Un tramway nommé désir…

Les titres dans les médias « mainstream » sont trompeurs : si effectivement, la ligne D du tram strasbourgeois circule à nouveau jusqu'à Kehl, cela ne veut pas dire que l'on puisse l'emprunter.

Accueil chaleureux de la poignée de voyageurs de la ligne D du tram - bienvenue en Allemagne ! Foto: Florence Grandon (France Télévisions) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Cette histoire du tram est étrange. Depuis les tests effectués vendredi dernier et la remise en circulation mardi de la ligne D du tram strasbourgeois qui relie les villes de Strasbourg et de Kehl, on peut lire tous les jours que cette remise en circulation constitue un pas vers une normalisation à la frontière franco-allemande. Heureusement qu’il y a des journalistes qui font leur boulot comme notre confrère Jürgen Lorey qui, dans un excellent article paru sur « Baden online », explique comment ça se passe réellement.

Même si la ligne D circule à nouveau du matin au soir avec une fréquence d’un train toutes les 20 minutes, peu de gens l’empruntent, et pour cause : en dehors des travailleurs et travailleuses frontaliers et des personnes pouvant faire valoir une « raison impérieuse », personne n’a le droit de traverser cette frontière qui est encore et toujours fermée. La plupart des rares personnes qui tentent d’entrer en Allemagne, échouent lors du contrôle dans la rame en arrivant à la station « Kehl Bahnhof » et sont immédiatement renvoyées vers la France.

La raison pour ces rares personnes qui veulent se rendre à Kehl est simple – elles veulent faire des courses dans les grands supermarchés kehlois et acheter du tabac, sensiblement moins cher du côté allemand. Le trait commun entre ces voyageurs – ils avaient tous lu : « le tram circule à nouveau ». Mais ils n’avaient pas lu que si ce tram circule effectivement à nouveau, on n’a pas le droit de monter à bord (sauf les cas exceptionnels mentionnés).

Au niveau local et régional, il y a unanimité. Les responsables politiques demandent que cette frontière soit immédiatement rouverte et que ces contrôles cessent. Mais la décision pour cela ne se prend malheureusement pas dans la région, mais à Paris et Berlin où la dégradation de la situation à cette frontière franco-allemande ne semble pas intéresser grand monde.

Par conséquent, samedi, il y aura à nouveau une manifestation sur les deux rives du Rhin, organisée par un nombre croissant d’associations, initiatives et groupes citoyens, dont les Jeunes Européens, l’association Garten//Jardin, le comité de Peter Cleiss et d’autres. Entre 11h55 et 12h15, les manifestants vont déployer drapeaux européens et parapluies, en guise de salutation adressée à l’autre rive, mais surtout pour demander haut et fort l’ouverture de cette frontière. Samedi, les organisateurs appellent à ce que cette manifestation soit suivie dans le même format partout entre Bâle et Karlsruhe, aux ponts et postes de frontière.

Ce cauchemar d’une frontière fermée doit cesser – et ce sera le cas lorsqu’en arrivant à la station « Kehl Bahnhof », les voyageurs de la ligne D du tram ne se retrouveront plus face à des policiers allemands qui sélectionnent qui peut entrer en Allemagne et qui doit immédiatement retourner en France. Cette situation est indigne pour une région qui, il n’y a pas si longtemps, s’était définie comme un « espace de vie commun ».

1 Kommentar zu Un tramway nommé désir…

  1. La CTS/ville de Strasbourg aurait dû refuser le rédemarrage du tram tant qu’on ne pouvait pas assurer le voyage à tous les passagers sans discrimination sur la base de la nationalité, résidence, lieu de travail, etc.D’ailleurs je constate qu’on entre très facilement en voituire à Kehl.

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