Une expédition ne manquant pas de piquant !

Au XIXe siècle, un anthropologue français échappa à la mort d’une surprenante façon, lors d’une mission d’étude à La Gomera.

Le Roque Cano domine Vallehermoso. Foto: Tamara k / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0ES

(Jean-Marc Claus) – L’anthropologue français René Verneau a, sur la fin du XIXe siècle, participé à des recherches aux Iles Canaries, dont il contribua à la rédaction du récit, dans un ouvrage collectif intitulé « Cinco años de estancia en las Islas Canarias ». Document de référence plusieurs fois réédité, ce livre est une précieuse source d’informations pour qui s’intéresse à cet archipel. Né en 1852, René Verneau a vécu cette expérience de 1884 à 1888, alors qu’il était dans la force de l’âge. Élément s’avérant important pour la suite, et probablement pas étranger à sa longévité, l’amenant à quitter ce monde peu avant la Seconde Guerre Mondiale.

Sur l’île de La Gomera, Vallehermoso, localité peuplée aujourd’hui de près de 2.900 habitants, connue notamment pour ses formations basaltiques nommées Los Órganos visibles depuis la mer, recèle bien des trésors archéologiques, historiques et culturels. La dominant, le sommet du Roque Cano permet d’accéder à une caverne nommée Cueva del Telar. A la recherche de traces des anciens peuples canariens, la mission archéologique ne découvrit rien d’intéressant dans cette cavité auparavant pillée et dont les pièces archéologiques qu’elle contenait, figurent peut-être dans quelque collection privée.

René Verneau Foto: Daimon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 1.0

René Verneau Foto: Daimon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 1.0

L’ascension du Roque Cano était déjà complexe en soi, car les concrétion basaltiques s’inclinaient au dessus des têtes des visiteurs. Un vieux chevrier familier du site les guidant, leur ouvrait la voie et les fit progresser à l’intérieur de cheminées naturelles comme des ramoneurs (sic). Un exercice des plus dangereux, car sans matériel de spéléologie ou d’escalade, ce qui leur avait permis de visiter plusieurs sépultures, sans intérêt majeur pour les moyens d’analyse de l’époque.

Arrivé à la Cueva del Telar, René Verneau fut frappé par la majesté des colonnes basaltiques et leur parfait ajustement, mais il n’y avait en son sein plus rien d’intéressant d’un point de vue archéologique, alors que le site fut une nécropole en son temps. Rappelons à cet égard que La Gomera est de l’archipel canarien, l’île sur laquelle les volcans sont éteints depuis le plus longtemps. Ceci expliquant l’existence et le développement sur son sommet, d’une magnifique forêt pluviale, et l’absence de risque volcanique en spéléologie.

Lors de la descente, avant d’atteindre l’une des cheminées ayant permis l’accès à la grotte, René Verneau eut la malchance de poser le pied sur une pierre qui en glissant, lui fit perdre l’équilibre. Ce qui provoqua sa chute dans le vide, sur une hauteur d’environ douze mètres, soit un immeuble à quatre niveaux hors-sol. Ses équipiers s’attendant à le trouver mort, le découvrirent couché sur un cactus, dont les longues épines lui avaient néanmoins causé plusieurs blessures, sans pour autant toucher d’organes vitaux. Comme il le rapporte dans son récit : « Je souffrais, certes, mais j’étais trop heureux de m’en être sorti avec si peu de dégâts pour me plaindre. ». Une belle leçon d’optimisme et de résilience.

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