« Je ne vais pas manquer à mes promesses… »

A l’issue de ses plus de quatre années de privation de liberté, Fariba Adelkhah adresse pour ce Nouvel An, un message aux lectrices et lecteurs d’Eurojournalist(e).

Fariba Adelkhah envoie un message aux lecteurs et lectrices d'Eurojournalist(e) ! Foto: Laurent Gayer, avec l'accord du Support Committee

Le matin
T’est donné,
Ne le prends pas
Comme un dû.

Eugène Guillevic (1907-1997)

(Fariba Adelkhah) – Tous les seize du mois, et ce pendant presque quatre années, Jean-Marc Claus d’Eurojournalist.eu, a tenu, avec persévérance, à rédiger un article consacré à ma captivité et à l’Iran. Il a ainsi montré un engagement exemplaire aux côtés de mes ami.e.s du comité de soutien qui s’est formé et mobilisé, tenant dur comme fer au principe de la liberté scientifique.

Les jours passent, ma foi, un peu trop vite pour moi, et je n’arrive toujours pas à revenir vers eux, et vers vous, qui étiez les interlocuteurs/trices fidèles et attentif/ves, pour leur dire et pour vous dire que sans vous, le principe et la revendication de la liberté scientifique n’auraient pas connu l’histoire qui est désormais la leur.

Cela, je vous le dois. Ce qui fonde un principe, ce ne sont pas les mots ou les belles lettres, mais c’est l’acte. Ici, c’est de votre acte qu’il s’agit, l’acte d’accompagner Eurojournalist(e) et le comité de soutien, fût-ce dans le silence, celui qui nous était d’ailleurs commun. Pour cela, merci.

J’avais promis à Jean-Marc de partager avec vous des histoires ou mes expériences des quatre ans et quelques mois passés en Iran, et/ou dans la prison d’Evin, privée de liberté. Je ne vais pas manquer à mes promesses, d’autant plus que c’est encore grâce à vous que je vais pouvoir les dire, et ce sera aussi grâce à vous que je vais les réorganiser, repenser, retravailler en vue d’en faire un recueil – sans doute me direz-vous un de plus ! – sur la prison, sur l’incarcération, sur le vivre-ensemble ou le huis clos de la cellule, sur les conflits et les fêtes, sur les va-et-vient constants, sur les échanges et les compétitions, mais aussi un recueil sur le silence, sur l’attente, sur les déceptions, sur les inventions et les illusions.

Je ne sais pas encore la forme que je vais pouvoir donner à ces moments d’échange et de solitude, mais je sais que, vous sachant avec moi, je vais tout simplement retrouver la confiance nécessaire pour les mettre sur le papier et pour les dire le plus simplement possible. Car, après tout, il ne s’agit que d’histoires simples, fussent-elles pleines de cruauté, de tristesse et de désenchantement.

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