La montgolfière, une invention… portugaise.

Les frères Montgolfier eurent nombre de précurseurs, dont le prêtre portugais Bartolomeu Lourenço de Gusmão.

Bartolomeu Lourenço de Gusmão dans son cabinet de travail et à la cour de João V. Foto: Unknown Author / Wikimedia Commons PD / Benedito Calixto / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Portant par éponymie le nom de leurs présumés inventeurs, les montgolfières sont pour certains cocardiers un témoignage du génie français. Pourtant, à y regarder de près, les premiers vols de cet aérostat en Europe n’ont pas eu lieu au beau pays de France dans les années 1780, mais à Lisbonne sept décennies plus tôt.

C’est le prêtre Bartolomeu Lourenço de Gusmão (1685-1724) né au Brésil, qui en 1709, fit d’abord en intérieur les premières démonstrations de ballon à air chaud devant la haute noblesse portugaise, pour tenter la même année avec succès un vol inhabité depuis le pont de la Maison de l’Inde. L’aérostat prit de l’altitude et redescendit quelques minutes plus tard. Ce qui valu à son créateur d’être promu académicien et aumônier royal.

Un avenir radieux s’offrait à celui qui, connu pour sa mémoire prodigieuse, avait précédemment inventé en 1707 au Brésil, « un engin faisant monter l’eau à n’importe quelle distance ». Ses essais d’aérostats lui avaient donné l’idée d’une machine volante, capable de transporter 12 hommes à une distance de 200 miles nautiques en 24 heures, soit un peu plus de 370 km. Le roi João V l’autorisa à la construire, mais l’Inquisition, jugeant ce projet satanique, y mit fin en brûlant les documents de travail de ce prêtre si peu catholique.

Si peu catholique, car son parcours spirituel le conduisit de sa religion initiale, via la fréquentation des « cristãos novos », ces nouveaux convertis au christianisme surveillés de très près par l’Inquisition, à la conversion au judaïsme en 1722. C’est cette fréquentation assidue des « cristãos novos », la plupart issus du judaïsme, qui lui avait fait fuir Lisbonne par crainte de la délation. D’autant plus qu’un prêtre témoigna l’avoir entendu se prononcer contre l’infaillibilité pontificale et en faveur de l’accès à la connaissance des textes bibliques pour tous. Exilé en Espagne, il tomba gravement malade à Tolède et mourut à l’Hôpital da Misericórdia, réconcilié avec le christianisme.

Un parcours atypique pour un être atypique dont l’histoire des sciences et techniques retient également la création d’une machine apte à expulser l’eau qui submerge les embarcations, brevetée en Hollande en 1713. Il créa également une machine augmentant le rendement des moulins hydrauliques, brevetée au Portugal en 1724. La « Passarola », sorte d’aéronef en forme d’oiseau est une représentation fantaisiste de la machine volante de celui que certains surnommaient « Le Planeur », mais qui passionné de sciences, avait fait ajouter en 1718 à son nom, le patronyme de son précepteur qui l’y avait initié : le père Alexandre de Gusmão.

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