Se rassembler pour faire société

Un rassemblement très digne et citoyen à Haguenau. Foto: Collectif Alsace du Nord

(Jean-Marc Claus) – Annoncé vendredi dernier dans une tribune rédigée par Philippe Spitz, le rassemblement citoyen contre l’antisémitisme qui s’est tenu dimanche matin devant l’Arbre de la Paix au centre de Haguenau, a été couronné de succès. Ceci à plus d’un titre, lorsqu’on écoute le récit qu’en fait celui que le groupe chargea d’établir le lien avec la presse. Un groupe informel, issu d’une volonté commune de manifester aussi en Alsace du Nord, et pas seulement à Strasbourg. Ce qu’ont apprécié plusieurs participants, qui ne se seraient pour diverses raisons, pas déplacés jusqu’à la capitale européenne.

Plus de deux cent personnes sont venues occuper durant une bonne heure, la Place du Maire Guntz sise entre le théâtre et la poste, non pour assister à un meeting, car le but était justement de ne pas donner de couleur politique à ce rassemblement, mais d’y laisser toute la place à la mobilisation citoyenne. Ce qui se réalisa par des prises de parole spontanées, des échanges entre participants formant des petits groupes où il était possible d’aller de l’un à l’autre, des bougies déposées devant l’Arbre de la Paix. Cette sculpture, œuvre de l’artiste Hevda Ser et inaugurée en 2021, doit notamment son existence au deux-centième anniversaire de la synagogue de la ville.

Comme pour la marche se déroulant simultanément à Strasbourg, la dignité fut le maître-mot de ce moment au cours duquel l’émotion était très forte, sans pour autant donner lieu au moindre débordement. Se réunir pour s’opposer fermement à l’antisémitisme, qui n’est pas une opinion, mais un délit sanctionné par la loi, et pour faire société autour de nos valeurs républicaines, tels étaient les buts atteints avec succès, ce dimanche matin à Haguenau. Ceci laissant dire à Philippe Spitz, qu’il y a la place en Alsace du Nord pour les mobilisations citoyennes (sic).

Plusieurs personnes, indisponibles à ce moment là, ont adressé des messages de soutien aux organisateurs. Ce qui de fait, accroît le nombre de celles et ceux se sentant concernés par ce rassemblement. C’est aux citoyens qu’il appartient prioritairement, de se créer leurs propres espaces de discussion et de coordonner leurs mobilisations, ceci en dehors de tout téléguidage et récupération opérés par des partis ou mouvements politiques. Tel est très certainement l’un des principaux enseignements à tirer de cette matinée, où l’humanisme a admirablement supplanté tous les autres «-ismes».

S’interroger sur les suites à y donner, car il est indispensable de ne pas en rester là, conduit à souligner l’impact positif de tels rassemblements, sur la prise de conscience de la nécessité de s’opposer activement à toutes les dérives extrémistes. Le dialogue entre citoyens, l’échange autour des diverses analyses, la verbalisation des ressentis sont autant de moyens d’élever le débat, là où certains calculs politiques voudraient sa radicalisation. Une radicalisation flattant les plus bas instincts, sans jamais apporter de réponses intelligentes, aux vrais ou faux problèmes mis en avant.