France-Allemagne : ça coince de plus en plus…
La nouvelle « doctrine » européenne qu'Emmanuel Macron annonce, suscite de vive critiques en Allemagne. Le rêve macronien d'une « superpuissance Europe » n'a pas été concerté avec les partenaires européens.
(KL) – « L’Europe ne peut pas se limiter à être le ‘suiveur’ des Etats-Unis », dit Emmanuel Macron, même s’il parle en premier lieu des tensions autour de Taïwan. Estimant qu’un éventuel conflit armé à Taïwan peut aussi peu être résolu par les Européens que celui en Ukraine, considérant que ce ne sont pas « nos » conflits, il convient pour le président français, de ne pas adopter aveuglement les positions américaine. La position américaine concernant Taïwan que les USA se déclarent prêts à défendre avec des armes, est celle des « Deux Chines », tandis que la Chine considère que Taïwan fasse partie intégrante de la République Populaire de Chine. Les réactions aux déclarations d’Emmanuel Macron dans la politique allemande étaient très irritées. Dans la question de Taïwan, les positions de la France et de l’Allemagne sont très éloignées l’une de l’autre. Sans même parler d’une position européenne.
Norbert Röttgen (CDU), éminent expert dans les relations internationales a commenté « Macron a réussi à transformer sa visite en Chine en un coup de PR pour Xi [Xi Jinping, président chinois] et en un désastre pour la politique étrangère européenne ». Pourtant, l’évaluation du président français est réaliste – il est difficilement concevable que les pays européens s’engagent militairement en Asie, en cas d’attaque chinoise sur Taïwan. Mais c’est une nouvelle fois la méthode du président français qui est en cause. Ne pas être « suiveurs » des Etats-Unis, c’est tout à fait juste, mais ne devrait pas se limiter à la seule question taïwanaise.
Se rendre plus indépendant des Etats-Unis, comme des autres super-puissances, n’est certainement pas faux. Toutefois, une « émancipation européenne » ne peut pas être décrétée par le président français, sans s’être préalablement concerté avec les autres partenaires européens, sans avoir décidé d’une position commune. Dans la mesure où la politique allemande est effectivement très souvent « suiveur » des Etats-Unis, Berlin ne peut qu’adhérer à une telle doctrine, il faudra d’abord en définir le cadre et s’assurer que d’autres grandes nations européennes y adhèrent également, selon le principe « l’union fait la force ». Mais Emmanuel Macron veut imposer sa vision de l’ordre mondial aux autres de la même façon qu’il veut imposer ses visions politiques à ses compatriotes : avec un certain mépris, sans avoir écouté les partenaires, sans le moindre mandat pour une telle démarche. Pourvu que les conseillers McKinsey à l’Elysée l’informent à temps que le 49.3 n’existe pas au niveau européen…
Dans une situation comme celle actuellement, avant de donner, en quelque sorte, « carte blanche » à la Chine, sans s’être concerté avec les partenaires européens, ça ne passe que difficilement. Et avant de mener cette discussion publiquement, il aurait mieux valu trouver une position commune entre le « nous ne sommes pas neutres ! » allemand et le « ce n’est pas notre priorité de nous adapter à l’agenda d’autres dans toutes les régions du monde » macronien.
Macron voulait se présenter comme le chef de la future « super-puissance Europe », mais finalement, il n’a fait que démontrer que l’unité européenne est un concept qui existe de moins en moins. Et que ses cavaliers seuls fonctionnent aussi mal au niveau européen qu’au niveau de la France.
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