Et pourquoi pas Le Pen à la Fête de l’Huma ?

Mais elle y serait reçue tout autrement qu’au Panthéon !

« Lorsque le fascisme viendra aux Etats-Unis, il sera enveloppé dans le drapeau et portera une croix »... Foto: Robert F. W. Whitlock from Olympia, Washington / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Alors qu’il y a une semaine, elle avait eu la décence de ne pas paraître Place Vendôme, car Élisabeth Badinter ne souhaitait pas voir de personnalités RN et LFI à l’hommage national dédié à son défunt mari, Marine Le Pen s’est tout de même rendue hier au Panthéon, bien qu’Emmanuel Macron ait affirmé que « les forces d’extrême-droite seraient inspirées de ne pas être présentes ». Mais que vaut la parole d’un président qui, tout en se présentant comme la seule alternative à l’extrême-droite, développe des politiques favorisant sa montée en puissance ?

Le barrage républicain ne tiendra plus très longtemps, car comme on l’a vu lors de la séquence de la loi dite immigration, l’extrême-droite gagne la bataille des idées et assoit progressivement son hégémonie culturelle. Une démarche typiquement gramsciste, les nationalistes s’inspirant souvent de la gauche, mais tordant odieusement ses principes fondamentaux, comme au temps du national-socialisme, qui n’avait absolument rien de socialiste mais par contre, était ultra-nationaliste.

L’épisode du Club Jean Moulin à Science Po Paris, n’était pas un épiphénomène. Quand en 2016, voulant prouver la supposée inexistence du clivage droite-gauche, Thomas Laval, président de l’association étudiante Front National à Sciences Po Paris, disait « Aujourd’hui, le Front National incarne les valeurs que représente Jean Moulin. C’est celui qui a réussi à rassembler des patriotes français de tous bords politiques, et c’est exactement ce qui se passe au Front National », il passait discrètement sous silence, l’appartenance politique de ceux qui ont porté son parti sur les fonts baptismaux.

Qu’elle se nomme Front National, comme au temps où ellevola cette appellation au mouvement de résistance communiste créé en 1941, ou Rassemblement National comme elle avait déjà nommé son groupe parlementaire en 1986, l’extrême-droite procède encore et toujours de cette même « soupe vichyssoise » qui fit les beaux jours de la collaboration, permettant aux nazis, grâce à sa police et à sa milice, de déporter les juifs et de traquer les résistants.

« Ceux qui oublient le passé sont condamnés à le revivre. », affirme cette fameuse citation attribuée à de multiples auteurs, dont Karl Marx et Winston Churchill. Or, l’extrême-droite, tant en France qu’ailleurs en Europe, a tout intérêt à faire oublier son passé aux électeurs, alors qu’en son sein, certains le glorifient plus ou moins discrètement. Peut-on assister sans vergogne à la panthéonisation des Manouchian, tout en valsant à Vienne dans un bal organisé par un vivier de néonazis ? Assurément oui, car à l’instar des pervers, l’extrême-droite ne connaît pas la honte.

Mais de perversion, il n’y en a pas qu’à l’extrême-droite prétendant défendre l’ouvrier mais en réalité à la botte du capitalisme, car la supposée inexistence du clivage droite-gauche ou plus exactement son dépassement, figurent aussi dans la rhétorique macroniste dès ses débuts. Alors bien sûr, Emmanuel Macron se montre bien plus subtil, car ne se référant pas au « Ni droite, ni gauche », qui comme le démontre clairement Zeev Sternhel, procède d’une idéologie fasciste bien française, il se positionne dans un racoleur « En même temps », qui n’est en fait « Ni de gauche, ni de gauche », mais très à droite et parfois bien maladroit.

Si 2027 voit l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite en France, qui renouera alors avec « Travail – Famille – Patrie » au détriment de « Liberté – Égalité – Fraternité » et armera une milice pour seconder la police, les dix années de pouvoir macroniste qui auront précédé cela, n’y seront pas étrangères, tout autant que les multiples divisions de la gauche et la lente dérive extrémiste de La France Insoumise. Alors entreront au Panthéon Philippe Pétain, Philippe Henriot, Jacques Doriot, Charles Maurras et Marine Le Pen y aura alors sa place, non plus en tant qu’invitée dont on souhaite ne pas la présence, mais comme maîtresse de cérémonie. Quant à la Fête de l’Huma, aura-t-elle encore droit de cité ?

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