Les « Querdenker » occasionnent jusqu’à 21.000 cas d’infection

Une étude de deux établissements des plus sérieux a démontré que deux manifestations des « Querdenker » en novembre 2020 aient causé jusqu'à 21.000 cas d'infections à la Covid-19.

Novembre 2020, Leipzig et Berlin. Les manifestations des "Querdenker" occasionnent jusqu'à 21.000 cas d'infection. Foto: Leonhard Lenz / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – On lit, entend et voit beaucoup de choses. Des experts de toute sorte, des responsables politiques, des consultants. Mais lorsque deux établissements comme le « Leibnitz-Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung » (ZEW) à Mannheim et l’Université Humboldt à Berlin (classée 101e meilleure université du monde dans le classement de Shanghai CWUR) publient une étude réalisée conjointement, il convient de la lire et de la considérer sérieusement. Cette étude indique que deux manifestations des « Querdenker » au mois de novembre 2020 à Berlin et Leipzig aient causé jusqu’à 21.000 infections Covid-19.

Les « Querdenker », ce sont ces manifestants qui, l’année dernière, avaient organisé des manifestations dans plusieurs grandes villes allemandes, pour demander tantôt la démission d’Angela Merkel, la fin des mesures sanitaires et à ce que le reste de la population « se réveille ». Les manifestants, un mélange explosif d’ultra-nationalistes, néonazis, citoyens « inquiets », ésotériques, personnes niant jusqu’à l’existence même du virus, complotistes de toute sorte, avaient manifesté sans masques et sans distances sociales. Les manifestations s’étaient alors systématiquement soldées par des affrontements avec les forces de l’ordre, jusqu’à ce que les tribunaux commençaient à interdire ces manifestations, estimant qu’elles mettaient en danger la santé d’autrui. Et ils avaient raison.

L’étude arrive à la conclusion que si ces deux plus grandes manifestations à Berlin et Leipzig n’avaient pas eu lieu, on aurait pu éviter entre 16.000 et 21.000 infections Covid-19. Pour cette étude, les scientifiques avaient examiné les taux d’incidence dans les districts (Kreise) d’où étaient originaires de nombreux participants à ces manifestations. Il était possible de déterminer l’origine des manifestants, car les organisateurs avaient mis en place un service de bus national qui transportait les manifestants de tout le pays à Berlin et Leipzig (« Honk for Hope ») et il suffisait de relever les villes et villages où ces bus avaient fait monter des manifestants. L’examen des taux d’incidence dans ces districts a ensuite montré une forte augmentation des cas d’infection pendant la période d’incubation qui suivaient ces manifestations.

Les scientifiques ayant conduit cette étude arrivent à la conclusion que les deux manifestations étaient des « superspreader events », des foyers particulièrement virulents. Peu étonnant. Lorsque les dizaines de milliers de personnes manifestaient au mois de novembre, ils refusaient de porter un masque et ne gardaient aucune distance entre eux, criant haut et fort que le virus n’existe pas, qu’on ait aboli la démocratie et qu’Angela Merkel devrait démissionner.

Cette étude pose bon nombre de questions. Est-ce que ces manifestations étaient réellement couvertes par le droit à la libre expression et le droit de manifester ? Les organisateurs ne peuvent pas clamer de ne pas avoir été au courant des risques – leurs manifestations avaient justement comme but de nier les informations largement disponibles sur la nécessité de respecter les mesures sanitaires et les participants avaient, eux, sciemment transgressé les règles en vigueur. Est-ce qu’il n’y a pas un parallèle avec la prise du Capitole à Washington par les disciples de Donald Trump et l’organisation de ces manifestations qui, selon cette étude, ont fait entre 16.000 et 21.000 blessés ? Dans les deux cas, les instigateurs de ces événements avaient appelé leurs « troupes » à transgresser la loi. Tout comme les Etats-Unis mènent maintenant une procédure de destitution contre l’ancien président, il conviendra également d’examiner ces deux manifestations au niveau juridique.

Diffuser sciemment ce virus, ne peut pas être autorisé comme forme d’expression. Il faut espérer que la Justice trouve la bonne appréciation des actions des « Querdenker » – il est inconcevable que ces gens puissent contaminer d’autres personnes en toute impunité. Depuis de longues années, les personnes qui transmettent sciemment le virus du HIV, sont pénalement poursuivis. Il n’y a aucune raison de procéder différemment en ce qui concerne les gens qui transmettent le SARS-CoV-2. Il ne faudra pas seulement endiguer le virus et ses variants, mais il devient également urgent de s’occuper sérieusement de l’état mental de certaines franges de la population.

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