(26) Les 30 ans de la chute du Mur – 30 Jahre Mauerfall

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

Rester sans voix devant le Mur / Sprachlos vor der Mauer... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von Michael Magercord – KL / MC) – Le Mur. La vie quotidienne. 1986 – Sans voix ? Et si on avait quelque chose à dire…

Monsieur Jaap Leeuwenburgh des Pays-Bas avait éternisé son sentiment irrité sur le Mur à Kreuzberg, aux croisement de la Rue Zimmer et de Wilhelmstraße : il vint, il vit et – il en resta sans voix. Mais s’il en était resté sans voix, cela ne l’avait pas empêché de se procurer de la peinture, un pinceau large et une échelle pour laisser son message au monde à une hauteur de 3,60 mètres.

Evidemment : rester sans voix ne signifie pas devoir se taire et ne plus se prononcer du tout. Rester sans voix, cela peut aussi vouloir dire ne rien dire, même si on sait ce que l’on devrait dire. On peut aussi rester sans voix en tchatchant de tout et de rien, en évitant le sujet important sur lequel on n’a rien à dire. Ou de se taire parce que ce qu’on voudrait dire, nous semble tellement aberrant qu’on n’ose pas le dire.

Ceux qui parlent à Berlin-Ouest de ce sujet unique – ou plus précisément de ce Mur unique – répètent souvent des phrases formatées entendues quelque part, de préférence le dimanche : « Le Mur doit disparaître », mais quand on pose la question « pourquoi ? », la personne ayant prononcé cette phrase ne sait pas trop quoi répondre. Et le lendemain, tout est resté en l’état : le Mur était toujours là, solide et peu impressionné.

Je dois avouer que j’aurais eu aussi quelque chose à dire, à l’époque, mais finalement, je suis resté sans voix aussi. Je n’arrivais pas vraiment à croire moi-même ce que j’aurais eu à dire. En 1986, lorsque je suis arrivé à Berlin, quand j’ai vu le Mur en le longeant avec mon appareil photo, j’ai soudain eu le sentiment qu’un tel ouvrage absurde, bizarre et fou ne pouvait pas y rester éternellement, justement, parce qu’il avait cet aspect d’avoir été construit pour l’éternité.

Mais je ne l’avais pas dit, personne ne tient à être prophète dans son propre pays. Ces prophètes sont généralement considérés comme des fous. Et il me manquait aussi l’imagination comment la fin de ce Mur pouvait se présenter. Donc, à quoi bon dire : ce Mur n’y restera pas pour l’éternité. Ah bon, m’aurait-on alors répondu, et quand est-ce qu’il disparaîtra ? Et la discussion se serait transformée en dialogue de sourds pour rien. A ce moment-là, j’aurais pu faire comme ce Néerlandais – parler directement aux murs.

Aujourd’hui, nous le savons mieux : cette éternité n’allait pas durer plus de trois ans encore. Pendant ces trois ans, nous avons vécu nos vies entourés par ce Mur, sans trop en discuter. Et nous avons vécu des situations assez ubuesques, des choses plus folles que seulement fixer ce Mur du regard. Nous avons fait des choses vraiment folles et nous pensions que c’était presque normal, nous, les prophètes secrets – et ces choses-là, vous les découvrirez la semaine prochaine ici.

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Mauer. Alltag. 1986 – Sprachlos? Und wenn man doch was zu sagen hätte…

Herr Jaap Leeuwenburgh aus Holland hinterließ sein Gefühl der Verstörung auf der Mauerkrone in Kreuzberg an der Zimmer Ecke Wilhelmstraße: Er kam, sah und war sprachlos. Nun ja, es mag ihm wohl die Sprache verschlagen haben, aber sein Mitteilungsbedürfnis reichte dennoch aus, sich einen Topf Farbe, einen breiten Pinsel und eine Leiter zu beschaffen, die ihn immerhin die 3,60 Meter hinaufbrachte.

Es stimmt natürlich: sprachlos zu sein heißt nicht, man müsse nun schweigsam sein und gar nichts mehr von sich geben. Sprachlos zu sein kann auch bedeuten, jetzt mal einfach die Klappe zu halten, obwohl man wüsste, was man sagen sollte. Sprachlos kann man auch bleiben, wenn man über alles Mögliche daher schwatzt, nur über das Eine nicht, weil man dazu einfach nichts zu sagen weiß. Oder sich nicht zu sagen traut, weil es einem selbst so abwegig erscheint, was man sagen könnte.

Wer in Westberlin noch von diesem Einen – oder genauer dieser Einen – spricht, plappert meist vorgefertigte Sätze nach, und das dann auch meist sonntags: „Die Mauer muss weg“ geht’s dann so richtig zur Sache, nur kann der Sonntagsredner nicht sagen, wie das zu geschehen hat. Montags ist wieder alles beim Alten: Die Mauer steht fest und unbeeindruckt weiterhin da.

Ich muss zugeben, dass ich eigentlich auch etwas zu sagen gehabt hätte damals, aber ich blieb letztlich sprachlos. Auch weil ich selbst nicht so richtig glauben konnte, was ich zu sagen gehabt hätte. Damals 1986, als ich nach Berlin kam, die Mauer sah und sie mit dem Fotoapparat ablief, überkam mich plötzlich der Gedanke, dass so ein absurdes, skurriles und verrücktes Bauwerk nicht ewig halten kann, und gerade deshalb, weil es so unverrückbar dasteht.

So gesagt habe ich das aber nie, wer will schon als Prophet im eigenen Land gelten. Die spinnen doch sowieso bloß. Zudem mangelte es auch mir an Fantasie, wie und wann sich das Ende der Mauer einstellen würde. Wem nutzt das schon zu sagen: Die Mauer steht da sicher nicht für alle Ewigkeit. So so, und wie lange bitte schön soll diese dann noch dauern? Ach, Gelaber für nichts und niemanden wäre das geworden, da kann man gleich – wie der sprachlose Holländer – mit der Wand reden.

Jetzt sind wir alle schlauer: Drei Jahre dauerte sie noch, diese Ewigkeit. In diesen drei Jahren aber haben wir unser tägliches Leben darin gestaltet, ohne großartig darüber zu sprechen. Und wir haben noch viel seltsamere Situationen durchgestanden, als nur einmal auf so eine Mauer zu starren. Richtig verrückte Dinge haben wir einfach so mitgemacht und schon fast für normal gehalten, wir, die heimlichen Propheten – und das gibt es an dieser Stelle dann in der nächsten Woche noch zu sehen.

L'auteur néerlandais inconnu est resté (presque) sans voix face au Mur / Der unbekannte holländische Autor war vor der Mauer (fast) sprachlos... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

L’auteur néerlandais inconnu est resté (presque) sans voix face au Mur / Der unbekannte holländische Autor war vor der Mauer (fast) sprachlos… Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste