Tous perdants…

Lors des élections régionales à Berlin, aucun parti ne peut vraiment clamer la victoire. Les partis traditionnels continuent leur descente dans l’enfer, l’extrême-droite a le vent en poupe.

Elégante, la Berlinoise. Mais les Berlinois se dirigent vers une "République de Weimar 2.0"... Foto: Deutsche Fotothek : Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le « Regierender Bürgermeister » de Berlin, Michael Müller, avait beau se présenter comme le vainqueur des élections régionales dans la ville-état de Berlin – avec 21,6% des votes, son parti, le SPD, était arrivé premier lors des élections dimanche, mais le SPD avait aussi perdu 6,7% des votes par rapport aux élections de 2011. Son partenaire de coalition, la CDU, affichait en fin de soirée un pitoyable 17,6% (-5,7) – la « Grande Coalition » à Berlin avait perdu 12,4% des votes et ne pourra plus former un gouvernement. Désormais, Berlin sera dirigée par une coalition à trois, donc, une coalition qu’aucun des partenaires n’aura voulue. Mais face à la montée de l’extrême-droite de l’AfD, il n’y aura pas d’autre possibilité.

Les chiffres : SPD 21,6% (-6,7), CDU 17,6% (-5,7), Die Linke 15,6% (+3,9), Verts 15,2% (-2,4), AfD 14,2% (+14,2), FDP 6,7% (+4,9). A noter, les « Pirates » ont perdu 7,2% des votes et n’entreront plus dans la nouvelle diète berlinoise. Ce résultat confirme la tendance actuelle – les partis traditionnels implosent, les partis sur les extrêmes de l’échiquier politique gagnent, surtout l’extrême-droite de l’AfD qui remporte succès sur succès.

Puisque la « Grande Coalition » SPD-CDU ne pourra pas être poursuivie, seulement deux options seraient mathématiquement possible pour former un nouveau gouvernement – une coalition SPD-CDU-Verts et une coalition SPD-Die Linke-Verts. C’est la deuxième option qui semble la plus réaliste – car les Verts ont déjà fait savoir qu’ils n’entendaient être ceux qui permettraient au SPD et à la CDU de continuer une coalition désavouée par les électeurs. Reste donc comme seule option une coalition SPD-Die Linke-Verts qui, en principe, ne devrait faire plaisir qu’à Die Linke. Le SPD n’aime pas coopérer avec ce parti à sa gauche et les Verts se trouvent si éloignés des positions de Die Linke qu’une telle coalition ne serait acceptée qu’en grinçant des dents. Mais puisque ce résultat ne donne aucune autre possibilité pour former un gouvernement, on assistera sans doute à la création de cette coalition « rouge-rouge-verte ».

Malgré ce nouveau désaveu politique du SPD et de la CDU, les deux partis n’entendent toujours pas le message des électeurs – pourtant, ce message est clair. Les gens ne se retrouvent plus dans des partis traditionnels incapables de se réinventer, de changer du personnel et de proposer une nouvelle voie politique. Si les partis traditionnels (il faut maintenant compter les Verts dans cette catégorie) ont perdu 14,8% des votes, l’extrême-droite a gagné 14,2% – la mathématique semble assez claire. L’électorat s’éloigne du « centre » politique et s’oriente vers des partis qui opèrent avec des positions sans appel, même si ces positions sont extrémistes.

L’Allemagne politique se trouve sur un chemin dangereux. L’essor de l’extrême-droite semble impossible à stopper, tout comme la dégringolade de l’establishment politique. Il est temps d’innover, de récréer le centre politique avec des positions et outils modernes et en phase avec le 21e siècle, autrement, les extrémistes risquent de faire un score énorme lors des élections législatives en 2017. Le fait qu’Angela Merkel ait fait hier une sorte de « mea culpa » est certainement une bonne chose, mais ne représente pas encore un changement de l’orientation de la politique allemande. Qui elle, est de nature à envoyer les électeurs et électrices dans les bras des extrémistes.

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