Festival MUSICA : Autour de Vaduz, il y a…

Excellence schtunk !

Void, de Rebecca Saunders, par l'O N Metz et des membres des Percussions de Strasbourg Foto: marcchaudeur

(Marc Chaudeur) – Trois jours ont passé, et on a déjà pu voir quatre, cinq ou six concerts passionnants, magnifiques. Comme chaque année depuis 1983, le programme impressionne et suscite l’admiration par sa richesse et sa variété – et aussi par sa savante implantation sur 18 lieux strasbourgeois. Mais qu’y a-t-il donc autour de Vaduz ?

La mouture 2019 de MUSICA aura pour centre de gravité thématique le Corps et ses rapports avec la musique : cela à travers de nombreuses œuvres interprétées cette semaine et des Colloques qui s ‘étendront de mardi 24 au jeudi 26 septembre. Cette année connaîtra aussi une innovation : la concrétisation d’ une intention pédagogique par la formation d’Ateliers d’éveil musical, qui se tiendront du 21 au 28 du même mois.

La « musique contemporaine » a encore, ou plutôt à nouveau, mauvaise presse actuellement ; au moins dans le grand public.De manière très comparable à la partie de la littérature qui dépasse, aujourd’hui, les limites déprimantes du roman narratif issu droit du 19e siècle, genre « il était une fois » : en connaissez-vous beaucoup, des romans réellement innovants, dans la dernière décennie ? La « musique contemporaine », pourtant : quel jeu, quelle jouissance, quelle joie ! Il suffit d’aller y écouter en vrillant son intelligence sur sa sensibilité, et d’y entrer comme un enfant.

On en a eu un aperçu dès le premier soir ; vendredi soir. Dans un immense hall au Port du Rhin, quatre scènes occupent l’espace et font choeur ou bien se répondent. L’Ensemble Ictus met en musique des prestations d’une variété inouïe, annonçant les prochaines éditions de MUSICA et étalant une palette immense, de Terry Riley à Schwitters (« Merz ! »), de Charlie Chaplin (« Schtunk! ») à Bernard Heidsieck (« Autour de Vaduz ! ») – de variations sur Purcell à reprises de Philip Glass. Autour de Vaduz, Heidsieck a raison, il y a des Valaques et des Toltèques ; mais il y a aussi des Australopithèques, Eva Reiter, Filidei, Trapani et toute une foule de créateurs-compositeurs qui ouvrent des portes et défoncent les cloisons de nos existences… Quatre heures de plaisir intense et sans réserve, et de rires aux éclats.

Et puis, le lendemain samedi, une incroyable leçon de précision donnée par l’Orchestre national de Metz et son dirigeant David Reiland, qui interprétaient le riche et inaugural Charles Ives et une pièce extraordinaire de Rebecca Saunders, Void, avec deux Percus strasbourgeois. Et cet hymne aux oiseaux qu’est Bird, Concerto with Pianosong – hymne aux oiseaux californiens dont ici on ne comprend malheureusement pas les langues comme celles des merles ou des pipits spioncelles ou des pouillots fitis. -  Mais enfin, comment font-ils pour composer des pièces pareilles ? Mais enfin, pourquoi n’étiez-vous pas au PMC samedi soir ?! – A voir : le documentaire excellent réalisé pour ARTE par Anne-Kathrin Peitz au pays de Charles Ives le novateur, sous un véritable déluge et au beau milieu d’une tornade bien américaine (The Unanswered Ives, à voir en replay sur ARTE).

John Cage fait entendre d’autres voix, par le médium de ses pianos préparés : des boulons, des porte-jarretelles et des cornegidouilles filetées placés à un pouce soixante quinze d’intervalle sur les cordes de l’instrument qui s’enrouent et s’étranglent d’indignation. Les voix allusives d’un Occident enfermé. Les dates des compositions interprétées par Bertrand Chamayou et dansées par Elodie Sicard frappent : 1940 – 1945… Les voix qu’on entendait dans ce Cage au carré, c’étaient celle de l’Orient – un Orient stylisé, policé, celui d’un gamelan reformé, et celle de l’animalité – une animalité raffinée, féline, celle précisément dont manquait l’Occident à cette époque et peut-être encore aujourd’hui.

Un ensemble magique, fascinant, et intensément ludique ! Chers lecteurs inintéressés, courez-y, à MUSICA. Venez sur vos tricycles et sur vos petits pieds d’enfant vivre la plus belle expérience que vous connaîtrez cette année dans la capitale européenne. Avec les Bibliothèques Idéales et le Festival cinéma Augenblick, en novembre.

Pour le programme complet : contact@festivalmusica.fr
Tél. +33 (0)3 88 23 46 46

 

 

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