Un procès très stalinien

Vladimir Kara-Mursa, lauréat du Prix Vaclav Havel décerné par le Conseil de l'Europe, vient d'être condamné à 25 ans de prison pour « haute trahison ». Son crime : avoir critiqué le Kremlin.

Vladimir Kara-Mursa, condamné à 25 ans de prison lors d'un procès politique et pipé. Foto: Rafael Saakov (VOA) / Wikimedia Commons / PD

(KL) – L’homme dérange le Kremlin depuis un bon moment, au point qu’en 2015 et 2017, il a survécu de justesse à des tentatives de l’empoisonner, à l’instar de ce qu’il est arrivé à Alexej Navalny, autre grande figure de l’opposition russe, incarcéré lui aussi. Lors du procès de l’ancien journaliste de 41 ans, qui détient la double nationalité russe-britannique, Kara-Mursa a profité pour dire haut et fort la vérité.

Arrêté en avril 2022 pour avoir osé critiquer l’invasion russe en Ukraine, Vladimir Kara-Mursa a trouvé des mots justes à l’occasion de cette farce de procès qui faisait effectivement penser aux procès politique de l’ère Staline. Il ne sont pas très nombreux aujourd’hui en Russie à oser appeler un chat un chat. Ainsi, Kara-Mursa avait qualifié le gouvernement russe de « régime de meurtriers », pour dire ensuite « ce sont les criminels qui devraient être punis pour leurs actes. Moi, je suis incarcéré pour mes opinions politiques. Mais je sais aussi que le jour viendra où l’obscurité disparaîtra au-dessus de notre pays ».

Kara-Mursa a même refusé de demander un non-lieu au cours de ce procès pipé d’avance. « Je maintiens tout ce que j’ai dit et j’en suis fier », a-t-il dit. En tant que responsable politique de l’opposition, Kara-Mursa savait qu’une demande de non-lieu n’aurait pas aboutie, le Kremlin estime nécessaire de statuer des exemples.

En vue de sa double nationalité britannique-russe, ce procès pose un problème à la diplomatie européenne. Car il est difficile de fustiger la justice russe à un moment où la Grande Bretagne et les USA sont en train de torturer un certain Julian Assange dans une prison londonienne pour le « crime » d’avoir publié la vérité, tout comme l’a fait Vladimir Kara-Mursa.

Evidemment, il faut mettre tout en œuvre pour que Vladimir Kara-Mursa soit libéré et pour qu’il puisse rejoindre sa femme et leur trois enfants qui vivent, heureusement, aux Etats-Unis. Mais en même temps, il faut également mettre tout en œuvre pour que la Grande Bretagne libère Julian Assange – autrement, les interpellations occidentales ne font que constituer un « faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fais ».

Le Conseil de l’Europe doit maintenant tirer sur toutes les ficelles et réclamer une double libération, celle de Vladimir Kara-Mursa et celle de Julian Assange. Demander d’une sans demander l’autre, ce serait hypocrite et mettrait l’Occident au même niveau que la Russie. Les temps sont durs pour ceux qui disent la vérité…

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