Fêtes : Sommes-nous encore en Europe à Strasbourg ?

Journées de l’Europe - survie à Strasbourg des symboles parfois abandonnés...

L'Europe des citoyens doit s'affirmer à Strasbourg. Dommage qu'elle ne le fait que par la distribution de gadgets. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(Par Antoine Spohr) – On a fait de beaux et grands efforts à Strasbourg durant tout le long week-end du 8 mai : «on», c’est la Ville sans la plupart de ses édiles, surtout sans le maire retenu ailleurs, Ville qui a encadré les associations comme les Jeunes Européens, la Maison d’Europe, Unir l’Europe, Ensemble pour Strasbourg, le «Collectif» et d’autres, aidées par des employés sous l’autorité de l’adjointe au maire aux affaires internationales, la souriante Nawel Rafik Elmrini qui remplissait d’ailleurs parfaitement l’office en la circonstance.

Malheureusement, malgré toute sa bonne volonté et son charme, celle-ci, à son niveau et en sa qualité, ne pouvait pas faire une déclaration solennelle, tonitruante sur la position de Strasbourg face aux menaces. L’heure est pourtant grave et l’opportunité était incontournable. Certains l’attendaient, cette déclaration, cette protestation, cette injonction, ce coup de gueule, au moment où on hissait le drapeau européen au sommet de la Cathédrale sur fond d’Ode à la Joie. On espérait un serment de Strasbourg, carrément, style serment de Koufra, pour marquer l’intransigeance de Strasbourg et de la France avec une audace provocatrice. Que craint-on ? Les foudres de Paris ? Dommage !

Une étonnante majorité d’eurodéputés agacent effrontément. – Certes, il y a les traités, mais ne sait-on pas assez qu’on peut en substituer un autre au précédent ou encore qu’on peut tout simplement les amender. Ou encore, mesure-t-on l’impact d’une défection organisée des eurodéputés, refusant de siéger à Strasbourg. Encore la récurrente bataille du siège ! Usant, agaçant, lassant…

Quelle réponse à une telle fronde ? Un dernier sondage n’affiche plus qu’une minorité de parlementaires favorables à Strasbourg (84 sur 751), les autres sont tout bonnement hostiles ou hypocritement pour un seul siège, donc Bruxelles ou carrément europhobes avides de zizanie. Alors que faire pour ranimer une flamme à l’agonie en vue d’une réelle adhésion citoyenne ?

Serait-on aussi réservé à Strasbourg qu’on l’est à Paris sur un aspect pourtant essentiel touchant à coup sûr les citoyens, celui des symboles ? De leur côté, les élus européens avec, contenu dans leur mission, le «job à Strasbourg essentiellement», les connaissent-ils, les pratiquent-ils ? Plus indiscret : «dans le civil», arborent-ils par exemple un signe à la boutonnière pour s’identifier et, le cas se présentant, répondre à quelque question concernant leurs convictions européennes ?

Nombreux sont ceux qui ont profité d’un parachute de compensation après un échec électoral national et sont, au mieux, indifférents. On accuse trop souvent les fonctionnaires européens, très injustement, en oubliant la responsabilité de ceux que nous avons élus.

Plus grave : sait-on que la France n’a pas signé une déclaration commune, Déclaration Commune N°52, pourtant cosignée par 16 Etats sur 28 ? Pas si mal, mais troublant. Ces 16 Etats considèrent que l’adoption et la mise en œuvre des ces symboles font partie de «l’appartenance commune des citoyens à l’Union Européenne et de leur lien avec celle-ci».

Evidemment, on comprendra qu’il ne s’agit en aucun cas de désacraliser l’Union Jack, pas plus que le «God save the queen» et de faire vaciller ainsi le trône pourtant très symbolique de l’United Kingdom.

Restent donc 11 autres pays qui s’abstiennent, dont la France, membre prépondérant des six pays fondateurs. La France et les Pays-Bas se distinguent des autres fondateurs (Allemagne, Italie, Belgique, Luxembourg). Ils s’abstiennent discrètement. De concert ? Ils avaient tous deux rejeté en mai /juin 2005 le référendum constitutionnel. Curieuse collusion, sans plus sans doute !

Pourtant, ces symboles de l’ambition européenne ont été grandement initiés par le Conseil de l’Europe, dès 1955 pour le drapeau (1986 pour l’UE), en 1972 pour l’Hymne ou Ode à la Joie (UE en 1985). On y a ajouté la Journée de l’Europe du 9 mai en 1985 (rappel de la déclaration Schumann en 1950). Puis la devise «Unie dans la diversité» en 1999 qui doit choquer les nationalistes purs et durs et en France tous le jacobins.

Dans ces conditions, pour réhabiliter la France supposée europhile et partant Strasbourg qui se veut la capitale d’une Europe des peuples, il faut des voix fortes et claires, plus fortes que celles de britanniques et consorts.

La cathédrale de Strasbourg a porté le drapeau étoilé de l’Europe. Pourvu qu’elle n’est pas à en sonner le glas un jour.

2 Kommentare zu Fêtes : Sommes-nous encore en Europe à Strasbourg ?

  1. RENE ECKHARDT // 12. Mai 2015 um 8:36 // Antworten

    L’article d’Antoine SPOHR est excellent mais trop incomplet. Oui la ville a très bien coordonnées les actions (un peu moins la communication quasi inexistante en amont et très timide ensuite) et Nawel RAFIK ELMRINI a donné tout son cœur et son charme mais les vrais acteurs étaient les bénévoles! Les jeunes qui ont démontré leur adhésion à l’Europe, les moins jeunes qui ont mis toutes leurs expériences et quelques deniers dont personne ne parle! est-ce ainsi que nous espérons gagner l’engagement des jeunes! je n’en suis pas sur.

  2. Oui il y avait les “Jeunes Européens” très dévoués,oui il y avait des “vieux combattants” pour l’Europe, oui il y avait des “colombes de la paix” …la gestion parfaite du lieu d’Europe etc. Chapeau à tous ceux-là mais le peuple, les gens, jeunes ou vieux ? Ceux qui étaient à Strasbourg, en ville, dimanche, touristes ou indigènes ne savaient pas ce qui se passait. Alors communication insuffisante en amont? Le journaliste des DNA quia bien voulu faire quelques lignes sur le Drapeau sur la cathédrale a compté ” quelques centaines” de personnes. Contre l’ALCA c’est quand même quelques milliers car là on communique avec le support quasi unique très très bienveillant. Il faut que la com’ de la Ville et de l’Eurométropole se diversifie. Nous sommes prêts.

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