Après les municipales : chaises musicales à Colmar !

Après tous les articles sur les élections municipales à Strasbourg, Alain Howiller jette aujourd'hui un regard sur la situation à Colmar...

Eric Straumann, élu Maire de Colmar. Quid de son siège à l'Assemblée Nationale ? Foto: Antoine Lamielle / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – En détournant le fameux avertissement « Un train peut en cacher un autre », on pourrait accompagner… les conséquences faussement imprévues d’un certain nombre d’élections municipales : au nom de la législation(1) sur le non-cumul des mandats, les parlementaires élus à la tête d’une municipalité doivent choisir entre leur siège national et leur fonction exécutive locale. Si le parlementaire choisit le poste municipal, c’est en principe son suppléant qui le remplace automatiquement à l’Assemblée Nationale ou au Sénat. Mais si le suppléant ne peut pas remplacer le parlementaire car il est, lui aussi, frappé par la règle du non-cumul ou tout simplement parce qu’un différend a séparé titulaire et « remplaçant », il faudra procéder à… une élection partielle ! Ce dernier cas est à l’origine d’une dizaine d’élections partielles à la rentrée : ces consultations constitueront une sorte de « sondage sur le vif » sur la manière dont les électeurs auront réagi aux mesures de relance décidées par le gouvernement de Jean Castex.

De Molsheim à Colmar : deux exemples ! – En Alsace, les élections municipales auront généré les deux cas de figure évoqués. Un suppléant a déjà remplacé son titulaire parlementaire et une circonscription est en attente d’une élection législative originale : le député élu maire choisissant son mandat municipal alors que sa suppléante a été placée dans une situation particulière qui, en tout état de cause, l’empêche de gagner les travées de l’Assemblée Nationale ! Le premier cas concerne le Bas-Rhin, le second le Haut-Rhin. Député LR depuis 2012, Laurent Furst a été élu à Molsheim, dès le premier tour des élections municipales : le conseil municipal l’ayant élu au poste de maire, il a démissionné de l’Assemblée Nationale pour céder sa placer à son suppléant Philippe Meyer, Maire de la petite ville (prés de 2.500 habitants) de Boersch et Vice-Président (LR) du Conseil Départemental du Bas-Rhin. Ce dernier est désormais le député de la sixième circonscription électorale du Bas-Rhin.

Le deuxième cas se présente à Colmar où le député (LR) Eric Straumann élu maire devra choisir, d’ici au 3 Août, entre le mandat parlementaire qu’il assume depuis 2007 où il avait battu le député sortant Gilbert Meyer auquel il vient de ravir le poste de Maire de Colmar ! Si la décision n’est pas encore officielle, tout porte à croire que le nouveau Maire va préférer son mandat local colmarien et renoncer à son activité à l’Assemblée Nationale. La logique – et la Loi – voudraient que sa suppléante lui succède au Palais Bourbon.

Une succession difficile et une ministre. – Une succession en tous points difficile, car sa suppléante n’est autre que Brigitte Klinkert, présidente (centriste puis LR) du Conseil Départemental du Haut-Rhin, fonction dans laquelle elle a succédé en 2017 à… Eric Straumann !

Pour prendre la succession de ce dernier, elle aurait dû – non cumul oblige – quitter la présidence du Département, ce dont elle avait d’autant moins envie que la  nouvelle « Collectivité Européenne d’Alsace – C.E.A. », née de la fusion des deux conseils départementaux alsaciens, doit se mettre en place à compter du 1er Janvier 2021, cette nouvelle structure, décidée par Emmanuel Macron pour rendre une identité et une image à l’Alsace intégrée, sans consultation des intéressés, dans la Région Grand Est. Les échanges – avec notamment le Grand Est dont le Président Jean Rottner n’est pas particulièrement ouvert à la nouvelle collectivité – pour affiner les compétences et le visage de la C.E.A., se poursuivent activement et Brigitte Klinkert aurait pu devenir la première présidente de l’institution (2).

Souvenir d’un grand père célèbre. – C’est dire les hésitations de la « suppléante » qui pourtant, sans aucun doute, ne pouvait pas ne pas penser, lors de son choix, à son grand père Joseph Rey qui alors était maire de Colmar (1947/1977), député (1956/1958), conseiller général (1945/1982) a été celui qui, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, a relevé sa ville en la modernisant et en lui ouvrant un nouvel avenir industriel dont elle continue de vivre et de prospérer. C’est lui aussi (que la  plupart des colmariens appelaient familièrement « Seppi », pour Joseph en dialecte – qui a été, dès la fin de la guerre – alors que les nazis l’avaient mis en prison à Fribourg – celui qui avait activement travaillé à la  réconciliation franco-allemande.

Finalement, le gouvernement tranchera pour elle ! Jean Castex, en l’appelant au gouvernement comme ministre déléguée à l’Insertion (« un poste qui ne se refuse pas », dira-t-elle), la forcera à renoncer définitivement à la succession d’Eric Straumann et à sa présidence du Conseil Départemental. Une fois encore, le non-cumul impose la loi, et il y aura donc des législatives partielles à la rentrée à Colmar ; à moins qu’Eric Straumann renonce à la mairie, ce qui paraît hautement improbable ! Et dans les coulisses de ce pari colmarien circule déjà le nom de celui qui briguera le poste de député : Christian Klinger, Maire (LR) de Houssen, commune de 2.200 habitants dans l’agglomération colmarienne et président, depuis 2018, de l’Association des maires du Haut-Rhin. Une commune dont Eric Straumann avait été… maire !

(1) Loi du  14 Février 2014.

(2) Voir eurojournalist.eu du 8.07.2020.

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