La responsabilité sanitaire devient individuelle

Dans de nombreux pays, on annonce la fin de toute mesure sanitaire. Les états sont allés jusqu’où ils pouvaient aller – maintenant, chacun doit se protéger comme il peut.

Comme aux Pays-Bas, il serait judicieux d'inviter les gens à continuer d'appliquer les gestes-barrière là où c'est nécessaire. Foto: MartinD / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La Grande Bretagne, pourtant fortement touchée par le variant Delta, abolira le 19 juillet, l’intégralité de ses mesures sanitaires. Malgré la circulation de ce variant Delta, Boris Johnson a annoncé le « retour au mode avant-Covid », tout en qualifiant cette mesure de « grande expérience ». Même son de cloche en Allemagne où le ministre des affaires étrangères Heiko Maas, a demandé la même chose, « à partir d’Août ». Et il arrive ce que de nombreux observateurs ont vu venir depuis des mois – désormais, il incombe à tout un chacun de se protéger soi-même et les autres ou bien, de vivre avec les conséquences. Si on comprend aisément que les états sont arrivés au bout de ce qu’ils peuvent faire pour leurs populations, il serait tout de même judicieux d’adopter une autre communication.

En suggérant que la pandémie soit maintenant sous contrôle, la communication officielle berce les populations dans cette sensation agréable que désormais, il ne faut plus faire attention. Déjà le terme « mode d’avant-Covid » est dangereux, car il engendre un relâchement massif, en faisant croire aux gens qu’il ne faut plus se protéger. Mais c’est faux – une « bonne » communication devrait informer les populations qu’il sera crucial de maintenir des gestes-barrière, le port du masque dans des endroits clos, l’hygiène accrue, pour assurer un niveau de protection nécessaire. Car la pandémie n’est pas finie, seulement, la responsabilité change de camp et ça, il faudrait le communiquer clairement.

Les états, à des niveaux différents, ont fait ce qu’ils ont pu faire. Soutien de l’économie, chômage partiel, campagnes de tests et de vaccinations, confinements et une information en continu – mobilisant des fonds pharaoniques pour la protection des populations. Mais toutes ces mesures ne serviraient à rien si elles ne sont pas respectées par les populations. Plusieurs études de grandes universités ont démontré que l’application de ces mesures a sauvé bon nombre de vies et tant que le virus et ses variants rôdent dans les parages, le maintien de ces mesures serait primordial.

Bien sûr, le retour vers des activités « normales » est incontournable pour sauver l’économie et dans le sillage, une paix sociale déjà fragilisée avant la pandémie. Mais le passage de la responsabilité sanitaire de l’état vers l’individu, aussi compréhensible qu’il soit, devrait être communiqué clairement. Le message que l’on reçoit actuellement, est « tout va bien, bonnes vacances et inutile de continuer à faire attention ! » et ce message est carrément dangereux.

Le « vrai » message devrait être « On a fait ce qu’on a pu, mais pour contenir cette pandémie, maintenant, vous devez prendre le relais, vous devez vous protéger vous et les gens autour de vous et pour cela, il est important de maintenir les gestes qu’on applique déjà depuis un an et demi. Si vous ne les respectez pas, vous le faites à vos propres risques et périls. »

Mais les premières images des centres de vacances parlent une toute autre langue – on fête le retour à la « normalité » et généralement, on ne fait plus attention à des choses comme le port du masque dans des endroits clos ou sur-fréquentés.

Aucun pays ne pourra se permettre une « quatrième vague » – un réconfinement constituerait le coup de grâce pour de nombreux secteurs d’activités, engendrant un tsunami économique. Dans ce contexte, il est incompréhensible d’abolir toutes les mesures sanitaires, sans donner en même temps, des instructions claires quant aux comportements individuels. Le message « ça y est – on a vaincu la pandémie » est trompeur et pourrait mener tout droit à ce que tout le monde souhaite éviter – cette « quatrième vague » qui se dessine déjà un peu partout et qu’on ne saurait éviter qu’à condition que les gens ne relâchent pas tous les efforts sanitaires. Responsabiliser l’individu, c’est compréhensible et même indiqué, mais à ce moment-là, il faut le faire avec une communication honnête et claire. Espérons que les gens comprennent la situation malgré cette communication officielle, pour que la rentrée ne soit pas à nouveau catastrophique.

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