Des retrouvailles et un divorce

Juste avant la séance constitutive du nouveau Conseil Municipal de Strasbourg, Jeanne Barseghian et Catherine Trautmann se sont retrouvées. Et l'histoire d'amour à droite est déjà finie.

Samedi, après son élection, Jeanne Barseghian a expliqué les grandes lignes de son mandat. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Pour une surprise, c’était une surprise. Quelques heures avant la séance constitutive du nouveau Conseil Municipal de Strasbourg, Jeanne Barseghian et Catherine Trautmann ont donné une conférence de presse pour annoncer que la liste du PS allait rejoindre la majorité verte au Conseil Municipal. Une bonne nouvelle pour ceux qui, avant le deuxième tour de ces élections municipales, avaient espéré un ticket Barseghian-Trautmann. En même temps, l’histoire d’amour à droite, entre Jean-Philippe Vetter et Alain Fontanel, est déjà finie – les deux se sont présentés le soir au Conseil comme chef de file de leur groupe respectif.

Côté gouvernance de la ville, Jeanne Baseghian a lancé un signal fort : en ouvrant l’exécutif au PS de Catherine Trautmann, elle fait taire tous ceux qui craignent un « sectarisme vert » imaginaire qui, lui, n’est que le fruit des angoisses de ceux qui viennent de comprendre qu’il faudra refaire son carnet d’adresses et qui viennent de perdre leurs « réseaux » à la ville. L’intégration du PS dans la nouvelle majorité se concrétise par l’attribution d’un poste d’adjoint à Céline Geissmann, issue de la liste de Catherine Trautmann. Céline Geissmann sera en charge de la « Ville numérique et innovante ». En plus, un ou une représentant.e de la liste de Catherine Trautmann co-présidera l’importante commission « Finances et Budget municipal ». Pour Jeanne Barseghian, ces retrouvailles permettront « de dépasser les clivages » pour instaurer une culture de dialogue – pour le bien de la ville.

L’élection de la nouvelle maire et des 19 adjoints était rapide – et un moment de grandes émotions. Les participants à cette séance le sentaient bien, il s’agissait d’un moment historique pour la ville de Strasbourg. La déclaration de « l’état d’urgence écologique » montre bien où le nouvel exécutif veut aller : vers une ville plus propre, plus sociale, et une ville qui mènera une politique durable.

Maintenant, il s’agira d’abord de faire face aux crises actuelles – et le nouvel exécutif s’y attellera immédiatement. Sans oublier la dimension européenne de la ville, puisque Jeanne Barseghian s’est une nouvelle fois positionnée très clairement pour le siège du Parlement Européen à Strasbourg, ce qui devrait aussi couper court aux ragots que l’on entend dans la ville, et qui disent que la nouvelle maire serait hostile au rôle européen de Strasbourg, ragot dépourvu de tout fondement.

Ceux qui ne se sont toujours pas faits à l’idée que la ville sera désormais dirigée par les Verts, craignent surtout pour leurs propres intérêts. Beaucoup de choses se sont négociées derrière des portes fermées ces dernières années, les réseaux avaient fonctionné de manière huilée. Mais les « magouilleurs » ne sont plus là, les fonctionnaires qui tiraient les ficelles à la Place de l’Etoile seront remplacés et une ère nouvelle a commencé samedi à Strasbourg.

Consciente de la crise démocratique actuelle, Jeanne Barseghian relève aussi un autre défi : celui de faire revenir les citoyens et citoyennes dans la politique locale. Le taux d’abstention lors des deux tours de ces élections municipales bizarres est un signal clair – le clivage entre la population et la politique constitue un véritable danger pour la démocratie.

L’histoire d’amour à droite semble déjà être finie. Alain Fontanel et Jean-Philippe Vetter s’exprimaient samedi soir à l’hémicycle chacun pour son groupe ; donc, les « valeurs communes » n’ont pas tenu longtemps. Même si cette opposition ne comptera que 11 élus, la nouvelle maire a annoncé vouloir l’intégrer davantage dans le processus politique – à la droite d’adopter une attitude constructive et de partenariat, c’est ce que les Strasbourgeois attendent maintenant du nouveau Conseil Municipal.

Et maintenant – au travail !

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