Adiós, señor Chete…

Une étoile du cinéma espagnol a quitté tragiquement la scène de la vie, mais grâce à son impressionnant « Pedigree », elle ne sera pas oubliée.

Un Pedigree de Honor, est une belle récompense au Festival de Cans. Foto: Lera Edvac / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Durant le 75e Festival de Cannes, couvert magistralement par notre consœur Esther Heboyan, Chete Lera, une étoile du cinéma espagnol, disparaissait accidentellement, sa voiture faisant une sortie de route pour basculer dans un ravin cinquante mètres plus bas.

Avait-il été primé à Cannes ? Non. Mais il le fut au Festival de Cans en 2008, sa 19e édition ayant eu lieu cette année du 18 au 21 mai. Cans dans la province de Pontevedra où Chete Lera est né en 1949, sa vie se terminant tragiquement à Málaga, en Andalousie.

Récompensé par un Pedigree d’Honneur (Pedigree de Honor) pour sa longue carrière, Ramón Mariano Fernández Lera dit Chete Lera, a travaillé avec les réalisateurs les plus remarquables du cinéma contemporain. Il avait, lorsqu’il reçut cette distinction, plus de trente longs métrages à son actif, mais a encore tourné par la suite, tant pour le cinéma que pour la télévision.

Aîné d’une fratrie de onze enfants, il a fait d’abord carrière comme ingénieur aéronautique, puis employé de banque, pour se lancer dans le théâtre à la fin des années soixante-dix et le cinéma au début des années quatre-vingt-dix. Son frère Joaquin Lera a annoncé par un touchant message via Instagram la mort de celui qu’il appelle Chetiño et compte au nombre des plus grands acteurs du pays.

Dans les années quatre-ving-dix, sa présence était souvent requise dans les films de réalisateurs en rupture avec les standards de la décennies précédente. C’est en étudiant la psychologie, alors qu’il était employé dans une entreprise et traversait une crise existentielle, qu’il s’est inscrit à un atelier théâtre à l’université.

Les planches furent donc son premier espace d’expression et il ne l’oublia jamais, notamment quand le succès fut au rendez-vous au cinéma. Travaillant autant avec des créateurs avant-gardistes qu’avec des réalisateurs confirmés, pour lui, le cinéma était une manière de dire artistiquement au pouvoir ce qui ne va pas dans la société.

Ainsi, au théâtre comme au cinéma, il ne joua pas seulement des rôles, mais se fit en quelque sorte le porte-parole de la société espagnole. Un porte-parole qui avait une voix et une présence sur scène, dont une petite vidéo accessible en cliquant ici rend bien compte.

Comédien et acteur populaire, Chete Lera était un humain qui parlait de l’humanité aux humains. Rien à voir avec les héros des superproductions étasuniennes, ou les anti-héros adeptes de la masturbation intellectuelle d’un certain cinéma élitiste européen. La vie et rien d’autre pourrait-on dire, pour reprendre le titre du film de Bertrand Tavernier, césariré au début de la carrière cinématographique de Chete Lera et il y a tout lieu de penser que cela lui ferait plaisir.

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