Des vaccins, mais pas que…

Réflexions d’un soignant sur la campagne de vaccination, dans un contexte où le virus tend à s’installer, et la contestation à s’amplifier.

Puisque le virus s’installe... Foto: Donald Trung Quoc Don / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Ambroise Krystŏff) – Un soignant, ne pouvant être qualifié d’antivax et d’antipass, s’interroge sur la communication relative à la campagne de vaccination, et invite à chercher de l’information dans les réseaux sociaux, ailleurs que sur les comptes les plus fréquentés.

     Puisque nous en sommes là,
             et le virus aussi…

Cette pandémie, qui n’a visiblement pas assez tué de nos concitoyens, pour qu’elle soit prise au sérieux par l’ensemble de nos contemporains, pose d’autant plus problème que le virus, dans ses multiples déclinaisons, tend à vouloir s’installer durablement. Quoi que, le virus ne faisant pas partie du monde des êtres vivants, le doter d’une volonté propre, relève de l’absurde. Par contre, la communication procédant de la volonté, pour au moins sa partie consciente, il y a tout lieu de se questionner sur celle qui anime et sous-tend l’actuelle campagne de vaccination anti-covid.

Vaccination à laquelle l’auteur de ces lignes n’est en rien réfractaire, puisqu’il s’est fait librement vacciner. Par contre, il s’interroge sur les clips et les visuels employés pour inciter ses concitoyens, dont aussi ses collègues soignants, à se faire vacciner. C’est un peu comme si on assistait à un remake de la campagne où il y a quelques années, il nous était dit avec une voix suave : « Bienvenue dans un monde meilleur ! ». Après le « nouveau monde » de 2017, voilà revenu en 2021 le « monde meilleur » de 2000. Tout cela a quand même comme un goût de réchauffé…

Oui, il faut faire campagne pour inciter nos concitoyens à la vaccination, mais le vaccin est un outil parmi d’autres permettant de vaincre la pandémie. Quid de la recherche, en matière de traitements ? Quid de l’augmentation du nombre de lits d’hospitalisation, avec leur armement en matériel et personnels ? Quid des mesures de prophylaxie, devant rester en usage et pourquoi ? Ne parlons même pas de la levée des brevets sur les vaccins, à laquelle s’opposent les gouvernants de la plupart des pays, alimentant ainsi de facto, des doutes légitimes allant jusqu’aux délires les plus complotistes.

Autant les clips et visuels de l’hiver dernier, incitant à maintenir la distanciation physique, étaient particulièrement parlants en termes de prophylaxie et de santé publique, autant les actuels où l’on voit des gens quasiment renaître après une injection, se mélanger et se toucher à qui mieux-mieux sur toile de fond d’Independance Day made in France, laissent pour le moins songeur. Ce n’est pas d’une campagne publicitaire, de type agence de voyage façon Trigano, dont nos concitoyens ont besoin. Pas plus de que de buzz et d’action coup de poing, sur tel ou tel réseau social !

A défaut de recevoir des informations un tant soit peu objectives, car reposant sur des analyses scientifiques, le grand public part à la pêche sur le web, et principalement les réseaux sociaux. Comme chacun devrait le savoir, c’est là que couvent en permanence et se multiplient à l’envi, infox et intox. Plus c’est gros et mieux ça passe, tandis que les communications scientifiques se font laminer par des publications d’immunologistes et d’infectiologues autoproclamés, sans compter ceux dûment diplômés par la faculté de médecine qui se laissent emporter par le maelström complotiste.

Comme lorsque l’on pointe le doigt vers quelqu’un ou quelque chose, il y en a forcément toujours trois autres de la même main qui se tournent vers soi, il n’est pas donc ici question de s’en tirer à la Ponce Pilate. Ainsi, l’auteur de ces lignes tenant à faire sa part, fût-ce celle du colibri, vous invite à jeter plus qu’un œil sur les comptes Facebook, en mode vulgarisateur, mais pas simplificateur de « To be or not Toubib » et de « Hervérifie », de même qu’en mode humoristique, mais non rigolard de « Vie de Carabin ».

Cette campagne de vaccination, aux allures de campagne pré-électorale par certains côtés, de même que ces mouvements antivax et antipass, se projetant de façon parfois belliqueuse vers le printemps 2022, sentent à la fois le pâté et le sapin. Le climat social délétère dans lequel nous vivons, s’apparente au clivage réalisé au sein de la société américaine, par celui qui voulait « make america great again ». Saurons-nous en France nous montrer moins manichéistes et simplistes, en faisant corps pour favoriser la vaccination et obtenir la levée des brevets sur les vaccins, soutenir la recherche de thérapies et exiger l’augmentation du nombre de lits d’hôpitaux avec leur armement en matériel et personnels ?

Tribune rédigée par Ambroise Krystŏff, soignant provax, mais pas que…

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