Baden-Baden : le «Cœur d’Europe en or» pour A. Kramp-Karrenbauer

Annegret Kramp-Karrenbauer a été distinguée pour son travail résolument tourné vers le franco-allemand.

Annegret Kramp-Karrenbauer a été distinguée pour son engagement franco-allemand. Foto: Eurojournalist(e)

(Par Alain Howiller) – Au lendemain de sa réélection, à Sarrebruck, comme ministre-présidente de la Sarre, le plus petit Land de la République Fédérale, Annegret Kramp-Karrenbauer était à Baden-Baden au Brenners Park Hotel où elle recevait le 10ème Prix « Goldenes Cœur de l’Europe ». La ministre-présidente CDU avait remporté les élections régionales du 27 Mars avec près de 41% des voix contre près de 30% à son adversaire SPD. Une victoire (elle avait gagné 5,5% de voix par rapport aux précédentes élections de 2012) qu’elle doit à une campagne locale axée sur les problèmes sarrois et s’appuyant tout particulièrement sur sa politique franco-allemande et l’ambition de faire de son Land, la première région francophone d’Allemagne.

Elle veut qu’en une génération, le français soit la première langue étrangère des Sarrois. Tout cela parce que, comme elle le souligne souvent, elle pense que la Sarre, par sa situation géographique, son histoire et ses échanges économiques, a une vocation de médiatrice et de pont entre l’Allemagne et la France.

Le dixième « Symposium Pierre Pflimlin » ! – C’est cette approche qui lui a valu d’être désignée par un jury franco-allemand comme titulaire du prix « Goldenes Cœur de l’Europe » créé par l’éditeur Christian Frietsch, le patron de « Goodnews », un quotidien en ligne pour Baden-Baden et sa région et soutenu par la ville et le Brenners Park Hotel, l’emplacement emblématique où Adenauer et De Gaulle lancèrent la coopération franco-allemande en février 1962. Distinguée par ce prix, Annegret Kramp-Karrenbauer succède à une dizaine de récipiendaires don le politologue Alfred Grosser, l’ancien Président du Parlement Européen de Strasbourg Hans-Gert Pöttering ou encore l’ancien sénateur alsacien, ancien Ministre Daniel Hoeffel. L’organisation support du prix a été créée en 1962 par des personnalités françaises et allemandes de la région transfrontalière du Rhin Supérieur.

La remise du prix est traditionnellement liée à la dernière interview donnée à Christian Frietsch par Pierre Pflimlin, ancien maire de Strasbourg et dernier Président du Conseil (« premier-ministre ») de la IVème République avant l’arrivée au pouvoir du général De Gaulle : Christian Frietsch présente toujours un extrait de cette interview (en allemand) qui sert de support à un échange et nourrit les débats d’un « Symposium Pierre Pflimlin ». La remise du Prix « Cœur d’Europe » s’inscrivait cette année, au soir du 18 Mai, dans le cadre du 10ème Symposium.

La place de « l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau » – Intervenant lors de la remise du prix, Daniel Hoeffel insistait sur l’indispensable politique européenne. Il a inscrit son intervention dans la ligne des récentes élections présidentielles qui portèrent Emmanuel Macron à la Présidence de la République Française, tout en marquant, au-delà de la victoire redoutée sur l’extrême-droite, une relance de l’Europe et des rapports franco-allemands. Il a rappelé combien l’idée européenne, combattue par ces eurosceptiques qui initièrent le Brexit, paraissait fragile à la veille des élections françaises et combien avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron elle a repris vigueur en relançant l’espoir.

C’est de l’Europe concrète que Frank Scherer, Landrat de l’Ortenau, a parlé en sa qualité de Président de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau : il a déroulé les ambitions du « groupement européen de coopération territoriale » (GECT) qu’il préside en alternance avec le maire de Strasbourg, dans les domaines de la vie quotidienne, des transports, de la santé, de la culture et du sport. Il s’agit, avec la « Stratégie Grandir à 360 degrés », d’améliorer concrètement la vie des plus de 900.000 habitants d’un territoire à cheval sur le Rhin : le symbole de l’action pourrait être le tramway Strasbourg-Kehl qui vient d’être mis en service avec le soutien des deux états, des institutions régionales, des villes (voir notamment eurojournalist.eu des 21 et 26 Avril, du 2 Mai etc…). Il s’agit aussi de favoriser la participation des citoyens à la vie de l’Eurodistrict.

Il convient de ne pas oublier les dangers et les inquiétudes que peut générer la désunion et Frank Marrenbach, directeur du « Brenners » de citer le cas concret qui se pose à l’un des hôtels londoniens du groupe auquel appartient son établissement : 80% des salariés de l’établissement britannique ne sont pas ressortissants du Royaume-Uni. Quel sera leur sort avec le « Brexit » ?

Un message pour Angela Merkel ? – Dans son intervention, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui traitait du thème « Plaidoyer pour l’Europe 2017 », pendant près d’une heure, lançait un vibrant appel en faveur d’une relance de l’Union Européenne dont la pierre angulaire ne pouvait qu’être « franco-allemande ». Saluant la manière dont Emmanuel Macron avait été accueilli par Angela Merkel, mais aussi par les Berlinois, lors de sa visite dans la capitale allemande, l’oratrice y voit un signe d’espoir pour une relance attendue pour l’Europe. Au lendemain de sa réélection comme ministre-présidente du Land de Sarre, elle souligne que sa reconduction a aussi été le fruit d’une nouvelle « Grande Coalition CDU/SPD ».

Alors que l’Allemagne est entrée, de fait, dans la campagne électorale des élections du 24 Septembre, il est difficile de ne pas voir dans les propos de la ministre-présidente, une allusion à l’éventuelle coalition qui s’installerait à Berlin après les élections. Commentant la « grande coalition » qui a été reconduite à Sarrebruck, elle a plaidé (non sans allusion à l’après Septembre ?) en faveur des coalitions au pouvoir : « Les grandes coalitions », a-t-elle souligné, « ne sont pas mauvaises en soit. Elles ne le sont pas si elles vous permettent d’aborder avec réalisme de grands projets. Si elles ne reposent que sur la base du plus petit dénominateur commun, elles ne riment à rien. Il vaut mieux y renoncer ».

Message transmis à la chancelière Merkel qui (d’après de nombreux observateurs) aurait placé Annegret Kramp-Karrenbauer sur la liste des possibles successeurs. Il est vrai que le problème ne semble guère… d’actualité et que la ministre-présidente de Sarre risque, le moment venu, d’avoir des…. concurrent(e)s.

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