Eurometropole et Région : «Nous nous sommes mis au travail !»

Pendant que un petit mouvement qui pense défendre les intérêts de l’Alsace continue à manifester, d’autres sont en train de construire l’avenir de la région.

Le Président de la CUS et de la future Eurométropole rédigera avec Eurojournalist(e), une série expliquant cette Eurométropole à la région. Foto: Isabelle Frimat

(KL) – Le 1er Janvier 2016, la Communauté Urbaine de Strasbourg deviendra «l’Eurométropole». De quoi s’agit-il ? D’un simple changement d’appellation ? Loin de là. Cette nouvelle entité administrative disposera de nouvelles compétences, pourra dynamiser la région et augmenter le rayonnement international de la région. Nous voulions en savoir plus. Interview avec Robert Herrmann, le Président de la CUS et à partir du 1er Janvier, Président de l’Eurométropole.

Robert Herrmann, actualité oblige – après le vote concernant la fusion des régions, on a l’impression que l’Alsace commence seulement maintenant à comprendre que les jeux sont faits. Estimez-vous qu’il y aura encore un débat sur la nouvelle configuration des régions ?

Robert Herrmann : Non. Il n’y aura plus de débat. Concernant les régions, il fallait trouver un équilibre au niveau national. Si nous aussi, on aurait préféré une solution Alsace-Lorraine, la question est désormais derrière nous. Il convient maintenant d’arrêter d’insulter les Lorrains et les Champenois et de cesser de laisser entendre qu’ils ne méritent pas d’être associés à l’Alsace. Pendant que certains manifestent et continuent à refuser cette évolution, d’autres sont en train de préparer l’avenir de l’Alsace en se mettant au travail…

Vous n’avez jamais caché votre préférence pour une Région Alsace – comment se fait-il que le gouvernement n’ait pas tenu compte de la position du PS en Alsace, ni du vote au Sénat ?

RH : Pour mener à bien cette réforme territoriale, il fallait réduire le nombre de régions et trouver un équilibre territorial. A partir du moment où la Picardie a été associée au Nord, il était assez logique de créer la nouvelle région à l’Est de la France.

Actuellement, on entend des Grands Electeurs lorrains et champenois remettre en question le statut de Strasbourg comme «capitale» de cette nouvelle super-région. Cela vous inspire quoi ?

RH : Il s’agit d’une erreur stratégique. Les territoires sont tous portés par les grandes métropoles. Il ne s’agit pas de nier le rôle des autres grandes villes de cette nouvelle région, comme Metz ou Reims, mais dans cette région, il y a une ville qui est connue mondialement – et c’est Strasbourg. En même temps, cette région possède aussi un produit qui est connu dans le monde entier – le Champagne. Donc, associons nos forces pour le bien de toute cette région !

Vous parliez des «métropoles». Justement – le 1er Janvier 2015, la Communauté Urbaine de Strasbourg, la CUS, fera partie du passé et mue en «Eurométropole». Quelles en seront les nouvelles compétences ? A quoi ressemblera cette «Eurométropole» ?

RH : Cette nouvelle structure aura un rôle de coordination et de concertation avec les villes et les agglomérations. Elle sera la locomotive du territoire et assumera ce rôle dans un échange respectueux avec l’ensemble des structures de ce territoire…

… donc, on ne change pas seulement l’étiquette…

RH : La liste des nouvelles missions est longue – l’Eurométropole jouera un rôle important dans le développement économique, mais aussi dans la gestion des Pôles de Compétences et à d’autres niveaux.

Lesquels ?

RH : L’Eurométropole interviendra dans des dossiers aussi divers que l’environnement, la gestion des équipements culturels et sportifs, les infrastructures, le social, la gestion des lycées et bien d’autres domaines…

Et nous qui pensions qu’il ne s’agissait que d’un changement d’appellation…

RH : Monsieur Littmann, si le sujet vous intéresse, vous et vos lecteurs, je suis prêt d’apporter un éclairage sur les futures missions de l’Eurométropole…

… dans le cadre d’une mini-série sur Eurojournalist(e), sujet par sujet ?

RH : Parfaitement ! Nous mettrons dès cette semaine toutes les informations utiles à votre disposition et je soutiendrai personnellement la rédaction de cette série !

Nous vous prenons au mot, Robert Herrmann, en vous remerciant ! Mais nous ne pouvons pas terminer cette interview sans vous poser une dernière question. Au début de votre mandat, vous aviez annoncé la mise en place d’un Conseil de Développement, comportant aussi des membres éminents de la société civile, pour faire avancer les évolutions en cours. On en est où ?

RH : En effet, ce Conseil verra rapidement le jour et permettra d’associer aussi des experts allemands pour travailler ensemble sur les questions qui concernent toute notre région transfrontalière. Nous sommes déterminés à progresser aussi au niveau de la gouvernance, et ce Conseil de Développement sera l’un des éléments qui permettront de travailler efficacement sur ces sujets.

Robert Herrmann, merci pour cet entretien et nous sommes heureux de pouvoir éditer avec vous cette série «La nouvelle Eurométropole». Puisque vous vous engagez de la sorte, nous vous promettons de publier cette série également en langue allemande, pour que tous les habitants de notre région puissent apprendre comment cette nouvelle Eurométropole travaillera pour eux !

13 Kommentare zu Eurometropole et Région : «Nous nous sommes mis au travail !»

  1. Espérons donc activement que STRASBOURG saura TRAVAILLER comme l’EUROMETROPOLE – qu’elle est par sa nature, par sa culture, et qu’elle doit pleinement devenir par les synergies en cours – AVEC les HABITANTS : avec ceux de la GRANDE REGION à laquelle elle appartiendra comme de la RHENANIE SUPERIEURE dont elle forme depuis toujours la tête de pont et le fleuron si elle veut TRAVAILLER POUR eux, et d’abord pour les LARGES-VUES qu’implique et que réclame l’EUR-OPE de manière urgente autant que vitale !

  2. Espérons que l’Eurométropole pourra en partie compenser les dégats que fera la grande région en terme de proximité et de partenariat franco-allemand…

    J’ai d’ailleurs toujours du mal à comprendre la jubilation que cette histoire provoque chez M. Littmann, étant donné l’impact potentiel (mais hautement probable) que cette nouvelle donne aura sur les projets transfrontaliers, ces derniers ne concernant plus bientôt qu’une frange très minoritaire de la population de cette “région”.

    • Je pense que l’évolution actuelle ne doit pas impacter la coopération transfrontalière. Il faudra veiller à ne pas s’adonner à une sorte de négativisme généralisé qui pourrait alors paralyser l’Alsace. Un moment donné, il faudra aussi regarder vers l’avant.

  3. Un texte de lois dans le cadre de la réforme territoriale est en cours d’élaboration au Sénat, bien que le gouvernement soit réticent, pour permettre de garder le même niveau de dotation de la part de l’Etat pendant trois ans en plus pour les conseils généraux qui fusionnent entre eux. Cela serait une belle opportunité pour une fusion des conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, histoire de recréer une collectivité locale qui s’appellerait Alsace au sein de cette grande région!
    Avec le droit d’option pour les départements, il serait même possible de recréer l’Alsace historique en fusionnant avec le conseil général du Territoire de Belfort.

  4. Yveline MOEGLEN // 11. Dezember 2014 um 1:23 // Antworten

    L’Eurométropole pourrait être renforcée grâce au nouveau découpage régional…
    La coopération transfrontalière est bien mais pas suffisante..
    C’est bizarre qu’on ne parle plus du tout de la “banane bleue” ….

    • Au contraire, actuellement la position de Strasbourg devient de plus en contesté…et de toute façon, la ville qui sera la capitale régionale n’aura aucune incidence sur la politique menée par les élus de cette région : le poids démographique de la nouvelle région étant très nettement à l’extérieur de la banane bleue, les élus seront bien éloignés des enjeux transfrontaliers…Cependant, l’Eurométropole pourra peut-être contrebalancer un peu cet effet négatif.

      Et si la coopération transfrontalière n’est effectivement pas suffisante, elle est en tout cas vitale pour l’Alsace.

  5. D’après ce que j’ai compris lors de cet entretien avec Robert Herrmann, le territoire alsacien s’orientera sur des entités comme la “banane bleue” qu’évoque Yveline Moeglen à juste titre. Le poids que représente le Rhin Supérieur est énorme et il convient de prendre un peu confiance en nous. Le rayonnement international, l’attractivité de toute la région, peuvent augmenter avec cette Eurométropole. L’Alsace, même dans une autre configuration administrative, est éternelle et le risque de tomber dans une sorte insignifiance, est minime. Il suffit que tout le monde travaille avec une attitude positive dans la bonne direction – regardez un peu les nombreuses initiatives en vue d’un marché de l’emploi et de la formation transfrontalière. Il y a vraiment des évolutions positives que l’on ne devrait pas occulter au détriment d’une crainte irrationnelle concernant “l’identité alsacienne” que personne ne pourra remettre en question.

    • Bonjour M. Littmann,

      Je ne comprend pas la seconde partie de votre commentaire, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, personne ici n’ayant parlé de “l’identité alsacienne”, pour laquelle je ne me fais d’ailleurs aucun soucis.

      Pour la première partie, je suis en partie d’accord avec vous, avec le seul bémol que j’ai déjà émis : les élus de la nouvelle région seront bien éloignés de cette banane bleue et des enjeux transfrontaliers. L’Eurométropole devra tenter de faire contrepoids, et pour toute l’Alsace, le barycentre des préoccupations des futurs élus se situant davantage vers le bassin parisien.

      • Monsieur Santer, la mention du débat autour de l’identité alsacienne était d’ordre général. Je pense que ce débat, aussi inutile que dépouvu de sens, a largement influencé la décision prise à Paris.

        • Vous surestimez l’importance accordée par Paris aux protestations identitaires. Par ailleurs si l’aspect identitaire est le seul qui a été mis en avant par les médias au détriment du reste (moins vendueur), au Sénat les arguments économiques et politiques ont été longuement présentés et débatus. Cependant dès lors que la fusion a été décidée, en juillet, il était déjà totalement exclu de revenir dessus. Le gouvernement n’avait pas la légitimité de prendre cette décision, une fois prise, il ne pouvait plus reculer. M. Valls l’avait d’ailleurs annoncé en préambule des débats au Sénat : discutez, mais on ne changera rien.

          • Jean Santer // 11. Dezember 2014 um 22:18 //

            Juste pour étayer mon propos :
            - la fusion Midi-Pyrénée avec le Languedoc fait la joie des identitaires occitants, le Languedoc ne voulait pas de cette fusion et pas pour des raisons identaires; le Sénat avait annulé cette fusion, l’assemblée est revenue dessus, à la grande joie des identitaires et au grand dam des habitants du Languedoc…

            - les possibilités ouvertes par le Sénat aux départements pour changer de Région ont été supprimées par l’assemblée.

            Bref, tous les aménagements votés par le Sénat ont été rejetés par les députés. D’où ma conclusion : absolument rien de ce qui a été dit ou fait par qui que ce soit en Alsace ou dans une autre région, par des collectifs, des élus ou des citoyens n’a pesé ne serait qu’un petit peu dans les décisions de Paris.

          • Kai Littmann // 12. Dezember 2014 um 6:58 //

            Donc, la critique porte sur le processus de cette réforme tout court et donc sur l’intervention de l’état dans les régions et départements. Etrange que cette critique n’arrive que maintenant et non pas au début des débats. Est-ce que ce serait pareil si le gouvernement avait adopté une carte à 14 ou 15 régions ? Si l’Assemblée Nationale avait voté en faveur d’une Région Alsace ? Est-ce qu’on aurait dénoncé l’intervention de l’état si l’Alsace avait obentu ce qu’elle voulait ?

          • Cette critique est bien présente et de façon massive depuis le lancement de cette réforme : de nombreuses régions ont protesté (les fusionnées plus que les autres, évidemment), ainsi que les fédérations d’élus locaux et les sénateurs, même des députés, et pas que de droite, , ainsi que de nombreux acteurs de la société civile dont de nombreux chercheurs.

            Quand vous dites “on aurait”, vous parlez de qui? Si l’Alsace n’avait pas été fusionnée, bien sûre que l’on aurait moins entendu les élus alsaciens : les élus de Corse ou de PACA ont été plus discret, mais ils ont tout de même critiqué la manière dont cette réforme est conduite.

            Vous n’analysez cette réforme que par le prisme alsacien, et pris de surcroît sous un seul angle. Je suis d’accord avec vous sur une partie de votre analyse et sur le ridicule des craintes identitaires, mais votre vision (celle qui ressort de vos articles – je ne vous connais au-delà) est très réductrice.

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