Cacophonie franco-allemande et européenne à Pékin

La visite d'Emmanuel Macron et d'Ursula von der Leyen à Pékin devient une farce. Sans aucun mandat européen, les deux défendent des positions différentes dans leurs rencontres. L'Europe se présente dans toute sa beauté.

... à se demander si Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen n'auraient pas mieux fait de rester à la maison... Foto: Audiovisual Service European Commission / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Est-ce que Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron avaient préparé leur voyage en Chine ? Lorsque l’on considère les positions très différentes que les deux ont présenté à Pékin, on peut avoir des doutes. Si cette visite ne réussira pas de semer la zizanie entre les partenaires que sont la Chine et la Russie, Macron et von der Leyen ont au moins montré au monde entier que le « franco-allemand » n’existe plus que sur le papier et que l’Europe est incapable de parler d’une voix. A pleurer.

Après leurs entretiens avec l’homme fort de la Chine, Xi Jinping, von der Leyen a eu un tout autre discours que Macron. Pendant que von der Leyen a mis la Chine en garde pour que celle-ci ne livre pas d’armes à la Russie, « ni directement, ni indirectement, car armer l’agresseur serait contraire au droit international et pourrait ternir encore davantage les relations entre la Chine et l’Europe », la présidente de la Commission européenne a également rejeté le plan de paix présenté par la Chine en disant que ce plan « n’était tout simplement pas la voie à emprunter » et comme cerise sur le gâteau, elle a vivement conseillé à la Chine de ne pas oser attaquer Taïwan. Les prises de position d’Ursula von der Leyen, dans un pays où la « perte de la face » est le pire qui puisse arriver, les menaces de la présidente de la Commission européenne étaient carrément déplacées.

Autre son de cloche chez Emmanuel Macron qui lui, qualifiait le même plan chinois comme un « plan de paix intéressant ». Il n’aurait pas été possible de se concerter avant ce déplacement, au lieu de ridiculiser l’Europe et le « moteur franco-allemand de l’Europe » de la sorte ? A quoi servent tous les fonctionnaires et conseiller bruxellois et parisiens, s’ils n’arrivent pas à briefer Macron et von der Leyen avant leurs discussions avec Xi Jinping ?

Les objectifs de ce déplacement, à savoir pousser la Chine à mettre de la pression sur la Russie et calmer les tensions entre l’Europe et la Chine, n’ont pas été atteints. La parole européenne, allemande et française n’a plus de poids sur l’échiquier international et à Pékin, Macron et von der Leyen ont démontré au rand jour, toute la misère européenne actuelle. Tout le monde le comprend : si déjà la France et l’Allemagne n’arrivent pas à avoir des positions partagées sur les grands dossiers de notre époque, comment pourrait-on envisager d’élaborer des positions partagées par 27 états-membre ?

Menacer la Chine, comme l’a fait Ursula von der Leyen, ne fait que démontrer une perception faussée de la situation. Demander gentiment si la Chine ne veut pas calmer la Russie, comme l’a fait Macron, est aussi prometteur. Reste la question – pourquoi sont-ils allés en Chine ? Ils auraient mieux fait de rester à la maison, au lieu de donner une image tellement pitoyable de l’Europe à l’international.

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