Homo Economicus en Afghanistan – Qu’a-t-il à faire là-bas ?

Ben Borsche sur ce qu'il a déjà changé en Afghanistan depuis la prise du pouvoir par les Talibans. Un « Retour vers le Futur » ?

Les Talibans conduisent l'Afghanistan tout droit vers le Moyen-Âge... Foto: Voice of America / Wikimedia Commons / PD

(Ben Borsche) – Reconquérant l’Afghanistan en quelques semaines, les Talibans sont en train de réaliser leur but : soumettre le peuple afghan à un régime médiéval et ultra-islamiste avec un corps brut et une âme faible. Après vingt ans d’une tentative de « nation building », les Occidentaux quittaient le pays en abandonnant la confiance et l’espoir de leurs alliés afghans. Les deux comportements décèlent les traces d’un personnage bien connu dans le monde économique : l’homo economicus. Mais qu’a-t-il à faire là-bas, cet homme redouté, et pourquoi ces actions peuvent être si ravageuses ?

Selon la plupart des économistes, cet homme modelé reflète la caractéristique la plus dominante chez tous les être humains. Cet homme sait ce qu’il veut, prenant les mesures rationnelles pour y arriver, c’est-à-dire pour maximiser son utilité. Son comportement est si prévisible qu’on peut le décrire et prédire à l’aide des formules mathématiques (description pris de l’article : Qui est Milton Friedman par Paul Krugman, accessible sous CE LIEN). Les dirigeants des pays, ainsi que les chefs des groupes militants, représentent leurs peuples ou leurs adhérents. Ils visent à maximiser leur utilité personnelle et celle-ci des leurs militants. Leur moyen pour y arriver : c’est le pouvoir.

De cette perspective, les Talibans réussiraient. Ils prenaient les moyens rationnels afin de reconquérir l’Afghanistan. Ils frappaient au bon moment. Le peuple américain ne voulait plus payer le sang et le dollar pour subventionner le faible mouvement démocratique dans ce pays étranger. Avec l’élimination d’Osama Bin Laden, les Etats-Unis avaient déjà réalisé leur but principal de cette invasion. Les Talibans utilisaient aussi les moyens rationnels pour se mettre à la tête de l’Afghanistan. Si la légitimité en tant que souverain découle d’un Dieu punissant (une force majeure par excellence) et si le souverain représente seulement une minorité de la population, la répression est le moyen à choisir pour s’imposer.

Aussi, le retrait des troupes américaines, orchestrés par leurs présidents, était un choix rationnel pour sécuriser le pouvoir. En tant que démocrate, le souverain devait plaire à sa population pour être réélu et défendre son indépendance pécuniaire.

Donc, ou se situe le problème en regardant qui défendait si efficacement ses intérêts ? Evidemment, les intérêts des Talibans sont diamétralement opposés à ceux des occidentaux. Mais le grand perdant, c’est le peuple afghan. Ce dernier était impliqué à nouveau dans une guerre qui ne lui appartenait pas. Après la prise de pouvoir des Talibans, le peuple afghan a rebasculé dans le Moyen-âge, soumis à un régime ultra-islamiste, anti-femme, anti-culture, anti-corps, anti-talent, anti-tout, privé de la base d’un essor économique et spirituel. Les quelques profiteurs et défenseurs des valeurs occidentales, étaient honteusement abandonné par un retrait précoce et mal préparé par les alliées.

En réfléchissant sur l’homo économicus, on a compris que l’apparence de la justice peut empêcher une personne de viser (seulement) à maximiser son utilité et peut l’inciter à partager son gain (par example : Falk, Armin, Homo Oeconomicus versus Homo Reciprocains: Ansätze für ein neues Wirtschaftspolitisches Leitbild?, 2003). En regardant l’histoire de la religion, elle a toujours rendu service à deux maîtres, le pouvoir et la spiritualité. Conséquence : la lutte contre les inégalités à travers le monde, pourrait avoir le potentiel de convaincre les guerriers de la foi de se rendre plus compatissants.

Il y des théories selon lesquelles l’homo économicus fait autant de maux parce qu’il est empreint d’une énergie masculine destructive (Biesecker, Adelheid, Der weibliche Zwilling der Ökonomie, 2010). Obama substituait à la doctrine des Américains de l’interventionnisme, une politique de dialogue et multilatéralisme. Attractive dans la théorie, en pratique, sa politique donnait lieu à une expansion de l’influence de la Russie et de la Chine. Du moins à première vue, les idéologies de ces pays et leurs entreprises sur la plate-forme mondiale, ne semblent pas disperser un air plus féminin, construisant et bienveillant.

En préférant l’intellect au corps, à l’expérience et à la spiritualité, l’homme se divise en deux. L’intégration du corps et de son impact dans notre pensée rationnelle, pourrait aider à définir des buts communs et durables. L’imposition d’un corset artificiel et étranger nuit et nuisait au peuple afghan. II faut lui concéder le droit de son propre choix en tenant compte de son histoire, de son tribalisme, de ses envies, de sa géographie et de son corps, en profitant de la richesse naturelle de son pays. Il faut espérer qu’il puisse se libérer de tous ses maîtres non-sollicités et qu’il puisse former sa propre identité en forgeant un avenir plus auto-déterminé et paisible.

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