Du Proche Orient philistin…

Quid des premiers habitants de ce territoire dont la Palestine tient son nom ? En quoi est-ce important de mettre en perspective l’actualité avec ces temps très anciens ?

Cette terre dite promise, pour laquelle le sang a déjà beaucoup trop coulé... Foto: Eric Gaba / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Alors que le mouvement terroriste Hamas, soutenu notamment par des politiques d’extrême-gauche, revendique l’intégralité du territoire, via un projet d’anéantissement d’Israël et la fondation d’un état islamique, les tenants du Grand Israël, soutenus notamment par des politiques d’extrême-droite, ambitionnent un retour au temps biblique de la grandeur de la nation juive. Enferrés dans leurs partis pris purement idéologiques, aucun des protagonistes ne tient compte d’une réalité pourtant historique et communément admise. A savoir que les Philistins, premiers occupants de la région, n’étaient ni juifs ni musulmans.

Si nous sommes bien en l’année 5782 du calendrier hébraïque remontant à la création du monde (selon la Bible), l’histoire du peuple juif pour les traces que l’archéologie en relève, commence environ 1.200 ans avant l’ère chrétienne, soit il y a quelque chose comme 3.223 ans. Pour le calendrier hégirien, qui débute au moment où Mahomet s’enfuit à Médine, soit en l’an 622 de l’ère chrétienne, nous sommes en l’an 1445. Or, les Philistins qui ont vécu sur cette terre que revendiquent Palestiniens et Israéliens, n’étaient pas plus juifs que musulmans, car leur civilisation remonte bien avant le judaïsme et l’islam.

Une remarque valable aussi pour le monde chrétien, qui, de 1096 à 1272, a lancé pas moins de 9 croisades sur ce point chaud de la géopolitique mondiale. Soit 26 années d’expéditions punitives en 176 ans, sans compter les multiples escarmouches et même batailles intercurrentes. Cette terre dite sainte que se déchirèrent alors tour à tour les tenants des trois monothéismes, avec sa capitale Jérusalem pour qui personne ne voudrait donner sa vie si, comme l’avait dit André Chouraqui, elle se nommait Pomponico, a eu pour premiers habitants des peuples polythéistes. Notamment les Philistins qui s’y sont établis dès la fin du second millénaire avant l’ère chrétienne, et le peuple hébreu à la quête de sa Terre Promise, les en a délogé par des guerres de conquête, relatées dans les textes bibliques où il est question du Pays de Canaan regroupant la Palestine et la Phénicie.

Aujourd’hui, sur cette terre pour laquelle le sang a déjà beaucoup trop coulé, des atrocités ont été commises et se commettent encore, au nom d’idéologies politico-religieuses. Revenir à l’origine du peuplement de ces territoires, permettrait de quelque peu refroidir les esprits échauffés par un nombrilisme malsain, et rendrait enfin audible les voix de ceux qui appellent à la paix via la solution à deux états, actuellement plus que jamais compromise. Ce qui ne revient pas à renvoyer dos à dos Israël et le Hamas, car mettre au même niveau une démocratie, fut-elle contestable quant à ses actuels dirigeants, et un mouvement terroriste sanguinaire prenant en otage des populations, témoigne d’une profonde indigence intellectuelle.

Lors de la liquidation d’une succession, pour employer le lexique notarial neutre par nature, les différents héritiers doivent admettre que l’objet du partage leur vient de tiers, avec qui ils ont ou n’ont pas un lien familial. Mais en aucun cas, ce qu’ils vont hériter leur appartient déjà. Ainsi, la solution à deux états, dont l’origine remonte à la commission Peel (1936-1937), donc avant la création de l’État d’Israël (1948), ne peut être applicable et ensuite rester viable, que si au moins deux conditions préalables sont réunies.

En clair  :

- les territoires palestiniens libérés de l’emprise du Hamas, qui comme nous le voyons, ne recule devant aucune barbarie et communique habilement pour rallier à sa cause bien plus que les pays dits musulmans.

- Israël libéré de l’emprise du Likoud, qui pour se maintenir au pouvoir ne recule devant aucune alliance nauséabonde, et poursuit impunément son programme illégal de colonisation des territoires palestiniens.

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