Bellagio, le cheval remède

« Lors de mes moments de Spleen, Bellagio est mon idéal. »

Bellagio de Cléry en pleine cavalcade. Foto : Livia CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Dans un contexte rendu particulièrement anxiogène par certains criminels pour le monde du cheval, Livia, une infirmière rencontrée dans le Grand Est, nous parle de son parcours et de sa relation avec « Bellagio de Cléry ». Interview.

A 35 ans, vous avez derrière vous de nombreuses heures de selle et aussi quelques secondes de vol plané ; commençons alors par les heures de selle.

Livia : Amoureuse des animaux depuis l’enfance, j’ai saisi chaque occasion de passer du temps avec eux. Issue d’une famille modeste, l’équitation était un sport coûteux auquel je n’avais pas accès. Vers 10 ans, donner des coups de main dans les écuries lors des vacances, m’a mis le pied à l’étrier. Jeune adulte, j’ai pu m’offrir des randonnées. A 32 ans, j’ai pris mes premiers cours. Je tenais à cheval, mais ma technique était déplorable. M’investissant à fond, j’ai rapidement progressé, et un an après, Bellagio entrait dans ma vie. Rencontre inattendue, mais véritable coup de foudre. Ça n’avait rien de raisonnable, mais le cœur a ses raisons…

Quant à ces quelques secondes de vol, moments de solitude pour tous les cavaliers, ils ne vous ont visiblement pas désarçonnée.

Livia : J’ai fait quelques jolis vols planés, dont un qui m’a valu une entorse cervicale. La chute est inévitable dans l’apprentissage, mais on apprend de ses erreurs. Pour être bon cavalier, il faut avant tout faire preuve d’humilité. C’est à mes yeux l’unique condition d’une relation harmonieuse avec sa monture. A ce jour, je ne suis jamais tombée de Bellagio. C’est la perle rare : un cheval d’une extrême gentillesse, très franc et confiant.

Bellagio de Cléry, ce Selle Français âgé de neuf ans dont vous avez fait l’acquisition en 2019 et avec qui vous avez connu les affres du confinement…

Livia : Visitant une écurie avec un ami à la recherche d’un cheval, je fus immédiatement attirée par ce grand cheval bai au regard extrêmement doux. Posant sa tête sur mon épaule, il m’attira à lui et me colla contre son poitrail. C’est adorable, j’en suis ému, me dit mon ami. Je sentis ma gorge se nouer, les larmes monter ; sa propriétaire s’étonna car ce cheval, alors en vente, n’était pas câlin. Je quittai l’écurie chamboulée, tentant vainement de mettre cet échange à distance. Deux semaines plus tard, Bellagio et moi faisions plus ample connaissance : la révélation ! Il entra alors dans ma vie officiellement. Depuis, il est un membre de la famille. Bien que je le sache entre de bonnes mains, l’absence de contact durant les 2 mois de confinement a été très éprouvante, mêlant sentiments de manque et de culpabilité. Lorsqu’on s’est retrouvés, il m’a regardé et m’a tourné le dos, m’imposant la seule vue de son postérieur ! Les choses rentraient heureusement dans l’ordre, nous partageons à nouveau cette complicité quotidienne.

Vous exercez en milieu hospitalier, et donc Bellagio vous a d’autant plus manqué durant le confinement.

Livia : Infirmière en psychiatrie, mon métier passionnant est parfois épuisant physiquement et psychiquement. Le cheval, par sa grande sensibilité, sa noblesse et sa force tranquille, a cet incroyable pouvoir apaisant et ressourçant. Au-delà du sport et de ses effets bénéfiques, le seul contact de l’animal est un véritable remède aux tensions ou épisodes de morosité. Lors de mes moments de spleen, Bellagio est mon idéal.

Le cheval, de par sa sensibilité et ses qualités de médiateur, peut-il aussi devenir un « remède » pour des personnes malades ?

Livia : Merveilleux médiateur thérapeutique, la sensibilité du cheval en fait un être miroir, reflétant états d’âme et émotions. Formée à la médiation animale, j’ai monté un projet d’équithérapie pour des patients hospitalisés. Que leur handicap soit physique ou mental, les bénéfices sont nombreux : travail sur la motricité, remise en confiance, redécouverte du plaisir, gestion des émotions, concentration. Il n’est pas rare qu’au contact du cheval, des patients versent des larmes ; ensuite les barrières tombent et laissent place aux confidences, amorce d’une alliance thérapeutique essentielle à une prise en charge psychiatrique optimale.

Merci beaucoup, Livia, pour vos réponses.

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