Transition énergétique : jeux tactiques autour de Fessenheim

Il fallait s’y attendre : la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ne s’inscrit pas dans la Loi de Transition Enérgétique proposée par Ségolène Royal. Quelle farce !

En vue du manque de courage du gouvernement, il y a de fortes chances à ce que Fessenheim ne soit pas fermé d'ici fin 2016. Foto: © Kai Littmann

(WB/PM) – Le gouvernement français n’a pas osé inscrire la fermeture de Fessenheim dans sa loi sur la transition énregétique qui a été présenté au Conseil des Ministres. Cette loi, pleine de bonnes intentions, manque terriblement de mesures concrètes qui mériteraient l’appellation «transition énergétique». Au lieu de mener une politique courageuse, le gouvernement laisse la partie concrète à EDF qui elle, décide dans les faits de la politique énergétique en France. Pas bon, ça.

Bien sûr, la ministre de l’environnement Ségolène Royal a annoncé le plafonnement du nucláire en France à une production de 63,2 GW/an, ce qui correspond au niveau d’aujourd’hui. Donc, cette «transition énergétique» ne fait que cimenter le statut quo, n’engendre aucune fermture et il est difficile de comprendre en quoi cela constitue un changement par rapport à la situation actuelle.

Ce plafonnement, a expliqué Ségolène Royal, devrait inciter EDF à fermer Fessenheim en cas d’ouverture de nouvelles centrales, comme celle prévue à Flamanville. Devrait. En même temps, si EDF baisse légèrement sa production sur ses plus de 50 sites nucléaires, elle pourra ouvrir Flamanville en 2016 ET continuer à exploiter Fessenheim.

Le gouvernement craint visiblement les occupants des étages feutrées d’EDF. Faire dépendre la «transition énergétique» du bon vouloir d’EDF qui raisonne en termes de retour d’investissement et non pas en termes de politique durable, c’est comme si on chargeait le renard de la surveillance des poules dans la basse-cour.

La loi présentée comporte de bonnes intentions comme l’économie d’énergie, le soutien du véhicule électrique, les rénovations de bâtiments en vue de l’optimisation de l’utilisation des ressources énergétiques – tout cela est sympa, mais peu concret. Si, parmi les élus français, il y en a qui ont compris que la transition énergétique peut générer un nouveau secteur industriel, il est évident que ce n’est pas le gouvernement français qui dirige les opérations, mais EDF.

Si la majorité à l’Assemblée Nationale et au Sénat ne suffisent pas pour mener une politique énergétique moderne et courageuse, se pose alors la questions à quoi sert ce gouvernement ? Faudra-t-il vraiment une catastrophe nucléaire en France avant que les responsables réagissent enfin ?

Face aux évolutions sur l’échiquier mondial, face à la nouvelle puissance énergétique découlant de la nouvelle alliance Russie-Chine, il convient de réagir au niveau politique. Laisser le soin de cette réaction à EDF qui du coup, devient juge et partie, est une nouvelle preuve de la faiblesse incroyable de ce gouvernement qui n’ose même plus mener sa propre politique dans l’intérêt des Français. A pleurer.

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