Macron ou le poids des incertitudes assumées !

Alain Howiller analyse les élections présidentielles.

Emmanuel Macron - en marche pour une France et Europe meilleure ? Foto: Lorie Shaull / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – Rares sans doute étaient ceux qui, notamment parmi les anciens qui ont connu l’Europe de Robert Schuman ou de Konrad Adenauer, osaient encore rêver que l’Hymne Européen accompagne une grande date d’histoire nationale. Sans doute n’en ont-ils pas cru leurs oreilles, lorsque l’Ode à la Joie, devenue depuis 1985 hymne européen grâce à Pierre Pflimlin, a accompagné la solennelle marche d’Emmanuel Macron, tout juste élu huitième Président de la Vème. République, vers le podium érigé devant la Pyramide du Louvre, face aux milliers de sympathisants venus célébrer sa victoire.

L’Europe, si souvent vilipendée ces dernières années, son hymne, son drapeau, des symboles perdus et retrouvés associés à la joie de la victoire présidentielle : rares étaient ceux qui osaient l’espérer et ce avant même la « Marseillaise » ne vienne conclure, logiquement, la soirée pour souligner que le « patriotisme » n’était pas exclusif de l’ouverture européenne. Au contraire du « nationalisme » de ceux qui prônaient la fermeture de nos frontières !

Le choix était symbolique de la victoire remportée largement par le candidat de « En Marche » sur le « Front National ». Si la soirée devant la Pyramide était à la joie, l’ambiance des débats menés ce soir-là dans les médias était ternie par un nombre impressionnant d’hommes politiques qui, déjà, ouvraient les plaies de la contestation voire de la haine en versant l’acide de leurs propos sur des croutes mal cicatrisés !

Les faux lendemains qui déchantent ! – Les partisans du nouveau président opposaient leurs calmes convictions à ceux qui, après de plates et fausses félicitations à celui qui venait de l’emporter largement(1), annonçaient des lendemains qui déchantent : alors que les « macronistes » cultivaient la recomposition des majorités et l’entente des citoyens pour rebâtir la République les opposants jetaient dans les débats l’idée de vengeance, de refus -souvent violent voire haineux- de la défaite dans les urnes pour en appeler à un troisième tour qui lancerait leurs partisans dans des rues… dépavées ! Des débats sur les médias émergeait l’ampleur des contestations qu’entendaient développer ceux qui avaient perdu la bataille électorale !

Alors que certains, vêtus de noir et cagoulés, lançaient déjà des manifestations pour « avoir la peau de Macron »(!), la plupart des opposants engageaient le prochain (et proche) combat des élections législatives qui, les 11 et 18 Juin, dont les partisans du nouveau président espèrent la majorité qui leur permettra de poursuivre les réformes que leur mouvement -devenu « La République en Marche » – entend mener à bien. Le mouvement veut présenter des candidats dans les 577 circonscriptions électorales ? Les « républicains en marche » espèrent avoir la majorité absolue pour conduire les réformes. La bataille sera d’autant plus difficile à gager que le mouvement a fixé la barre assez haut : les candidats ne pourront s’engager que sous la seule étiquette « République en Marche ». Ils respecteront les critères fixés : 50% de femmes, 50% d’issus de la « société civile », 50% d’anciens élus ! D’après des estimations (sondage Opinion Way) la liste « Macron » pourrait obtenir entre 249 et 286 députés.

La majorité qu’il peut avoir ! – Selon certains prognostics (-à accueillir cependant avec précaution tant la multiplication des scrutins à trois voire à quatre candidats sont mpossibles !). La liste des « Républicains » espère entre 150 et 220 députés, les socialistes entre 60 et 80, le « Front National » entre 50 et 60. Quant à Jean Luc Mélenchon, le charismatique responsable de l’extrême gauche de « La France insoumise », il rêve carrément d’avoir la majorité à l’Assemblée Nationale !

La majorité parlementaire comme le choix délicat de la personnalité qui, en tant que Premier Ministre la conduira sont d’autant plus importants que le nouveau président entend faire appliquer l’article 20 de la Constitution selon lequel « le gouvernement conduit la politique de la nation ». Il ne veut pas s’impliquer dans la gestion quotidienne du pays : il entend redonner un certain lustre à la présidence et a déjà commencé à re-présidentialiser sa fonction : il ne veut pas suivre les traces de ses deux prédécesseurs trop familiers et désireux de s’occuper de tout.

En attendant sa prise de fonctions officielle, le 14 Mai, Emmanuel Macron élabore, bien sûr, son futur gouvernement et choisit le Premier Ministre qui le présidera, il affine les dispositions qui devraient lui donner une majorité parlementaire, définit les contours de ses premières mesures (loi sur la moralisation de la vie publique, code du travail, éducation), il prend -déjà- des contacts avec ses futurs interlocuteurs internationaux.

De l’OTAN au G 7 : ses rencontres internationales. – Car, peu après sa prise de fonctions, il en rencontrera un certain nombre au sommet de l’OTAN (à Bruxelles, le 25 Mai : il y trouvera Donald Trump), au G 7 (26 et 27 Mai, en Italie, à Taormina), au G 20 (7 et 8 Juillet à Hambourg). Il doit rencontrer Angela Merkel et veut entamer une tournée des capitales de l’Union Européenne : il essaiera -tout en sachant que la chancelière allemande pourra difficilement s’engager étant en période électorale… même favorable- de placer les premiers jalons d’une réforme (autour de la zone euro) de l’Union qu’il veut rapprocher des citoyens, conformément à son programme.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron se lance : il sait bien, en analysant les chiffres (notamment ceux de l’abstention et des votes blancs ou nuls qui n’ont jamais été aussi importants), que son action des cinq années à venir améliorera (ou non !) la situation (notamment économique) du pays et permettra de ce fait d’arrêter la progression du Front National et la colère qu’exprime ceux qui ont voté pour lui. « Je défendrai la France, ses intérêts vitaux, son image, son message, j’en prends l’engagement devant vous. Je défendrai l’Europe, la communauté de destins que se sont donnés les peuples de notre continent. C’est notre civilisation qui est en jeu… Je ferai, tout pour que dans les cinq prochaines années (…les électeurs du FN) n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes… La tâche sera dure…! », a lancé Emmanuel Macron, au soir de son élection, à la foule de se partisans ». Ce disant il n’oublie pas que « Je sais que je n’ai pas un blanc seing ! »

(1) Rappelons qu’Emmanuel Macron (mouvement : « En Marche ») a été élu au deuxième tour des élections présidentielles avec 20,7 millions de voix (66,1 ), contre 10,6 millions de voix à Marine Le Pen (parti « Front National ») qui a recueilli 10,6 millions de voix (34% des suffrages). Les votes blancs ou nus ont enregistré 11,49% des votants tandis que 25,38% des inscrits sur les listes électorales se sont abstenus de participer au scrutin du Dimanche 7 Mai.

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