Welcome, Mister President

Dimanche, l’Allemagne aura un nouveau Président. Soulagement : aucun extrémiste n’est en lice et le résultat de cette « élection » est déjà connu – the winner is : Frank-Walter Steinmeier.

Dès dimanche, Frank-Walter Steinmeier sera le 12e Président Fédéral d'Allemagne. Foto: Michael Lucan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – La Constitution allemande prévoit que le Président Fédéral soit élu par une assemblée qui ne se constitue qu’à l’occasion de l’élection du Président, la « Bundesversammlung » (« Assemblée Fédérale »). Celle-ci est composée des élus du Bundestag et du même nombre de personnalités désignées par les Länder. Pourtant, cette année, on pourrait autant se passer de cette « élection » puisque le vainqueur est déjà connu – il s’agit de Frank-Walter Steinmeier, jusqu’à la semaine dernière encore ministre des affaires étrangères dont la candidature est soutenue par son parti, le SPD, mais également par la CDU/CSU qui elle, n’envoie pas de candidat dans ces « élections ». Si le rôle du Président Fédéral est avant tout représentatif, il peut toutefois intervenir dans la politique du pays.

Le prédécesseur de Steinmeier, l’actuel Président Fédéral Joachim Gauck, avait largement utilisé le poids de son poste pour se faire entendre durant son mandat. Ainsi, il avait vivement critiqué les pratiques d’écoutes des services des renseignements américains et allemands, il avait pris position en faveur d’Edward Snowden et il n’a jamais cessé de critiquer l’extrémisme et les discours de haine. Frank-Walter Steinmeier a déjà fait savoir qu’il compte également s’immiscer dans les dossiers politiques.

Si effectivement, le travail du Président Fédéral consiste principalement à accueillir des visiteurs officiels dans la capitale, s’il est parrain d’office pour chaque 7e enfant des familles nombreuses (Joachim Gauck est parrain de plus de 2000 enfants…), s’il doit congratuler tout citoyen qui atteint l’âge de 100 ans, son rôle constitutionnel dépasse le protocole. Ainsi, aucune loi votée par les deux chambres législatives allemandes, le « Bundestag » (Assemblée Nationale) et le « Bundesrat » (chambre des représentants des Länder), ne peut entrer en vigueur sans la signature du Président Fédéral. Dans l’histoire de la République Fédérale, le Président a refusé à 8 reprises de signer une loi proposée.

Par ailleurs, c’est le Président Fédéral qui désigne le chancelier et les ministres et il est le seul à avoir le pouvoir de dissoudre le Bundestag. Il est également le seul à pouvoir gracier des détenus et dispose encore d’autres pouvoirs qui font que son rôle n’est justement pas que représentatif.

Si Frank-Walter Steinmeier n’est contesté ni à droite, ni à gauche, son « élection » remet le fonctionnement démocratique une nouvelle fois en question. Car son « élection » faisait l’objet d’un accord préalable entre les grands groupes politiques, la CDU/CSU et le SPD et si on ignore sur quoi cet accord porte exactement, il est difficile de désigner cette nomination comme une « élection démocratique ».

Toutefois et heureusement, l’Allemagne se dote d’un président expérimenté sur la scène diplomatique, ni nationaliste ni extrémiste, et tout indique qu’il sera un bon président pour l’Allemagne. Et contrairement à d’autres pays, on peut donc dire : « Welcome, Mister President » !

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