent européen n’avait ni servi à relancer l’économie, ni à aider les peuples en difficultés. Les banques ont pris l’argent et continué à speculer, comme toujours.

Mais taper sur Mario Draghi n‘est certainement pas la bonne approche. Il fait son possible pour sauver l‘euro et ce à un moment où les pays européens se sont remis à rêver de leurs monnaies nationales et faibles. Il n‘est pas à envier, Super Mario, car actuellement, personne n‘est content de son action. „Les marchés“ aiment la tranquillité, ils détestent des surprises. Car ils ont tendance à être nerveux, nos marchés.

La première réaction allemande hier, c‘était l‘indice boursier DAX qui, pour la première fois, a franchi la barre des 10.000 points. Le champagne coulait à flots à la bourse de Francfort. Mais pourquoi ? Une telle hausse n‘est pas du tout un indice pour le bon comportement des marchés et donc d‘une stabilité économique – au contraire. Ce nouveau record n‘exprime qu‘une chose´- hier, une poignée de spéculateurs a fait d‘excellentes affaires. Difficile de voir en quoi cela serait une bonne nouvelle pour les Européens.

Allez, Super-Mario, peut-être arriveras-tu à sauver l’euro et l’Europe. Dommage que tu sois si seul dans cette mission…

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