Une table ronde un peu hors sujet

A l’occasion du mois de l’Europe, la Collectivité européenne d’Alsace propose différents événements à travers la région. L’un d’entre eux s’est déroulé jeudi 11 mai au Palais universitaire de Strasbourg. Il s’agissait d’une table ronde portant (du moins, qui était censée porter) sur l’enseignement des conflits contemporains en Europe.

Le sujet de l'enseignement de l'Histoire et des conflits actuels est importante. Foto: Emma Kuhn / EJ / CC-BY 2.0

(Emma Kuhn) – « Quand l’histoire se construit : comment enseigner les conflits contemporains aux jeunes en Europe ? », tel était l’intitulé de la table ronde, organisée dans le magnifique écrin qu’est la salle Pasteur au Palais Universitaire à Strasbourg. Face à une petite trentaine de spectateurs, se tiennent quatre intervenants : Philippe Meyer, Marie Hassler, Célestin Berthelot et Frank Hack. Magali Kreuzer, la modératrice de la session, reste debout à leurs côtés. A 17h00, la discussion est lancée.

L’intitulé de cette table ronde ne correspondait finalement pas forcément au contenu du débat. Celui-ci s’est plutôt tourné sur le programme d’histoire et la façon dont la matière est enseignée à l’école. Un programme qui a « peu évolué en France au fil des années », estime Philippe Meyer, professeur d’histoire-géographie et ex-député français. « Mais aujourd’hui, on s’intéresse davantage à la façon dont les citoyens ont vécu les événements de l’histoire et moins la chronologie des faits », se réjouit-il. A l’Ecole européenne de Strasbourg, « la Préhistoire, l’Antiquité, le Moyen-Age, les Temps modernes, l’Europe de 1914 à 1945 et l’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale sont enseignés », relate Marie Hassler, qui y est professeure d’histoire-géographie. Un programme assez proche de l’enseignement français traditionnel, bien qu’il dépende de Bruxelles.

Au bout du compte, il est aisé de connaître le contenu des programmes des établissements français et européens. Ce sont davantage les enseignements dispensés dans les autres pays européens qui restent méconnus. L’Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe, qui a d’ailleurs été le partenaire de l’organisation de la table ronde, s’intéresse justement à la substance de ces programmes. L’Observatoire ayant été créé en 2020, son premier rapport général n’est malheureusement pas encore paru. Toutefois, il se focalise sur la manière dont l’histoire est enseignée en cours et dont les programmes sont constitués dans ses Etats membres (au nombre de 16, parmi lesquels la France fait partie, mais pas l’Allemagne). « Bien qu’ils soient proches, les Français ne savent pas vraiment ce qu’apprennent les Allemands à l’école. Alors imaginez ce que savent les Portugais des Lituaniens », déplore Célestin Berthelot, chargé de mission à l’Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe. De plus, « pour chaque date historique comme le 11 novembre 1918 par exemple, les Français ont leur vision de l’événement, mais les Allemands ont la leur. Il faut comprendre ce que ces événements signifient pour les autres peuples européens », ajoute-t-il.

Les guerres mondiales ont également été abordées lors de la discussion ainsi que le camp de concentration du Struthof, un élément primordial de l’enseignement de l’histoire en Alsace. Selon Philippe Meyer, « sa visite devrait être obligatoire, car le passé n’est pas si loin que ça ». Le sujet s’est ensuite détourné vers la guerre en Ukraine. « Doit-on en parler en classe ? », demande la modératrice Magali Kreuzer. A l’Ecole européenne, cette question est particulièrement centrale, certains élèves étant ukrainiens, russes ou russo-ukrainiens. « On accueille aussi une vingtaine d’élèves ukrainiens réfugiés depuis plus d’un an pour la plupart », affirme Marie Hassler. D’après Philippe Meyer, il est important « d’aborder l’actualité et d’en profiter pour rappeler aux jeunes comment on en est arrivé là ». « C’est notre rôle d’évoquer ce sujet-là, l’histoire est un éternel recommencement », affirme l’ex-député.

Le dernier sujet évoqué n’a pas tant été la façon d’enseigner les conflits contemporains aux jeunes en Europe, mais plutôt les changements nécessaires afin d’améliorer l’enseignement de l’histoire. Les réponses du panel sont les suivantes : utiliser internet et les outils pédagogiques qui permettent de toucher les élèves, avancer dans le digital, passer plus rapidement sur les séquences du programme qui intéressent moins les jeunes, adapter l’histoire aux nouvelles technologies et aux enjeux du monde contemporain ou encore parler davantage de la place de la femme dans l’histoire. « Peu importe la pédagogie et les méthodes, l’essentiel est l’enthousiasme du professeur », s’exclame Frank Hack, enseignant au lycée franco-allemand de Fribourg. Alors certes, être passionné peut amener les élèves à l’être également, mais est-ce réellement la solution aux problèmes que rencontre le domaine de l’enseignement ?

2 Kommentare zu Une table ronde un peu hors sujet

  1. Martine Hiebel // 14. Mai 2023 um 6:46 // Antworten

    Merci à EUROJOURNALIST(E) de rappeler à l’ancien professeur, jusque dans le Haut-Rhin notre commun lieu de vie, prénoms et noms de certains de ses élèves, qui poursuivent brillamment l’aventure de la transmission citoyenne et de l’ouverture européenne : puisse Europe, un jour enlevée mythiquement pour mieux nous élever à la liberté réelle, nous garder l’esprit, le coeur et les YEUX GRAND OUVERTS comme le promet le nom même d’EUR-OPE !

    • Notre stagiaire actuelle est Emma Kuhn, une jeune journaliste brillante ! D’ailleurs, elle signe ses papiers !

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