Allemands et Français en vacances d’été… se ressemblent beaucoup !

Alain Howiller se penche sur la question comment Allemands et Français passent leurs vacances dans un contexte particulier.

En ce qui concerne les vacances, les comportements changent, tout comme les destinations. Foto: Maghien / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Les vacances 2016 ont été marquées à la fois par l’impact des risques d’attentats – préoccupation première des vacanciers- et par un souci de gérer au mieux des disponibilités financières qui ne sont souvent plus ce qu’elles étaient il y a quelques années. La combinaison de ces deux éléments explique le souci des vacanciers de privilégier des séjours en Europe voire sur le territoire national. Il explique aussi l’émergence de formes de vacances jadis peu appréciées : c’est le cas des séjours en campings (souvent de « luxe ») ou en villages de vacances, des locations croissantes chez les particuliers, des échanges de logements, des séjours dans la famille.

En 2015, par exemple, ces nouvelles formes de séjour ont été largement privilégiées par les Français, les habitants des autres pays de l’Union Européenne privilégiant plutôt les hôtels. En ce début du mois d’août, quel regard peut-on jeter sur les vacances 2016 ?

Qui l’eut cru : tout porte à croire que -contrairement à ce qu’on pourrait penser- Allemands et Français ont souvent des approches comparables pour leurs vacances d’été ! Ces convergences sur lesquels nous reviendrons, n’excluent pas cependant des divergences notables. Tout d’abord, on peut constater une différence dans le montant des budgets consacrés aux congés d’été, de part et d’autre du Rhin : un ménage allemand leur consacre 925 euros alors que le ménage français, n’hésitant pas à puiser dans ses réserves, dépense… 2.233 euros (stable par rapport à 2015).

Les Français champions pour la durée des séjours ! – Une différence qui s’explique, pour une large part, côté français, par le fait que, selon les études récentes, les Français sont les champions d’Europe pour la durée de leurs vacances estivales : ils partent, en effet, pendant 2,5 semaines alors que la moyenne des Européens ne s’absente que pour 2,1 semaines. Autre différence : alors qu’initialement 57% des Français (6 points de moins qu’en 2015 !) devaient partir en vacances cette année, ce sont finalement 62% qui sont partis en vacances(1). De leur côté, 85% des Allemands programmaient des congés d’été !

Français et Allemands se retrouvent dans le fait qu’une partie d’entre eux, confirmant une tendance qui s’est amorcée avec la crise en 2008, choisit de passer les vacances d’été dans le pays où ils habitent : en France, même une majorité fait ce choix puisque plus de 58 % de ceux qui partent en vacances restent en France alors que les Allemands ne sont que 39 % à préférer passer leurs congés en Allemagne. Ceux qu’on pourrait appeler les « estivants à domicile » choisissent à plus de 70 % de partir en voiture, moyen privilégié devant l’avion, le train ou les cars desservant les grandes lignes.

En quête de sécurité et de sûreté. – Pour ceux qui partent en dehors de leur pays, les vacances en Europe sont privilégiés au détriment des grandes destinations d’hier : la Turquie (- 61 % de réservations en 2016) et l’Egypte (tous deux appréciés par les Allemands), la Tunisie (-59% de réservations cette année !) même le Maroc (deux pays-phares pour les Français) souffrent ainsi de l’image que les risques d’attentats ont projeté sur les intentions des touristes.

S’il est vrai que l’Europe n’est plus à l’abri du terrorisme, il n’est pas inutile de constater que certains pays pourtant situés dans des « zones considérés comme étant à forts risques » mais restés (jusqu’ici) à l’écart des menaces, profitent également de la « désaffection touristique » : Dubai est, à cet égard, un exemple surprenant ! La demande de sécurité et de sûreté figure désormais en tête des préoccupations des vacanciers comme des touristes en général d’après l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT).

2016 : année-record pour l’Espagne. – Curieusement, Français et Allemands se rejoignent dans le regard croisé jeté sur leur voisin immédiat : 2% d’Allemands ont décidé de passer leurs vacances en France alors que 2,5% de Français ont, eux, décidé de passer leurs vacances en Allemagne !

En Europe, ce sont l’Espagne (qui connait cette année une augmentation de 40% des réservations), la Grèce, l’Italie (+17 % de réservations), le Portugal (destination appréciée par les Français malgré la… défaite des « bleus » contre l’équipe portugaise dans la finale de l’EURO et qui enregistre cette année un + 20% de réservations !), mais aussi le Danemark ou la Bulgarie qui attirent à nouveau : pour le plus grand bien de l’économie de certains de ces pays qui font toujours face à d’importantes difficultés.

En fait, si l’Espagne profite depuis trois ans déjà d’une reprise de la fréquentation touristique, 2016 risque fort d’être une année record pour l’arrivée de nombreux touristes : ce ne sont pas seulement les destinations « traditionnelles » qui attirent tels les Baléares, les Iles Canaries, la route du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle, mais aussi les grands centres urbains Madrid, Barcelone (et la Catalogne), Séville, Valence, Grenade, Bilbao… La saison estivale rejoint ainsi, au-delà des séjours balnéaires traditionnels (que privilégient encore 60% des vacanciers), l’évolution d’un « tourisme culturel » qui s’affirme de plus en plus : le « je veux bronzer idiot » recule devant le « je veux profiter pleinement de mon séjour ».

Les défis d’un tourisme mondial. – Le « vacancier » rejoint ainsi les préoccupations du touriste de plus en plus attiré par une « valeur ajoutée ». Celle-ci a vu naître des circuits spécialisés : par exemple celui des « Théâtres historiques d’Europe » lancé par une association née à Berlin. Ou encore les programmes axés sur la valorisation du patrimoine ou sur « l’économie éco-responsable » intégrant des hôtels, des villes, des pays, des parcs s’appuyant sur une économie durable que distingue une sorte « d’oscar » (les « National Geographic World Legacy Awards »).

En 2020, d’après l’OMT, le monde comptera 1,6 milliard de touristes contre 1 milliard en 2003 ! Le tourisme croît chaque année de + 4% environ (+ 4,5% en Europe attendus cette année).

De sacrés défis nous attendent : de quoi réfléchir, aujourd’hui, sur votre lieu de vacances !

(1) D’après le CREDOC : « Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie ».

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