Winfried Kretschmann et le problème des demandeurs d’asile

Le ministre-président du Bade-Wurtemberg se range du côté des politiques conservateurs qui préconisent une «solution» facile - au grand dam de son parti.

Les Verts ont du mal à comprendre les positions de Winfried Kretschmann qui mène une politique de la droite. Foto: Bündnis 90 / Die Grünen Nordrhein-Westfalen / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – On l’admet, la question d’asile n’est pas une question facile. En Allemagne, les Länder sont très embêtés depuis que le gouvernement fédéral a décrété que cette question incombait aux Länder – qui maintenant cherchent des solutions. La première solution à laquelle les Länder ont pensé, c’est d’élargir la liste des pays réputés comme «pays d‘origine sûr», comprendre, les pays dont les demandeurs d’asile sont systématiquement refoulés. Après la Serbie, la Macédoine et la Bosnie-Herzégovine l’année dernière, les Länder veulent maintenant ajouter à cette liste, l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro, faisant fi des conditions de vie de certaines populations dans ces pays. Et le ministre-président du Bade-Wurtemberg est prêt à jouer le jeu. Ce qui constitue un autre pas des Verts en direction de la CDU, potentiel partenaire de coalition des Verts au niveau national en 2017. Et également potentiel partenaire de la CDU après les élections régionales dans le Bade-Wurtemberg l’année prochaine. Au niveau national, les Verts prennent une position diamétralement opposée par rapport à celle de Kretschmann.

L’asile, cela devrait être un droit accordé à tous ceux dont l’existence est menacée dans leurs pays d’origine. Du moins, c’était le crédo des Verts jusqu’à ce que Winfried Kretschmann se soit rangé du côté de ses collègues de la CDU et du SPD. La présidente des Verts au niveau national ne voit pas les choses comme le ministre-président du Bade-Wurtemberg.

Ainsi, Simone Peter a déclaré «l‘instrument des prétendus pays d‘origine sûrs n‘a pas donné de résultat concluant», tandis que le chef du groupe des Verts à la diète de la Rhénanie-Palatinat souligne «que nous refusons cette appellation comme discriminatoire» – les Verts, en tant que parti, se positionnent ainsi à l‘opposé de Kretschmann qui lui, est certainement le plus conservateurs des Verts. Les Verts, au niveau national, s‘engagent plutôt pour que l‘état mettent davantage de ressources à la disposition des demandeurs d‘asile et qui leur permettent enfin de travailler.

Mais Kretschmann, conscient qu’il est en train de rompre avec les positions de son propre parti, en fait un cas personnel. «Le gouvernement est ouvert à toute proposition compatible avec les principes de la constitution», a-t-il déclaré, faisant fi des principes de son parti qui lui, estime que le droit d’asile ne peut pas être retiré à des populations entières.

Surtout dans la mesure où les opinions sur la «sureté» des pays en question divergent énormément. Pendant que la Suisse accepte environ un demandeur d’asile sur trois en provenance du Kosovo et de l’Albanie, le taux de reconnaissance des réfugiés de ces deux pays se situe en dessous d’un pourcent en Allemagne. Est-ce que les Suisse seraient devenus des fans de l’accueil des étrangers ou est-ce que les autorités allemandes ferment les yeux devant la situation dans ces pays ?

Kretschmann, face à une mission énorme qui consiste à accueillir un grand nombre de demandeurs d’asile, opte donc pour la facilité. Puisque cette reconnaissance comme «pays d‘origine sûr» permet l’expulsion quasi instantanée des demandeurs d’asile de ces pays, pourquoi ne pas déclarer la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak ou l’Erythrée comme «pays d‘origine sûr» ? La constitution allemande permettrait une telle démarche et Kretschmann pourrait, en toute légalité, expulser tout le monde sans grande procédure.

«Il faut que cela apporte plus que des problèmes pour ma personne», a-t-il tenté de faire de l’humour. Et si cette démarche apportera à Kretschmann une poignée de vote et les applaudissement de l’extrême-droite, il risque de perdre les électeurs traditionnels des Verts dans le «Ländle». Qui ne comprennent pas encore tout à fait comment le premier ministre-président vert d’un Land allemand puisse mener une telle politique digne d’une droite vraiment droite. Est-ce que Winfried Kretschmann vient de sonner le glas de l’expérience «verte-rouge» dans le Bade-Wurtemberg ?

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