Une pluie chaude pour les actionnaires allemands

Les entreprises allemandes cotées en bourse versent cette année des dividendes de 42 milliards d’euros à leurs actionnaires. Bon pour eux.

A la Bourse de Francfort, on sabre le champagne - les entreprises cotées paient cette année 41,7 milliards d'euros de dividendes. Foto: Norbert Nagel / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le capitalisme est un système qui fonctionne à merveille. Mais seulement pour ceux qui disposent de fortunes importantes et qui peuvent se permettre d’investir à la bourse. Tant mieux pour eux – et tant pis pour tous les autres. Qui eux, continuent à payer l’ardoise des crises actuelles et passées.

Les 616 entreprises allemandes cotées versent donc la coquette somme de 41,7 milliards d’euros comme dividendes à leurs actionnaires cette année, tandis que les petits épargnants doivent faire face à des «intérêts négatifs» – le capitalisme ne se soucie pas de ceux qui ont peu, il ne sert qu’à ceux qui ont beaucoup. Et cela continuera jusqu’au jour où une autre crise mette enfin ce système à genou. Il suffira d’attendre un peu…

Surprise – le plus clair de ces dividendes part à l’étranger. 64% du capital des entreprises cotées les plus performantes, donc celles qui sont notées dans l’indice DAX, est détenu par des investisseurs étrangers. Ce qui irrite les experts de la bourse en Allemagne. Qui eux, déplorent le fait que les Allemands soient des investisseurs conservateurs qui n’investissent «que» 19% du patrimoine privé allemand, estimé à 5 billions d’euros, à la bourse. Bien sûr, les marchés financiers aimerait que les Allemands y investissent beaucoup plus (car cela permettrait aux établissements financiers de gagner encore plus). Pour les convaincre, les avoirs bancaires des particuliers sont maintenant frappés par ces «taux négatifs», histoire d’inculquer le goût du risque aux épargnants allemands.

Les dividendes se situent à un niveau record – jamais, les grandes entreprises allemandes n’ont pu verser des dividendes à ce niveau. L’ancien record (38,2 milliards d’euros en 2008) date de l’époque avant les dernières crises. Ce qui fait penser à une danse macabre sur le volcan.

Les particuliers n’ont donc peu de choix – soit, ils prennent le risque de confier leur argent à des banques (qui ont pris la fâcheuse habitude de perdre assez régulièrement des sommes faramineuses et qui ne paient plus d’intérêts pour l’argent qui leur sert à spéculer), soit ils investissent à la bourse, donc, dans un système corrompu et manipulable à souhait, avec le risque de perdre la totalité de la somme investi, comme c’était le cas pour bon nombre de petits actionnaires ces dernières années.

Mais malgré ces considérations, on n’arrive toujours pas à la seule conclusion qui s’impose – il faut stopper ce système financier qui s’est totalement détachée de valeurs économiques réelles et qui est devenu la plus grande menace pour la prospérité des peuples. Mais au lieu d’agir, nous continuons à colmater les trous lorsque les grandes banques perdent des milliards dans des spéculations hasardeuses et nous acceptons que la grande majorité des épargnants soit pénalisée parce qu’elle ne participe pas aux jeux des spéculateurs.

Et puisque les responsables politiques n’ont pas le courage d’intervenir et de nationaliser les marchés financiers pour les rapprocher de l’économie réelle, rien ne changera. Jusqu’à l’implosion de ce système qui interviendra inévitablement, plus tôt ou plus tard. Au prix de la paupérisation complète de la majorité des citoyens et citoyennes. Qui eux, le jour J, seront tout surpris que ce système financier n’ait pas fonctionné.

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