Un silence qui en dit long…

Après l'attentat antisémite à Halle, les partis politiques et même le monde entier ont exprimé leurs condoléances aux familles des victimes et leur consternation face à ce crime odieux. Et l'AfD ?

Ils sont nombreux à attribuer à l'AfD, une part de responsabilité dans la montée du néonazisme à l'est de l'Allemagne. Foto: Weeping Angel / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Les ténors de l’AfD ont attendu quelques heures pour voir si l’attentat de Halle pouvait servir à des fins politiques. Et puisqu’il n’y avait rien à faire à ce niveau-là, Alice Weidel, l’une des patronnes de l’AfD, a tweeté qu’elle était « choquée et qu’elle espère qu’il n’y aura pas davantage de victimes ». Les autres chefs de l’AfD, eux, ont gardé le silence. L’empathie ne semble pas être le fort de ceux qui, par leur discours raciste et haineux, créent le contexte dans lequel des terroristes se sentent mandatés de tuer.

Mais si le tweet d’Alice Weidel était froid et distant, celui du chef de l’AfD en Saxe, Jörg Urban, était encore plus irritant : « Quand est-ce que ce sera assez colorié ? Dans un pays dont les frontières ne sont pas contrôlées, des personnes armées venant de toute l’Europe peuvent se déplacer librement – pas seulement le crime organisé, mais aussi des islamistes et des terroristes. Renforcer la législation du port d’armes en Allemagne ne servirait à rien, car seuls les propriétaires légaux d’armes qui respectent les lois en souffriraient. Lorsque la sécurité intérieure est menacée, il est possible d’effectuer des contrôles de frontières même à l’intérieur de l’espace Schengen. C’est exactement ce que demande l’AfD. »

A l’école, on aurait noté « hors sujet » sur sa copie ; cette réaction à un double meurtre antisémite est pour le moins surprenante. Pire, plusieurs sections de l’AfD ont posté des images qui montrent des journalistes couvrant cet attentat, positionnés sous une affiche électorale de – l’AfD, ce qui donnait lieu à toute sorte de théories de complot, insinuant que cet attentat a pu être organisé par « la gauche » pour décrédibiliser l’AfD. Pas un mot de condoléance pour les familles des victimes, pas un mot de solidarité envers la communauté juive. Le terrorisme néo-nazi ne semble pas trop déranger l’extrême-droite qui par ailleurs, commente en long et en large toute infraction commise par un « étranger ».

Ce silence de l’AfD face au terrorisme néo-nazi est lourd et parlant. Ce parti, dont certains ténors affichent ouvertement leur nostalgie du « troisième reich », ne regrette en rien ce qui s’est passé à Halle, au contraire – l’AfD cherche à établir ce climat de peur ; et la violence dans la rue est un excellent moyen pour faire comprendre aux plus faibles esprits que nous sommes dans une situation où seul un nationalisme social et la xénophobie pourront apporter une solution.

Peut-être faudrait-il remercier l’AfD pour ce silence : au moins, ils n’ont pas fait de déclarations hypocrites. Ce parti, à qui le ministre de l’intérieur bavarois Peter Herrmann (CSU) a reproché une paternité intellectuelle pour cet attentat, approuve par son silence cet acte terroriste néo-nazi. Evidemment que l’AfD ne critique pas cet acte de terrorisme et encore moins le terroriste et ses sympathisant – c’est dans cette population que l’AfD recrute ses électeurs et électrices.

Désormais, les électeurs et électrices de l’AfD ne pourront plus se cacher derrière des phrases du genre « nous ne sommes pas nazis, mais nous voulons donner une leçon à ceux qui sont au pouvoir » – chaque vote AfD sera un vote pour un parti dont l’objectif est clair : établir un régime néo-nationaliste, totalitaire, raciste et brutal – et ceux qui ne comprennent pas qu’il s’agit là de la copie conforme de ce que l’Allemagne a déjà vécu entre 1933 et 1945, se rendront aussi coupables que ceux qui avaient voté pour le NSDAP à l’époque. Il est grand temps d’arrêter cette AfD qui est tout sauf une « Alternative für Deutschland ». Honte à tout ce parti qui n’a pas réussi à exprimer une quelconque empathie avec les victimes de cet attentat néo-nazi. On s’en souviendra.

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