Europe, où sont tes valeurs ?

A l'heure du repli sur soi, les 11èmes Rendez-vous européens de Strasbourg font le pari de l'ouverture

Les 11e Rendez-vous européens de Strasbourg promettent un programme dense et interéssant. Foto: RDVE

(Par Kai Littmann) – Start-ups, geeks, hackers, artistes, journalistes responsables d’associations et d’ONG embarquent pour la première fois dans l’aventure des Rendez-vous européens de Strasbourg aux côtés d’universitaires, hauts-fonctionnaires et élus européens. L’objectif de cette 11ème édition nouvelle formule ? Co-construire avec les acteurs de terrain. Le tout, six jours durant, du 21 au 26 novembre, de 7h à 1h00 du matin, sur une thématique dramatiquement d’actualité: «Europe, où sont tes valeurs?».

Ateliers, débats, rencontres publiques, plateaux médias, projection cinématographiques, concerts en mode white sessions… Le tout six jours durant, de 7h à 1h du matin autour de la thématique « Europe, où sont tes valeurs? ». Sous-entendu, à l’heure de la montée des populismes, des accrocs de plus en plus nombreux aux libertés publiques, des conséquences politiques de l’accord UE-Turquie, de la crise ukrainienne, des dérives du monde financier ou du Brexit : « Europe qu’as-tu fait de tes valeurs ? ».  Et, enjeu: comment proposer une redéfinition des politiques publiques en Europe en respectant celles-ci ?

Tant sur la forme que sur le fond, à écouter les organisateurs de cette nouvelle formule des Rendez-vous européens de Strasbourg, et pour qui connaît le ronronnement des manifestations consacrées aux questions européennes, une question vient rapidement à l’esprit: se passerait-il quelque chose d’innovant en la matière depuis Strasbourg ? Les concepts de société ouverte, de co-construction citoyenne tendraient-ils -enfin- à prendre corps dans le débat européen ? Car là est visiblement tout le pari engagé par le Pôle européen d’administration publique (PEAP), porteur de ces Rendez-vous.

« Ce que nous essayons de construire au travers de cette 11ème édition des Rendez-vous européens de Strasbourg est bien plus qu’une simple semaine de colloque », analyse Véronique Robitaillie, directrice de L’INET, l’institution co-organisatrice de l’événement aux côtés de la présidence du PEAP conduite par Jean-Paul Jacqué. « Ce que nous voulons engager est une réflexion de fond sur la destination du voyage européen et, surtout, comment y parvenir en respectant nos fondements sociaux et démocratiques. Ceci, avec l’ensemble des composantes de nos sociétés qui souhaiteront se joindre à cette semaine de d’échanges, de débats ». Europhiles, certes, mais également euro-déçus, voire eurosceptiques. Nulle cloison. Juste une envie commune de faire bouger les lignes et de sortir de l’immobilisme ambiant.

Universitaires, haut-fonctionnaires, élus nationaux et européens : voilà pour le panel d’intervenants établi depuis dix éditions. Philosophes, juristes, journalistes, geeks, hackers, entrepreneurs, start-ups, ONG, artistes, écrivains, responsables associatifs, étudiants, lycéens, réfugiés… Voilà pour les nouveaux venus. Une diversité de profiles jugée nécessaire par les organisateurs. Une évidence, une urgence, presque, également partagée par le Parlement européen, partenaire de cette semaine, et du Secrétariat du Conseil de l’Europe qui a placé cette édition sous son patronage. « Fédérer bien au-delà des cercles européens traditionnels et véritablement (co)construire avec celles et ceux qui font le monde d’aujourd’hui est essentiel. Sortir de l’entre-soi : voilà l’enjeu », confie Jean-Paul Jacqué. Et le président du PEAP d’ajoute r: « Ne nous voilons pas la face : parler entre gens convaincus, issus des mêmes sphères sociales ne mène à rien de bien constructif ».

Nul hasard, donc à retrouver parmi les premiers intervenants confirmés – et dont la liste s’enrichit de jours en jours – des personnalités issues du monde des start-ups, parmi lesquelles Jérémie Payet, confondateur et CEO de Stig ou Nicolas Reynolds CTO de Civocracy : deux plateformes, l’une basée à Paris, l’autre à Berlin, dédiées à la co-construction – entre citoyens et élus – des politiques publiques de demain. Voire, si cela se confirme, des représentants de Democracy OS, de #MaVoix, du Drenche, des Youtubeurs comme Jean Massiet, fondateur d’Acropolis ou d’experts en Blockchain et de leur usage en matière économique et financière ou de gouvernance politique. Pas un hasard non plus si le PEAP a fait le choix de faire intervenir des réfugiés comme Farès Nahlawi sur la réalité migratoire mais également des journalistes ayant «essuyé» la route des migrants. Des femmes, aussi, comme Annie Sugier, Présidente de la Ligue du Droit International des femmes, Brigitte Henriques, Secrétaire générale de la Fédération française de football (FFF) sur la question de la représentation des femmes dans le monde professionnel sportif en Europe. Des journalistes, comme Alex Taylor, des philosophes comme l’allemand Felix Heidenreich, des chercheurs comme Olivier Costa, Eric Lamarque, Catherine Withol de Wenden.

Côté formats, là aussi de nouvelles exigences: des ateliers modérés par des journalistes, avec un temps de présentation par intervenant limité à 10 minutes, afin de privilégier le débat. Des plateaux radio en matinée, entre 7h et 9h. Des «conversations» ouvertes sur la ville, à la Librairie Kléber, mais également des projections de films – dont les finalistes du Prix Lux 2016 – ou de webdocs tel Génération UE qui interroge sur le regard que portent les moins de 25 ans sur l’état de l’Union. Puis, la nuit définitivement tombée et le froid persistant de novembre installé, d’autres rencontres, cette fois musicales, sous forme de chaleureuses white sessions dans quelques lieux nocturnes.

Dernière nouveauté attendue: une soirée d’ouverture unique en son genre, au TNS, salle Koltès, sur laquelle les organisateurs restent encore relativement discrets: « Tant que les choses ne sont pas totalement finalisées, nous préférons ne pas trop communiquer sur ce projet, mais oui, là aussi, quelque chose d’assez innovant pourrait être confirmé dans les prochains jours ». Une « première à Strasbourg ». Preuve, peut-être, que cette 11ème édition des Rendez-vous européens de Strasbourg, n’a peut-être pas fini de surprendre et qu’à l’Est quelque chose de nouveau, de fondateur, pourrait peut-être enfin émerger autour des questions européennes.

Programme et inscriptions (inscription obligatoire, gratuite, dans la limite des places disponibles)
Où se dérouleront les 11RVES : Conseil de l’Europe, Parlement européen, INET, Librairie Kléber, TNS, et autres lieux à venir.
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