¡Basta la caudillo-nostalgia !

La montée de l'extrême droite en Espagne, procède d'une évidente nostalgie du franquisme heureusement combattue au nom de la vérité historique.

Éléments d'une exposition relatant en 2018, la vie quotidienne au temps du franquisme. Foto: Hèctor Juan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Sorti sur les écrans espagnols en 2019, « El silencio de otros » (Le silence des autres), documentaire produit notamment par la société des frères Almodóvar, donnait la parole à trois catégories de victimes du franquisme : les descendants des disparus, ceux qui ont été torturés et les enfants volés. Cet automne, Marion Maréchal (Le Pen) exporte son Sciences Po d’extrême-droite en Espagne et recrute parmi les néo-franquistes en s’appuyant sur les cadres du parti ultranationaliste « Vox ».

En toile de fond de ces deux événements : un projet de loi porté par le Gouvernement Sànchez, ambitionnant de réformer le code pénal, notamment en vue de criminaliser « la exaltación del franquismo ». Entendez par exaltation, la promotion et la vénération. Maria del Carmen Calvo Poyato (PSOE), la première vice-présidente du gouvernement, n’a pas encore donné de dates précises quant à l’approbation de ce dossier, mais selon Juan Carlos Campo Moreno (PSOE), le ministre de la justice, il arrivera sur la table du Conseil des Ministres avant la fin de l’année.

Ce qui n’a pas l’air de plaire à tout le monde au Royaume d’Espagne, notamment à l’Eudodéputé Hermann Tertsch del Valle-Lersundi (Vox), grand ami de Silvio Berlusconi, qui a occupé ses journées de la mi-septembre à inonder de mails ses collègues de tous bords et leurs collaborateurs, pour les alerter à propos de « développements alarmants en Espagne » (sic). Dans un texte, rempli d’inexactitudes et dénoncé par « El Diario », l’écrivain et animateur d’émissions télévisées devenu eurodéputé, se fend d’une diatribe anti-communiste primaire de la plus belle facture.

Ce à quoi « El Diario » répond point par point en remettant les faits dans leur réelle perspective historique, tout en revenant au texte du projet de loi qu’Hermann Tertsch del Valle-Lersundi avait « omis » d’associer à son fameux mail circulaire. Un contre-argumentaire trop long à détailler, mais dont la lecture édifiante est disponible en cliquant ici.

La mémoire de la période franquiste demeure une plaie ouverte, longtemps passée sous silence et dont la cicatrisation ne peut s’opérer pleinement car, contrairement à l’Allemagne, il n’y a pas eu de Procès de Nuremberg en Espagne. Ce qui a étonné et étonne encore nombre d’observateurs étrangers. Notamment Robert Bahar (USA) qui, avec sa compagne Almudena Carracedo Verde (Esp.), a tourné « El silencio de otros ». Il trouve surprenant qu’une démocratie européenne n’ait jamais arrêté personne pour les crimes commis par les franquistes.

L’arrivée de la gauche au pouvoir permit plusieurs avancées significatives et le Gouvernement Sànchez n’en est pas à son coup d’essai. L’exhumation en 2019 des restes de Franco de son mausolée de la Valle de los Caídos et leur relocalisation au cimetière du Prado à Madrid, avaient déjà suscité des polémiques. Transfert décidé par le Congrès des Députés en 2017, sous le Gouvernement Rajoy (PP) dont le parti fut le seul à ne pas voter cette résolution et que le chef du gouvernement se permit de ne pas appliquer.

Rien n’est simple or, les bonnes volontés se heurtant aux esprits retors et les partisans de l’oubli s’opposant à ceux de la mémoire, des mouvements et partis politiques d’extrême-droite tels que « Vox », font leur miel de ces dissensions continues et de ce non-dit historique.

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