Donald ? Hillary ? Victoria !

Déjà en 1872, les Etats-Unis auraient pu élire une femme comme présidente – mais Victoria Woodhull était trop en avance sur son époque. Pourtant, elle aurait fait une excellente présidente…

Ce sont des gens comme Victoria Woodhull qui manquent aujourd'hui en politique... Foto: Nosrednaharas / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Quel personnage, cette Victoria Woodhull ! Première candidate à la présidence américaine en 1872, elle s’était présentée à un moment où il fallait attendre encore 40 ans avant que les femmes puissent voter aux Etats-Unis. Le credo de Victoria Woodhull était simple – les Etats-Unis ne peuvent pas se priver de l’apport de la moitié de sa population (donc, des femmes) dans la vie politique. Et d’autres positions qu’elle défendait, étaient intéressantes aussi, comme le concept de « l’amour libre ».

L’Histoire est cruelle, elle a failli effacer la trace d’une femme exceptionnelle. Lorsque l’on regarde aujourd’hui les résultats des élections présidentielles aux Etats-Unis en 1872, on ne trouve que deux noms – celui du vainqueur Ulysses Grant (qui gagnait avec 55,60% des votes) et celui de Horace Greeley (qui perdait avec 43,80% des votes). Mais en additionnant les votes des deux candidats, on arrive qu’à 99,4% – les 0,6% ont failli tomber dans l’oubli. Pourtant, ces 0,6% reviennent à celle dont plus personne ne parle – Victoria Woodhull, la femme qui aurait pu être la première présidente des Etats-Unis. Petite anecdote – le jour des élections, Victoria Woodhull était en prison et les responsables refusaient de compter ses votes. Mais puisqu’il manquait 0,6% des votes qui n’avaient pas été donnés aux deux candidats masculins, on connaît quand même son score…

Elle était diseuse de bonne aventure, elle négociait des actions à la bourse, elle éditait des livres et transgressait régulièrement toutes les conventions en exerçant des métiers réservés aux seuls hommes. Et elle ne défendait pas seulement le droit de vote des femmes (qui allait être introduit seulement en 1920 aux Etats-Unis), mais l’égalité tout court. Cette attitude égalitaire irritait les hommes à l’époque, surtout son approche à la « Free love », l’amour libre. « Pourquoi », demandait Victoria Woodhull, « est-ce qu’on accepte que les hommes trompent leur femme et non pas lorsque les femmes trompent leur homme ? » – et par conséquent, elle défendait cette idée du « Free love », un sujet encore d’actualité aujourd’hui.

Victoria Woodhull faisait partie de l’Internationale Communiste et c’est Karl Marx en personne qui l’a exclue du mouvement communiste – ses idées sur l’amour libre choquaient même les esprits les plus modernes à l’époque. Frustrée par le rejet qu’elle vécut aux Etats-Unis, Victoria Woodhull s’exila en Grande Bretagne où elle fonda en 1892 le journal The Humanitarian. Elle s’éteint en 1927 à l’âge de 89 ans.

Et quand on feuillette sa biographie, on se demande pourquoi des gens de telle qualité ne font plus de la politique de nos jours. Ce sont des visionnaires courageuses comme Victoria Woodhull qui pourraient constituer une réponse à la morosité politique du 21e siècle. Dommage que nous n’ayons plus de Victoria Woodhull aujourd’hui, ni aux Etats-Unis, ni en Allemagne, ni en France. Pourtant, on en aurait besoin plus que jamais…

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